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: S E l ’ O m b r e v ’ A u y e r g n ê . 1 2 9
voit un appendice à la nageoire Ventrale. La nageoire du dos eft violette;
le fond en eft verdâtre & parfemé de taches brunes : les cinq premiers
rayons font Amples; les autres le partagent vers la An en huit branches.
L’ombre d’Auvergne n’a pas été inconnu aux anciens auteurs: Ælien a)
en pâi'le au commencement du fécond üècle, & Ambroife vers la An du
quatrième b'). Ce poiffon aime l’eau rapide, froide & pure, avec un fond
de fable ou de cailloux. On le trouve par conféquent dans les ruiiïeaux
ombragés & qui font dans le voifinage des montagnes. Il paroît n’être
pas naturel à la Norwêge ; car Pontoppidan n’en parle point. En Laponie
au contraire, il eft A commun, que les habitans de ce pays le] fervent de
fes entrailles au Üeu de prelfure, pour faire du fromage aVec le lait de
leurs rhennes c). On le trouve en SiléAe dans les montagnes des Géants;
en Pruffe dans le Curifch-Have; en Poméranie dans la Sclave, non loin
de la mer Baltique, où on le nomme fauffement murène de rivière. 'Il fe
nourrit d’efcargots & de coquillages, dont on trouve les coquilles en
quantité dans fon eftomac, de même que d’autres infectes & de petits
poiffons. Il aime fur-tout les oeufs de la truite & du faumon. Voilà
pourquoi les pêcheurs fuédois penfent que les faumons ne font pas loin,
quand ils apperçoivent l’ombre d’Auvergne d~). Il croît fort vite, devient
long d’un ou de deux pieds, & pèfe alors deux ou trois Avtés. En
Angleterre, on en trouve de quatre ftvres & plus e).
Ce poiffon fraie en Avril & Mai, & dépofe fes oeufs fur les pierres du
fond. Il nage fort vite / ) , & eft par conféquent fort diffldle à prendre
hors le tems du frai.
On prend l’ombre d’Auvergne avec le coleret, la louve, la naffé & â
la Mgne, fur-tout quand on met des infeéles pour appât g). Sa chair eft
blanche, ferme, douce & très-bonne au goût. Les anciens en faifoiettt
grand Cas A) ; & de nos jours, .il y a diverfes provinces où cette pêche
eft réfervée au feigneur. Afin de les laiffer groffir, ü faut que les
maillés des filets dont on fe fert pour les pêcher foient affez larges pour
laiffer paffer les petits poiffons. L’automne eft le tems où il eft lé plus
gras; mais c’eft en hiver qu’il eft de meilleur goût; fur-tout quand il
fait bien froid. Comme d’ailleurs il ne fe corrompt pas aifémettt, on
peut le confeiller aux perfonnes foibles & maladives. Non feulement on
a) Voyez Claudii Æliani de animalium natura, oculos celcri levis TJmbra natatu.
libri XVH. Colon. i6i(î. in n m°. libri 11. c. 9. g ) Nous remarquerons ici, qu’il y a pïus de
b) Dans fon poèfiie', ifttitulé; Divi Ambrojü, trois cents ahs que les pécheurs du Rhifi fe font
mediolanenfîs Epifcopi Hcxamctron, Lib. VI. Ba- fervi d’infeâes artificiels pour la pêdié. Àihfi ce
fileæ 1566. in-fol. n’eft point une nouvelle invention, comme plufieurs
c) Linn. Faun. Suec. a. p. ia<5. .le prétendent. Voyez Gefncr. Thierb. p. 174.
dy Schwed. Abhandl. Tom. VII. p. 177. M Ambroife dit en s’adreffant à, ce poiflbn :
e) Penn. B. Z. III. p. 312. Quid Jpecie tua gratius ? Quid fuayitate tua ju~
C’eil pourquoi Aufone dit : EJfugicnsquc cundius ?
Part. I ;