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Jiir-
•Cachexie ordìrnaire
dans les fernsues.
Negres créoles
.moins fujets au
niaJ d'eftomac.
Pourquoi,
S6 VO Y A G E
Negres ; ils defireiit de guérir, au lieu qu'alors il fcmble
indifFérent aux efclavcs de mourir. On a vu même que certaines
nations d'entr'eux ont ce principe de réiurreftion ou
de métempfycoie, qu'en mourant ils s'en retourneront chez
eux.
•Les jeunes moins
que les vieux. A
Saint - Domingue
is contraire.
Les Pians.
Ce qHe c'eft.
La cachexie des femmes blanches , qui eft très-ordinaire,
comme nous l'avons di t , à caufe de leurs fréquentes fuppreiîions
menftruelles , eft plus femblable au mal d'eftomac
des Negres , que celles des hommes, par l'aftaiftement ,
l'abandon &c les goûts dépravés dont elle eft accompagnée.
Toutes les circonftances propres à occafionner cette maladie
parmi les Negres , comme la mauvaife nourriture ,
•l'expatriation , le chagrin , &c. n'ont pas lieu pour les
Negres créoles ( z ). Ils ne doivent donc pas être lujets au
ma/ d'ejlomac ; les exemples en font très-rares. D'ailleurs
comme ces fortes de malades font très - lâches & très-pareffeuXjla
vanité naturelle des Negres créoles , ou celle qui
leur a été infpirée adroitement fur cela par leurs maîtres ,
leur fiiit craindre & éviter avec foin le mal d'eflomac. Cette
maladie dénotant la fainéantife , ils la redoutent comme
une forte d'humiliation ou de deshonneur pour eux. On les
a habitués à penfer qu'elle n'appartient qu'à des Negres de
Guinée , que les nôtres méprifent , & qu'ils regardent
comme des hommes machines.
M. Chevalier dit qu'à Saint-Domingue ce font les jeunes
Negres nouvellement débarqués qui y font le plus fujets.
Dans nos Ifles au contraire ceux de tout âge en font attaqués
, Se les jeunes moins que ceux d'un moyen âge.
Les pians , autre maladie particulière aux Negres feulelement,
fe dénotent fur quelque partie du corps que ce
foit ; ce font des efpeces de grofl^ês gales , feches , dures ,
calleufes , circulaires , quelquefois couvertes par la peau ,
mais le plus fouvent ulcérées couvertes d'une farine blanchâtre
, tirant fur le jaune,.
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( i ) On appelle créole toute perfonne née à l'Amérique^
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N'eft pas peuciêtre,
comme on t'a'
cru^ la maladie vénérienne.
Raifoiis d'en doil-i
ter.
A L A M A R T I N I Q U E . 87
C'eft une opinion aflez généralement établie en France,
fin- le rapport des Médecins qui ont été à l'Amérique , que
les fia/^s ne font autre chofe que la maladie vénérienne qui
fe manifefte par ces puftules.- l ime femble que cette opinion
n'eft pas abfolument prouvée; elle laiiFe encore plufieurs
difficultés à expliquer ; l'une dés plus fortes raifons que l'on
apporte , c'eft qu'on guérit les pians , en les traitant de la
même façon & avec les mêmes remedes que la maladie
vénérienne ; mais les mêmes remedes & les mêmes procédés
ne peuvent-ils pas' guérir deux maladies différentes ,
ou qui n'auroient tout au plus qu'une certaine connexion
entr'elles ? Les difficultés qui ne me paroiffent pas fe concilier
avec cette opinion , font établies fur des faits. Je vais
les foumettre aux lumieres des perfonnes de l'art.
Il n'y a point de Negres ou mulâtres , foit créoles, foit" Faits qui ^ r^p-'
de Guinée , hommes Se femmes , qui n'ayent /¿s pians une p")'™cces douces, - .
fois en leur vie; c'eft une efpece de gourme qu'ils font obligés
de j^ter tôt ou tard ; quand ils en ont été bien traités ^
c'en eft fait pour le refte de leurs jours , ils n'en font plus
attaqués..Cette vérité eft.même li connue dans nos Ifles
que les Médecins ôc Chirurgiens qui les traitent, ne peu--
vent exiger leur payement que fix mois après qu'ils ont remis -
les eiclaves à leurs maîtres..( On s'eft borné à iix mois,...
parce qu'il a fallu fixer enfin un terme , quel qu'il fût , pour
conftatcr la parfaite guérifon , & pour la payer). Or , ii^
c'eft la maladie vénérienne , comment fe peut-il que ceux
qui en ont été guéris ne la reprennent plus , ayant tous les
jours les uns avec les autres un commerce propre àfe la communiquer
? On doit faire le même raifonnement à l'égard
des blancs ; ils ne font point fujets aux/^^^z/zi, les exemples
font très - rares ; plufieurs même n'ont jamais eu la
maladie vénérienne ; cependant il n'en eft prefque point qui
ne s'expofe à cette contagion, par ce même commerce
qu'ils ont avec les NégreiTes. Ajoutons encore qu'il eft très=
ordinaire à des NégreiTes , qui en ont été guéries , d'avoir
des enfans qui ont les pians , même quand ils font à la
mammelle, fans que les meres paroilTent les avoir. - Comi
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