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trouve auffi bien dans nos grands lacs que dans les rivières. Avant
qu’on eût defféché les marécages de l’Oder, on le prenoit auffi dans ces
endroits en fi grande quantité, qu’on s’en ferVoit dans les villages voifins
pour engraiffer les cochons a). Le tems du frai arrive ordinairement au
milieu de Mal. Dans nos contrées où les pêcheurs pûurfuivent prefque
fans ceffe le poiffon, il ne fraye ordinairement que vers midi, pendant
que le pêheur eft occupé à dîner. C’eft le plus rufé de tous les poiffons
de nos contrées; & il refte toujours caché dans le fond tant qu’il entend
quelqu’un fur l’eau. -
Selon les obfervations de M. Lund ¿), les roffes paffent dans l’ordre
fuivant, des mers où l’on pêche rarement, pour aller frayer dans les.
rivières. Une partie part quelques jours auparavant, & forme l’avant-garde.
Ce qu’il y a de fingulier, c’eft que cette première troupe n’eft compofée
que de mâles. Enfuite viennent les femelles; puis encore des mâles. C’eft
un Ipeétacle divertiffant de voir avancer en ordre, les bataillons de cette
petite armée. Chaque divifion eft compofée de poiffons d’égale grandeur,
qui nagent tout près les uns des autres : dix, vingt, cinquante à cent de
file. Quelquefois, ce qui pourtant arrive rarement, cet ordre eft interrompu
par la frayeur ou par quelqu’accident : mais ils fe remettent bientôt, &
cherchent les endroits couverts d’herbage ou de branches, pour y dépofer
leurs oeufs.
Cette elpèce multiplie beaucoup : fes oeufs font verdâtres. Dans le
double ovaire, péfant environ deux tiers d’once, j’en ai compté 84,570.
La cuiffon leur donné une couleur rouge. Ce poiffon a la "vie dure, &peut
fervir de nourriture aux elpèces voraces. Sa couleur brillante le fait
diftinguer agréablement au milieu des eaux. On le pêche en grande
quantité dans le tems du frai, quoiqu’avec affez de peine. On fe fert pour
cela de colerets, de feines & autres filets : il mord auffi à l’hameçon. Sa
chair blanche eft d'affez bon goût, mais garnie d’arrêtes fourchues, qui
ne le rendent pas propre à la table des riches. Comme il n’eft ni trop
gras ni trop vifqueux, il fe digère facilement.
Il fe nourrit d’herbages & de vers aquatiques, & a pour ennemis tous
les poiffons voraces & les oifeaux pêcheurs. La roffe n’a qu’une fimple
rangée de dents, & cinq dents à chaque mâchoire. Ces dents font
applaties des deux côtés, & courbées vers la pointe. Le canal des inteftins
a deux courbures, & les autres vifcères font comme dans les autres
poiffons du même genre. Jufqu’à préfent je n’ai point trouvé de vers
dans le corps de ce poiffon.
«) Beckmann, Churm. L Th. p. 563.
Part. I.
Schwed. Abhandl. 13ter Band. p. 134.
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