i l s n'haliitent pías
•ks Ules du Vent.
.3 8 V O Y A G E _
Le défaut de volonté & d'émulation, qui eil une fuite de
leur nonchalance , leur fait négliger les talens & les exercices
attachés à l'éducation. La danfe feule peut vaincre
cette indolence , à tout âge , & malgré la chaleur du climat.
Cet exercice paroît ne les fatiguer jamais. On croiroit
que c'eft le plus vif de leurs plaiiirs , ou k feul auquel
elles foient fenfibles.
Des Caraïbes.
On ne trouve aujourd'hui dans nos Ifles du V ent , que
les débris de ces peuples appellés Caraïbes , qui les habitoient
autrefois , foit qu'ils ayent été détruits par nos guerres
avec eux , ou que le plus grand nombre dégoûté du
Yciiinage des Européans , ie foient retirés dans le continent
de d'Amérique. Quelques-uns vivent encore difperfés à la
Guadeloupe & à la Dominique i Ils n habitent plus depuis
-Ne foiu encore long-tems à la Martinicpe, ni dans les autres ïiles ; çc
nombre qu'à ^elle de Sabit-Vincmt o^xA^ font aiTez nombreux
pour former un peuple.
On raconte que furpris du long trajet de mer qu avoient
Élit les premiers Européans qu'ils virent : il faut, leur dirent
ils , que la terre foit bien mauvaife che^ vous , ou que
vous en aye^ bien peu , pour en venir chercher fi loin a travers
tant de périls.
Ils les accueillirent, & leur céderent une partie de leurs
poiTeiîîons. A mefure que les Européans étendirent par la
culture ces premieres polTeiTions ^ les Caraïbes s'éloignoient
& rqculoient les leLU'S.
S'ils ont fait des difficultés en quelques occaiîons, ce
n'étoit pas pour difputer un terrein dont la propriété ne leur
étoit pas précieufe , ils vouloient obtenir quelque léger
préfent , avec lequel on leur fait bientôt eeder le champ
qu'ils cultivent ; s'ils ont pris quelquefois les armes contre
nous , ce n'étoit pas pour repouffer notre ufurpation , puifqu'ils
s'y prêtoient eux-mêmes , ils vouloient défendre leur
liberté , le feul bien qui leur étoit cher , & fur laquelle la
en
Saint-Vincent.
Leur bonté pour
:Ies Européans.
A L A M A R T I N I Q UE. 39
ÎÎipériorité de nos forces nous avoit fait croire que ndus
avions des droits ; ils vouloient venger des inililtcs , des
injuftices ou des violences, dont notre propre mtérêt &
notre religion ne pouvoient pas les garantir. Quoique naturellement
vindicatifs , ils ont oublié ces injuftices' & les
maux que nous leur avions faits.
Il y a parmi les Caraïbes des Antilles un autre peuple
qui a adopté leurs moeurs & leurs ufages , qui vit confondu
avec eux , èc qui leur eft cependant très-étranger. Son origine
, quoique récente , n'eft pas bien connue. Ces étrangers
font des negres.
Les uns difent qu'un navire tranfportant ces negres à
l'Amérique pour les vendre, échoua fur l'Ifle de Saint-
Vincent , & que ceux qui purent fe fauver de ce naufrage
furent accueillis par les Caraïbes de cette Ifie.
D'autres prétendent que ce font des negres'échappés de
nos Ifles , qui fe font réfugiés chez les Caraïbes. Cette opinion
, dénuée de preuves, paroît la moins vraifemblable
de toutes.
Enfin, felon la troifieme tradition, cette nouvelle nation
provient des negres que les Caraïbes enlevoient au'x
Efpagnols dans les premieres guerres qu'ils eurent contr'eut.
Ils ne faifoient aucune grace à ces Européans, mais ils épatgnoient
leurS efclaves , leur rendoient la liberté en les
emmenant chez euxv
Le P. Dutertre eft de ce dernier fentiment ; il n'en' cite
point d'autre , & ne paroît avoir aucun doute à ce fujet.
Une raifon d'adopter ce qu'il dit, c'eft qu'on n'a commencé
à employer les negres à la culture des terres dans nos Antilles
, qu'apxès le renouvellement de la Compagnie des Indes
en î<Î3 5. Le P. Dutertre écrivoit dans un tems fort
proche de l'origine de cet ufage ; cependant dès-lors ce
peuple étranger aux Caraïbes vivoit avec eux , puifque cet
Auteur en fait mention.
Quoi qu'il en foit , ces negres introduits chez les Caraïbes
, en prirent les moeurs & les coutumes. Ils applatirent
comme eux la tête de leurs enfans par devant, en la com-
Its ont opblié
nos ofFenfes & nos
injuftices.
Autre peuple mêlé
avec les Caraï-^
bes.
Comment ils s'j-'
font introduits.
Témoignage da '
K Dutertre. -
Ce peuple de n^- '
gres a pris les ufages
des Caraibes.
Sur - tout celui
d'applatir leur tête. -
L .itl
r
wmr.