aucun livre fur la manière de pêcher dans l’eau doiice, je vais-
commencer d’en donner ici une idée à mes leéteurs, par .une courte
defcription :
Uanguillière eft une eipèce de ttafle ou panier fait de jonc, d’ofier,
ou d’autres branches flexibles, dont les baguettes font plus ou moins
ferrées, félon la groifeur du poifion qu’on veut prendre. Les meuniers
placent ordinairement cet inftrument au-deffous de l’auge du moulin*
C’eft ainfi qu’ils premient ordinairement les anguilles que le courant de
l’eau y entraîne.
Le carrelet eft un eipèce de filet en quarré. Les mailles du milieu
font plus ferrées que celles du bord. On le borde d’une petite corde forte
& unie. Les quatre coins de ce filet font attachés à des perches courbeS"
& pliantes, de manière qu’il forme un creux. On attache ces perches
à une autre grande perche1, qui fert de manche au filet. On plonge ce
filet dans l’eau; & dès qu’on voit des poiifons qui nagent au-deffus, on
le relève promptement. Le poifion appereevant le mouvement, plonge
vers le fond, fe précipite fur le filet, & devient ainfi- la proie du pêcheur.
Il faut obferver que plus la maille de ce filet eft grande, plus il eft aifé'
à tirer de l’eau: commodité qui n’eftpas à négliger; car file carrelet fe
tire lentement, les gros poiflons fauteront par-deflùs.,
Le coleret eft un grand filet qui reflemble en tout à la feine, fi ce
n’eft qu’il eft ordinairement tiré par des hommes ; - 'au lieu que la dernière
l’eft par des bateaux.
Il y a des colerets de différentes eipèces qui diffèrent par la grandeur.
Les hameçons dormans fe font de la manière iùivante : Prenez une
corde longue à proportion de-la largeur de la rivière; où vô'us voulez
pêcher; attachez-y de diftance en diftance, environ de deux pieds
chacune, des petites ficelles armées par le bout d’un hameçon long
d’un pouce ; amorcez l’hameçon avec des achées, foit de chatouilles, ou
autres ; enfuite attachez un des bouts de la corde à un des bords de la
rivière où vous voulez pêcher; puis après -avoir attaché une corde ou
un plomb à l’autre bout, lancez-le vers l’autre bord le plus loin que
vous pourrez.
L’hameçon ou ligne eft un inftrument fort connu, & qui fert plutôt
d’amufement aux perfonnes qui aiment la pêche , que d’inftrument pour
les pêcheurs de profeflion. .C’eft une efpèce de crochet de fer, plus ou
moins grand, dont l’extrémité qui foutient l’appât eft formée en dard,
de manière que s’il arrive au poifion goulu d’avaler l’hameçon avec
l’appât qu’on lui préfente, les efforts qu’il fait enfuite pour le rejetter,
& le coup de poignet que donne le pêcheur, ne fervent qu’à l’engager
dans les chairs. L’autre extrémité de l’hameçon eft platte, & s’attache
à une ficelle ou fil qui pend d’une longue perche, qu’on appelle ligne.
Le kavenet eft un filet monté fur deux perches croifées de bois
léger, qui le.font ouvrir & formel-lau gré du pêcheur. Il fe traîne, &
n’eft chargé ni de plomb, ni d’autre chofe lourde, afin qu’on puiffe le
relever plus facilement. Les perches font, tenues ouvertes par une petite
traverfe, qui s’emboîte à mortaife d’un bout , & qui eft fourchue de
l’autre: elle eft placée environ à trois pieds fur la longueur des perches
du côté du pêcheur, qui pouffe cet inftrument devant lui, Le refte du
fac eft amarré fur les côtés de la perche, & fermé d’un petit filet qui
retient le poiffon.
La ligne flottante confifte en un hameçon que l’on attache au bout
d’une ficelle longue de cinq à fix braffes: on attache l’autrê bout de la
ficelle à un petit paquet de jonc, afin que la ligne flotte fur leau &
qu’on puiffe la retrouver. Cette ligne fe jette le foir, & fe lève le matin.
La ligne volante ou turlotte eft une efpèce de ligne qui fe fait de la
manière fuivante : Il faut avoir un hameçon & un bout de fil d’archal
jaune, de la groifeur d’une fine épingle, qu’on plie en deux, & qu’on
tortille de manière qu’il faffe un petit chaînon, au bout duquel on laiffera
un petit anneau. A l’égard des deux bouts du fil d’archal qui relieront
du chaînon, on doit les attacher à la queue de l’hameçon avec de la foie
ou du fil, en forte que ce qui fera attaché ne defeende pas plus bas que
l’endroit vis-à-vis le crochet de l’hameçon. Cela fait, il faut faire un
cornet d’un gros carton, ou, fi l’on veut, de terre à potier, dont le
dedans ne foit pas plus large que la groifeur du tuyau d’une groffeplumô
à écrire, & de la longueur environ du petit doigt; enfuite paffer à
travers du cornet l’hameçon attaché au fil d’archal ; puis faire en forte
que toute la queue de l’hameçon, depuis l’endroit vis-à-vis le crochet,
& environ la longueur d’un travers de doigt du chaînon , foit cachée
dans• le cornet; & emplir ledit cornet de plomb fondu, en tenant
l’hameçon par le bout du chaînon, afin que ce qui doit être enchaffé
fe trouve dans le milieu & enveloppé également par-tout; après quoi
on arrondit les deux extrémités du plomb. L’hameçon ainfi accomodé,
il faut avoir un fer de la longueur de quatre pouces- ou environ , qui
foit fait de maiiière qu’on puiffe faire entrer dans la queue le bout d’un
bâton de , la longueur d’une canné , & qu’il y ait au bout un petit
anneau par lequel il foit aifé de faire paffer la ficelle ; on tient le bâton
de la main droite, & de la gauche le paquet" de ficelle, qu’on détortille
autant qu’il eft néceffaire pour jetter dans la rivière l’amorce, qu’il faut
laiffer aller à fond, & la faire fautiller en retirant la ligne par petits
bonds. Quelques pêcheurs mettent un goujon à cette ligne; d’autres fe
contentent de mettre au-deffus de l’hameçon une petite plaque de cuivre
luifante, qui attire le poiffon, & ils ¡la font briller dans l’eau en la tirant
de deffus un bateau qui va avec beaucoup de rapidité. "