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rayons du foleil. Je fuis obligé d’avouer que, malgré tous les foins des
artiftes qui l’ont repréfenté, la figure que j’en donne eft encore bien
au-deifous de l’original pour la beauté des couleurs.
La tête eft petite en comparaifon de la groifeur du corps; les lèvres
& le nez font d’un rouge vermeil; le front eft large & noirâtre, & les
joues jaunes. Les yeux ont une prunelle noire, garnie d’un iris jaune,
qui tire fur le blanc vers le haut, & devient noir vers le bas. L’ouverture
de la bouche eft petite, & on voit un petit barbillon de chaque côté. Le
dos forme un arc lâche ; il eft rond, noir au-deffus de la nageoire, &
d’un jaune brun au-deifous,. La nageoire dorfale eft grande, & plus près
de la tête que celle du ventre. Vers la ligne latérale , le corps eft d’un
jaune rougé ou orange; au-deifous de la ligne, le jaune devient plus
pâle : cette ligne eft large, droite, & garnie de points rouges. Les rayons
des nageoires font rouges, forts, divifés vers l’extrémité en huit branches,
& unis par une membrane blanche, parfemée de points nous.
La dorée que j’ai fait, repréfenter ici, eft un préfent que Sa Majefté la
Reine de Pruife a daigné me faire. Il y a treize ans qu’elle fit venir trente
de ces poiifons, pour les mettre dans les canaux de Schoenhaufen. Feu
Mr. le comte de Haack avoit auffi dans fes étangs des dorées, qu’il avoit
fait venir d’Ohlau, en haute Siléfie. Mr. de Carmer, grand-chancelier de
Pruife, m’a affiné que ce poiffon eft affez commun en Siléfie, & qu’on le
trouvoit dans les étangs avec les autres tanches.
-La dorée fe trouve auffi près de Neilfe|||& en Bohême, où Madame
de Sobeck m’a dit en avoir vu dans les étangs du prince Klary. Ce poiffon
eft originaire de la Siléfie. Excepté Kramer, aucun auteur ne parle d’un
poiffon de ce nom ; & comme il dit qu’il tire fa couleur jaune des eaux
hourbeufes, il paroît qu’il ne parle pas de notre poiffon, mais dë la tanche
ordinaire, qui brille quelquefois comme de l’or. J’ai vu de ces fortes de
tanches; mais elles n’avoient pas la couleur de.celle dont nous parlons:
elles étoient d’un jaune tirant fm le noir ou fur le verd. Je n’y ai remarqué
non plus,, ni la membrane blanche des nageoires, ni les rayons rouges.
La dorée d’étang ne croît que lentement. Celles dont j’ai parié, étoient
depuis treize ans dans le canal, & quoiqu’elles y euffent de la nourriture
en abondance, la plus longue n’avoit pas plus de deux pieds, ou deux
pieds & demi tout au plus. Je ne faurois déterminer le tems du frai de ce
poiffon; car on n’a point apperçu qu’il faffe du bruit avec fa queue comme
les autres poiifons lorfqu’ils -frayent; & on n’y a point non plus remarqué
de petits ; ce qui ne vient vraifemblablement que de l’élévation des bords
du canal. Ainfi il ne peut pondre fes oeufs qu’en fe frottant contre les
herbes du fond, où ils n’éclofent point, faute de chaleur.
Cette tanche vit ordinairement d’herbe & de vers commé les autres
poiffous de cette claffe. A Schoenhaufe, on leur donne â manger comme