La louve eft un filet fait en manière de coffre long & rond, garni
de trois ou quatre cerceaux, un à chaque bout; & l'autre, ou les, deux
autres, dans le milieu. On y met deux perches, de la longueur du filet,
fourchues par les deux bouts, afin d’affujettir les deux cerceaux des
extrémités & de les tenir tendues. Les deux entrées du filet font ouvertes
& garnies d’une elpêce de poche qui va toujours en diminuant- Ces
poches font attachées l’une à Fautre au milieu du filet par des ficelles
qui fe croifent.
Quand ce filet eft tout monté, & qu’on eft arrivé à l’endroit de la
rivière où l’on veut pêcher, qui doit être pour l’ordinaire rempli de
joncs ou autres herbes, on prend une faux ou autre infiniment femblable,
pour faucher les herbes ou joncs. Plus l’efpace fauché aura d’étendue,
plus on aura lieu d’efpérer qu’il viendra du poilfon dans le filet Cela
fait, on prend quatre greffes pierres, qu’on attache aux bâtons de la
louve, afin qu’elle aille au fond de l’eau ; enfuite on met à ce filet
une corde affez longue , pour qu’elle aboutiffe fur le bord de l’eau, où
on l’attache à un piquet: elle fert à tirer la louve quand le. poiffon elt
pris. Enfuite, après avoir accommodé la louve en l’état qu’elle doit être*
on prend de ces herbes ou joncs, dont on la couvre, faifant néanmoins
en forte de n’en point mettre à l’entrée du filet; car elles empêcheroient
le poilfon d’y entrer.
La manche eft un grand fac, ou verveux fans cercles;,monté fur
une corde : un côté de l'ouverture eft affujetti dans le fond par une
pierre ; le côté oppofé eft attaché à un bateau. Le pêcheur fait aller le
bateau dans l’eau jufqu’à ce que l’on fente qu’il y a du poifîon.
La najje eft une efpèce de cage d’ofier, qui finit en pointe ,nau
fond de laquelle on met un appât. On la place au fond de l'eau fur
le côté. Vers le milieu, il y a des bouts d’ofier mobiles, qui Iaiffent
une entrée libre au poiffon; mais qui fe réunifiant lorfqu’il eft entré,
l’empêchent de fortir.
Les parcs font une forte de pêcherie particulière, qui fe fait de la
manière fuivante: Les pêcheurs forment une grande enceinte, ou parc
en fer à cheval : le fond en eft expofé à la mer. A chaque bout, ils
pratiquent.un retour en crochet d’environ fix pieds de long: ce crochet
eft fait avec des piquets de trois à quatre pieds de hauteur. Au centre,,
jl y a une ouverture de quinze à dix-huit pouces de largeur, qui fert
d’iffue au poiffon qui fuit les convolutions du retour en crochet, & qui
va fe rendre à ce cul-de-fac, où la marée en fe retirant le laiffe à fec.
Le retour en crochet eft rond ou quarré; c’eft à la volonté du
pêcheur. Pour ne pas tendre inutilement, les pêcheurs s’affurent fi le
poiffon donne à la côte, par les traits ou fillages qu’il laiffe imprimés fur
le fable lorfqu’il fe retire avec la marée.
L’enceinte
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L’enceinte du crochet, garni de rets de bas-parcs & de piquets, eft
montée d’une pièce de trente à trente-cinq braffes de chaque côté.
Pour la continuer., ionlfe fert de hautes perches de quatorze à quinze
pieds, qui fuivent immédiatement les rets de bas-parcs. Le pied des
grandes perches eft du côté de la mer: on les penché un peu vers la
terre; & c’eft là-deffus que l’on place les rets de jets:#qui ont près de
trois braffes de haut. Les pêcheurs ne les tendent point de mer baffe J
ils .fie contentent de les arrêter feulement par le pied fur le bas des
perches. Ainfi les jets font en paquets le long de ces perches : fis font
couverts d’un peu dé fable,, ainfi que les flottes. Pour les relever à la
marée, on a mis au haut de chaque perche une petite .poulie, fur
laquelle paffe un cordage frappé fur la tête (les jets. On a recouvert
les filets de fable, afin que le poiffon plat paffe deffus aifément lorfqu’il
monte dans la baie avec la marée. Les perches qui fervent aux rets de
jets, font toujours dans les baffures entre les bancs : l’enceinte fe continue
en y mettant altenativement des rets de bas-parcs fur les piquets où
penchans. Ces rets tendent à demeure ; parce que la maréi||Ji furvient,
les: couvre facilement, & laiffe paffer le poiffon fans le gêner: ce qui
n’arriveroit pas s’ils étaient tendus fur les hautes perches. Sur celles-ci
fis placent des filets; après ces filets placés fur les hautes perches, ils
pratiquent des bas-parcs jufqu’à ce que l’enceinte foit toute formée
obfervant que les crochets, ou retours, foient de rets de bas-parcs
montés fin- leurs petits piquets. Lorfque la marée eft fur le point de s’en
retourner, les pêcheurs hiffent les lignes des pouliesdégagent les jets
du fable qui les couvre, & les.tiennent élevés à fleur d’eau, tandis qu’ils
font arrêtés au pied des perches qu’ils calent par- des plombs. Us
relient ainfi tendus jufqu’à ce que la marée fe foit retirée. Ces fortes de
parcs ne prennent rien qu’au reflux de marée montante. lié: fond, expofé
à la mer, eft couvert par la diftance des perches de jets ; & les crochets
des deux bouts regardent la terre.
On prend quelquefois beaucoup à cette forte de pêcherie, fur-tout
du poiffon rond.
La feine eft un filet long de plus de'cent braffes, avec des ailes de
douze toifes. ‘ Au fond eft rme efpèce de fac, ou verveux fimple fans
goulet & fans cercle, qui eft plus ou moins long fuivant la longueur des
ailes.- La partie deftinëe à relier fur l’eau eft garnie; de bois; & l’autre
eft tirée au fond par le moyen des pierres qui y font attachées. Lorfque
le fond eft vafeux, ' on enveloppé les pierres dans de la paille
afin qu’elles ne s’enfoncent'pas trop avant. Les pêcheurs Ce mettent
ordinairement fur deux batelets pour tirer ce filet : on s’en fert dans les
grands lacs pour pêcher fous la glacél
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