D e l à g r a n d e M a r- 4;-|r e . 139
nom du lac Madui c) , où l’on a cru fâuffement jufqtfà préfent la trouver
exclufivement : on la trouve auffi dans les lacs Hitzdorfer d) & Calüfer e).
La première efpèce fe trouve dans plufîeurs pays, comme nous le
verrons dans la fuite. La- grande marène a été ahlbliunent incoimue aux
écrivains fyltématiques. Selon le fyftème de Linné, elle appartient au
genre des faumons, à caufe de fa nageoire adipeufe; à là troiüème famille
d'omble' (Corregoni'), parce qu’elle n’a point de dents dans la bouche. .
J’ai reçu du lac Madui le poilfon que je décris ici. Il avoit deux pieds
trois pouces de long, depuis le commencement du mufeau jufqu’au bout
de la queue. Sa plus grande largeur étoit de cinq pouces ; fon épaiifeur
de quatre , & il pefoit quatre livres & demie : on en trouve" cependant
quelquefois qui ont quatre pieds de long. Il pafîe pour un très-bon manger:
fa chair èft blanche, tendre, de bon goût, & ria point de petites arrêtes.
Ces poilfons fe tiennent dans les eaux profondes, qui ont un fond de fabl'e
ou de glaife : ils cherchent les endroits les plus profonds, & y demeurent
en troupes. Ils ne viennent vers le haut que dans le tems du frai j qui
tombe en Novembre, & au printems, pour manger les coquillages & les
petits efcargots. Comme ce poilfon, même dans les tems dont nous
venons de parier, refte toujours à cent cinquante & jufqu’à deux cents
pas des bords, & qu’il ne paroît que dans les endroits qui ont au moins
quelques bralfes de profondeur, il rieft.pas étonnant qu’on ne le trouve
ni dans la Ploene, qui fe décharge dans le Madui, ni dans le lac Dammer
& le Frifch-Have, qui communiquent tous deux avec le premier, par le
moyen de cette rivière. Cette rivière ria pas alfez de profondeur pour
attirer ce poilfon. Il faut auffi attribuer au goût de ce poiifon pour les
endroit profonds, de ce qu’on le prend rarement hors les tems dont nous
avons parlé, fi ce rieft fous la glace avec les grands filets. Ce poilfon
meurt dès qu’il eft forti de l’eau. Il devient même malade en Été. Lorfqu’em
pourfuivant un infeéte, ou en évitant lui-même la poürfuite du brochet,
il s’approche trop de la furfaçe de l’eau-, il devient hydropique, & meurt
petit à petit.
La marène ne commence qu’à cinq à fix ans à reproduire fon elpècet
alors elle a environ un pied dé long. Elle Cherche les endroits couverts
de moufle, ou d’antres herbes»;- & c’eft là qu’elle fraye. Eli® multiplie
beaucoup. On en pêche au printems, en automne & la plupart en hiver
lui cria : aux murènes ! ce qui fignifioit, que ce II a quatre lieues de longueur', une jufqu’à deux de
malheureux étoit condamné à être mangé par les large; il a vingt à vingt-cinq braiiès de profon-
murènes. L’Empereur eut en horreur une telle déiir, & le fond eft marneux,
cruauté il fit caflèr toute la yaiifelle précieufe de d) Près du village du même nom, au bailliage
Pollion, & donna la liberté à l’efclave. de Marienwalde.
c) Le lac Madui eft un lac très-poifibnneux, e) Près de la petite ville de Callies, dans la
fitué dans le bailliage dé Kolbatz, près de Stargard, Nouvelle-Marche, fur les frontières de la Pologne,
dans la baife Poméranie, à trois lieues de Stettin.