achetait, comme nous l’avons vu, les harengs des pêcheurs écoffois.
Bientôt l’indultrie & les fages ordonnances les conduifirent au point que
leurs harengs furent préférables non feulement à ceux d’Écoffe, mais même
à ceux de Flandre, qui étaient renommés pour leur bonté. Cependant le
commerce de harengs de cette nation, n’elt plus à beaucoup près aufli
étendu qu’il l’a été auparavant. En 1416, on fit à Hoom le premier grand
filet: & depuis ce tems-là, les Hollandois. fe fervirent de plus grands
vaiffeaux; c’eft-à-dire de leurs buyfes. En 1553, la feule ville d’Enkhuizen
envoya cent quarante vaiffeaux à la pêche du hareng y~) ; & en 1601,
on vit partir de toute la république quinze cents buyfes pour la pêche du
hareng : & fi Moniteur le Chevalier Raleigh n’a pas outré la^ çhofe, on
emploie certaines années à cette pêche, trois mille vaiffeaux, & 450,000
hommes. Mais ceci eft fans doute exagéré; ou il faut que ce commerce
foit bien tombé depuis qu’il a excité la jaloufie des autres nations. En 1736,
on n’a compté que deux cents, dix-neuf buyfes & , trente-.un jagts. ..Ce
nombre a encore plus diminué dans la fuite : car 011.1747, les Hollandois
n’envoyèrent que deux, cents .vaiffeaux; &en 1773, que cent foixante-neuf
buyfes. Cette pêche ferait bien plus tombée encore fi, en 177g, les États
de Hollande n’avoient propofé un prix de cinq cents florins pour chaque
buyfe qui va à la pêche du hareng. Malgré cette décadence, elle ne laiffe
pas d’être une branche confidérable d’induftrie ; car l’on compte encore
vingt mille hommes qui vivent de cette pêche. Les françois envoient auffi
tous les ans.de Calais, Dieppe & autres villes environ cent vaiffeaux à la
pêche du hareng. Us ne font pas fi grands que les buyfes des Hollandois ;
car ils ne tiennent que vingt à vingt-cinq tonnes. Ils vont pêcher, foit
fur les côtes d'Angleterre, foit dans la Manche.. : On pêche auffi fur les
côtes de Normandie & de Picardie en automne: mais comme les pêcheurs
de ces contrées ne font pas dans l’ufage de mener avec eux des vivres &
du fel, ils font obligés de revenir chez eux dès qu’ils,pnt une cargaifon;
& avant que les. vaiffeaux foient de retour , fouvent les brouillards qui
favorifent cette pêche, fe paffent, & on perd la meilleure occafion. Les.
Suédois, qui tiroient autrefois,leurs harengs des autres., nations, font
devenus depuis quarante ans plus attentifs, fur la pêche & le commerce:
de ce poiffon. En 1745, on, établit dans, ce royaume une fociété pour,
cette pêche, que le Gouvernement a encouragée, & qui eft parvenue à
faire eftimer leurs harengs, fur-tout ceux de Gothehbourg. En 1764, il
arriva à Hambourg de cet endroit vingt vaiffeaux, de harengs, que l’on
trouva auffi bons que ceux de Hollande. On a exporté de ce feul port,
en 1771, 43,959 tonnes de harengs; en 1773, 73,330; en 1781 & 1782,
300,000 & 20 à 23,000 tonneaux d’huile. On amène auffi dans ce pays
& dans les environs plufieurs chariots pleins de harengs faurs dans dé la
y ) Reichth. von Holland. p. 46.
paille, qui viennent dé là Poméranie fuédoife; Les Danois apportent non
feulement en Allemagne les harengs qu’ils prennent au printems & en
automne fur les côtes feptentrionales du Jütland & de l’île de Ferroi; niais
ils en envoient auffi des vaiffeaux: fur, les côtes d’Écoffe. En 1767, ils
* établirent auffi à Altona, une fociëtépour la pêche du hareng. Oh envoie
auffi du Holftein une grande quantité de harengs enfumés à Hambourg &
dans les autres villes des environs. Ceux qu’on nomme Kielér-Bücklinge
font fur-tout fort eftimés. En 1770, on établit auffi en Pruffe une fociété
pour cette pêche; & en 1776, on envoya d’Embden fix buyfes fur les
côtes-d’Écoffe : elles revinrent avec cent trente lafts de harengs. Depuis
on a augmenté le nombre d’année en année; de forte que l’année dernière,
il en partit trente-huit, & quarante-deu-x'cette année.
L’huile de hareng eft en Suède une branche de commerce très-précieufe
pour la nation. Au commencement, on n’employoit à faire de l’huile
que les gorges & les inteftins; & comme cette huile eut un grand débit,
les marchands de ce pays ont établi à leurs.frais des brûleries d’huile
dans la plupart des endroits où fe fait la pêche du hareng. La plupart
confident emhuit chaudières ; & quatre de ces chaudières font murées
dans un foyer, de manière que le foyer ouvert par devant, offre pour
chaque chaudière une ouverture particulière, & que les quatre fourneaux
communiquent intérieurement au grand foyer. Pour épargner le cuivre,
on a trouvé le moyen d’agrandir les chaudières avec des baguettes de
pin, qui font affujetties avec de forts cercles de fer. Les.chaudières font
murées de manière que le feu ne touche que la moitié du côté, & le mur
va jufqu’à une aune du bord fupérieur des baguettes, où il y a un échaffaud
fur lequel font placés des gens qui remuent la matière avec des bêches
de cuivre. Dans une chaudière, on peut cuire neuf à dix tonnes de
harengs; & il faut pour cela fept à neuf tonnes d’eau, qui y font conduites
par le moyen de pompes. Pendant que le hareng cuit, on le remue
continuellement jufqu’à ce qu’il foit entièrement fondu : alors on y pompe
un peu d’eau froide, qui fait furnager l’huile, que l’on prend avec des
écumoires de cuivre, & que l’on enferme dans des outres. Lorfque l’huile
a refté quelques heures dans l’outre, & qu’elle eft féparée des grumeaux
& de l’eau, on la fait palier par un couloir, & on la met dans un grand
tonneau pofé droit, qui a un bondon à i | d’aune du fond. Quand l’huile
y eft reliée quelque tems, que les grumaux font tombés au fond, on la
filtre de nouveau, & on la met dans des tonneaux de chêne qui contiennent
exaétement foixante cannes .fuédoifes , & alors elle eft prête à être
tranfportée. Il eft néceffaire que l’huile foit entièrement nettoyée de l’eau
& des grumaux; car fans cela ces petites pairies peuvent lui donner une
mauvaife odeur en Été; & tant que l’huile a de la confiftance, on ne