à celle du ventre; vingt à celle de l’anus; dix-huit à là queue', &
dix-neuf à la dorfale.
La tête eft petite & tranfparente à l'endroit de la cervelle; l’ouverture
de la bouche eft grande. La mâchoire inférieure n’avancé pas tant fur la
fupérieure que dans le; précédent: la mâchoire fupérieurè n’eft garnie
qu’au bord de dents qui font petites. Le refte de la bouche eft uni,
excepté quelques dents qu’on trouve des deux côtés à la naiffance des
ouïes. La langue eft noirâtre, libre, unie, & finit en pointe émouffée.
L’oeil eft de moyenne grandeur; la prunelle eft noire, formé fur le bas
un angle, & l’iris eft argentin. Les narines font doubles; mais celles de
devant font à peine vifibles. Les opercules des ouïes font rayés, bleuâtres
dans le milieu & argentins fur les bords. Le dos eft d’un jaune verd, un
peu tranchant au-déifias de la nageoire, & rond au-deffous. Les côtés
font blancs, applatis vers le ventre en forme de tranchant, & aufii rudes
qu’une fcie. Cela vient de la dureté des écailles, ou plutôt des lames, qui
forment une pointe dure à l’endroit où elles font courbées. On fe bleffe les
doigts en les frottant contre ces pointes.' La ligne' latérale eft à peine
vifible, & plus près du dos que du ventre. Au-deffus de cette'ligne, on
remarque quatre à cinq taches' noires; ce qu’on ne voit que dans les
jeunes poiffons. Les écailles font grandes, & fe détachent aifément. Les
nageoires, au contraire , font petites, grifes & entourées d’une garniture
bleue. Celle de la queue feule eft grande, & a dans le fond deux taches
brunes. On voit au ventre un appendice.
Nous rencontrons ce poilfon non feulement dans la mer du Nord, mais
auifi dans la Méditéranné & la Perfienne : ce qui fait qu’il étoit connu des'
Grecs a) & des Romains. Il remonte comme le faumon & d’autres poiffons,
de la mer dans les fleuves. Il paroît dans le Rhône en Mars; dans la
Wolga, le Rhin & l’Elbe en Mai & Avril; dans le Nil on ne l’apperçoit
qu’en Décembre & Janvier b). Dès qu’il eft arrivé, il dépofe fon frai au
fond des endroits les plus rapides; & vers 1’àütomne, il retourne à la mer.
H parvient à la longueur de deux ou trois pieds, & fa largeur eft à fa
longueur comme un à trois. Mais il eft fl mince, que même dans fon plus
grand accroiffement, il ne pèfe pas plus de trois à quatre livres. On en
trouve cependant à Avignon & dans les environs qui pèfent flx à fept
üvres. On 'enéprend auifi quelquefois en Angleterre qui pèfent huit livrés c).
Sa groffeur & fa reffemblanee avec le hareng, lui ont fait donner dans
quelques contrées le nom de Mutter-Heririg (hareng-mère}. Dans d’autres,
on l’appelle poiffon de Mai, parce qu’il paroit dans ce teins. Il remonte
dans le Rhin jufqu’à Bâle d), où on le prend, fur-tout dans le tems du
frai,
û) Arifl. Hift. Anim. 1. 9. c. 37.
b) Hajßlquiß. Reife, p. 185-
c j Penh.. B, Z. III. p. 351.
d) Gefiier. Thierb. p. 179.
frai, avec des filets, des lignes de fond & des naffes. Afin de l’attirer dans
ces dernières, on fe fert pour appât de pois que l’on fait cuire avec de la
myrrhe; on en fait un petit fachet, que l’on fùipend dans la naffe. Pour
la ligne, on fe fert de vers dé terre. Dans le Wolga où ils viennent en
grande quantité, quand les pêcheurs en trouvent dans leurs filets, ils les
jettent dehors; parce que les Ruffes ont le préjugé de croire, que ceux
qui mangent de ce poiffon deviennent enragés : voilà pourquoi ils n’en
mangent point & qu’ils lui ont donné le nom de Befchenaja Ryba a ),
(poiffon enragé.)
On dit que ce poiffon craint les orages & aime la mufique : c’eft .pour
cela que les pêcheurs attachent à leurs filets des petits arcs de bois garnis
de clochettes; dont le bruit attire le poiffon &}, Ælien. rapporte qu’en
Egypte on prend l’alofe au fon des caftagnettes de coquilles., réuni au
chant des pêcheurs c). Rondelet avance que ce poiffon vient en foule
vers le rivage au bruit que les tortues font avec leurs écailles, fur-tout
pendant la nuit d'). On dit aufii qu’il cherche les vaiffeaux de fel, & qu’il
les fuit dans une efpace de cent milles e). Mais je crois que ce poiffon
fuit, comme tous les autres, toute forte de bruit.
Ce poiffon n’a pas la vie dure, & meurt comme lé hareng dès qu’il
eft hors de l’eau. Quand il fort de la mer, il eft maigre. & de mauvais
goût; mais plus il rëfte dans les rivières, plus il s’engraiffe; r& alors il
approche beaucoup du faumon. Cependant comme fa chair eft traverfée
d’un grand nombre de petites arrêtes, & qu’elle eft molle, on le fait
ordinairement frire. Dans nos contrées, on le frime; chez les Arabes, on
le fèche à fiair,. & on le mange avec dès dattes.
L’alofe fe nourrit de vers, d’infeétes & de petits poiffons. Elle a pour
ennemis le filure, le brochet & la perche, qui aiment fur-tout les petits
& qui en font un grand dégât.
L’eftomac eft petit, & confifte en une peau mince. Au bout, on
trouve quatre-vingt appendices qui fuppléent au canal inteftinal, qui eft
très-court. La laite l'ovaire font doubles. La vélicule aérienne n’eft
point divifée, & on compte trente côtes de chaque côté, & vingt-cinq
vertèbres à l’épine du dos.
Ce poiffon eft connu fous différens noms. On le nomme :
Shelesni^a , Befchenaja Ryba, en
Rufiie.
Mai Balik, en Tartâriè.
Alfe, Elfe, Mayfifch & Goldfifch,
én Allemagne.
Perbel, en Poméranie.
Brisling, Sildinger, Sardeller, en
Dannemarc.
a) Pali Reif. Törn. I. p. 131.
b) JVillughb. p. aa8*
#> De Natur. Anim. lib. ia. c. 48.
Part. I. I
Mabalik, chez les Calmouques.
Sardellce-baliik, én Turquie.
dj Rondel. P. I. p. 1 2 1 .0.2d.
e) Coürs d’hift. nat. Tom.V. p. a8o.
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