i3o D e î ’ O m b r 'e d’ A u y e r g 'n ë ,
a donné à ce poiffon l’avantage fur tous les autres, mais on attribue auffi
à l’huile que l’on tire de fa graiife, la propriété de guérir les marques de
la petite-vérole, les taches de la peau, & d’autres maladies externes.
Ce poiffon ne multiplie pas confidérablement ; d’abord parce quil eft
très-délicat; en fécond heu, patce que les oifeaux pêcheurs en font fort
avides, & fur-tout les colimbes. Il meurt bientôt quand il eft hors de
l’eau, & même dans une eau tranquille : voilà pourquoi il eft difficile de
le mettre dans d’autres eaux que celles qu’il habite ordinairement, à
moins que ce né foit dans un lac profond où il y ait des fontaines, ou des
ruiffeaux. Si l’on veut conferver ces poiffons dans des huches, il faut
qu’elles foient placées dans le cornant d’une rivière , & leur donner à
•manger du foie, ou le gâteau dont nous avons parlé à l’article de la
truite. Une choie fort remarquable, c’eft l’odeur agréable qui s’exhale du
corps dé ce poiffon. Ælien l’a comparée au thym, & Ambroife à l’odeur
du miel z). Mr. Pennant nie l’exiftence de cette odeur h) ; mais la chofe en
elle-même ne paroît pas fans fondement, car ce poiffon avale des infeétes
qui ont une odeur forte, qu’ils peuvent lui communiquer. Tel eft le
tourniquet /) qui, félon Roefel tn) , a tant d’odeur, que lorfqu’il y a
quelques-uns de ces animaux enfemble, on peut les fentir de cinq à flx
pas. Or comme ces infeétes ne fe trouvent pas toujours & en égale
quantité, on peut regarder l’odeur de l’ombre d’Auvergne comme une,
qualité Variable qui exifte dans un teins, & qui difparoît dans un autre.
Au printems, l’ombre d'Auvergne remonte de la mer du Nord & dé
la Baltique dans les fleuves de même que le faumon & la truite faumonnée,
pour y dépofer fon fiai; & eh automne, il remonte dans la mer. Excepté
Richter, aucun auteur n’a parlé de ce paffage ; cela vient peut-être de de
qu’on ne les trouve que rarement dans les grands fleuves. Mais de de
qu’on ne les y pêche point, il ne faut pas en conclurre qu’ils n’y paffent
point ; car ils y ont plus de moyens que dans les petits, d’échapper
aux pièges des pêcheurs : ce qui eft le cas des faumons & des truites
faumonnéès. Ainfi l’on ne prend aucun dé ces deux poiffons dans la Netzê;
au heu qu’on les trouve en quantité dans le Kuddow & le Drago, qui fe
jettent dans la Netze.
La peau de l’eftomac eft fi dure dans ce poiffon, qu’on croiroit toucher
un cartilage. La véficule du fiel eft petite; le fiel jaune & tranlparent; les
autres inteftins font comme dans les autres poiffons de cé genre. On
trouve cinquante-neuf vertèbres à l’épine du dos, & trente-quatre côtes
de chaque côté.
i ) Voici ce qu’il en dit : Quod niella fragrant, /) Gyrinus natator. L.
hoc tu corpore tuo fpiras. Hexam. lib. V. c. a. m) Infeâembeluft. Tom. 3. p. 146*
k) B. Z. BL p. 312.
'D e P O m b RpSg, j>’ A v v p. .R g h e: 131
Ce poiffon eft connu fous différens noms. On le nomme :
Afch, Æfche, Efche, Efcher, en Zhjotfijar en Laponie.
Allemagne. • -1 11 ’ 'Harr , eiv'Stiêde & en Norwège.
Krefsling, en Suiffe, la première Charius, en Ruffie.
année. Temelo, en Italie.
Jfir, la feconde. Grayling, en Angleterre.
Æfcherling & Æfche, enfuite. Kind o f Trout , Smellinglike ,
Sprensling, Mayling & Æfche, Thyme, dans quelques provinces,
en, Autriche. Ombre d’'ftuyergne, BBirançe,
Spelt, Stalling, en Dannemarc.
Selon Ælien, on ne peut prendre l’ombre d’Auvergne qu’avec un
hameçon, auquel on attache un coufin; mais,il faut en conclurre, que les
coufins de la Grèce avoient plus de confiftence que les nôtres, qu’il feroit
difficile de faire tenir â un hameçon. Je ne crois pas, comme le traducteur
SÆlien n ), que cet auteur ait entendu lé coufin ordinaire: il eft plus
vraifemblable, qu’il a vouju parler de l’ephemera vulgata o), qui eft aflez
gros pour être attaché à l’hameçon, & dont la forme approche, beaucoup
de celle du coufin ordinane.
Gefner ne fait qu’une efpêce de l’ombre & du thymus de Belloji
& de Rondelet />); - mais il fuffira de comparer les deux deffins de
Rondelet, pour voir que les auteurs ont décrit en effet deux poiffons
différens. Le thymus, qui eft notre ombre d’Auvergne, eft large, a la
tête courte & une groffe nageoire à la queue ; au heu que l’umbra e& un
poiffon étroit, qui a la nageoire dorfale courte & la tête longue y-)’.
n) Voici la traduâion de Gefner : Non hamatis
tfearum haliarum illecebris, fed folo culice, bejlia
nocles & dies homini infefia, quod haec fola delecte-
turycomprehenditur. DeNaturaanimalium. Lib. ia .
Cap. 49.
0) Cet infeâe eft fi commun dans la Ca-
rinthie, que, felon Mr. Scopoli, les payians en
filment leurs terres. Ils augurent mal de la moillbn
lorfque chaque particulier n’en ramaife pas trous
les ans environ vingt tomberaux. Entomol. Car-
neol. p. 264.
p) Aquat. p. 1033.
y) Voyez Rondelet. P. II. p. 174— 187. Eellon.
Aquat. p. a87— a 89.