entre' la tête & la nageoire ; Vautre partie eft ronde, bleuâtre & un peu
courbée, La ligne latérale forme une courbure vers le ventre, & eft
garnie de points jaunes. Au-deffus de cette ligne, les côtés font bleuâtres;
au-delfous, ils font argentins, auffi bien que le ventre.
La ferte eft un poiffon de paffage, qui fort vers la St. Jean de la mer
Baltique, ou du moins des baies de cette mer, & remonte dans l’Oder;
puis dans l’Inna & dans la Varthe. Elle cherche dans ces rivières des
pierres propres & lavées par les courans; elle fe frotte contre ces pierres,
& dépofe fes oeufs.
Ce poilïon devient long d’un pied & demi. Celui que j’ai examiné péfoit
une livre & demie; & fes oeufs, qui étoient environ au nombre de 28,800,
& de la groffeur des grains de pavot, péfoient trois quarts d’once. On le
prend en quantité dans le tems du frai dans les environs de Landsberg
fur la Varthe, & dans ceux de Cuftrin. Onfe fert pour cela du carrelet,-
d’autres filets & d’une ligne, au bout de laquelle on met un ver de terre.
Dans tout autre tems, il n’eft pas aifé de le prendre. Il multiplie
beaucoup, aime les eaux claires, un1 fond pierreux & fablonneux. Il fe
nourrit de vers & de plantes, comme les autres poiflons de ce gerne. IJ
croît lentement, a peu de vie, & meurt bientôt après être forti de l’eau.
Moniieur de Manvitz a elfayé de tranlporter la ferte al) ; & le fiiccès de
ces eifais nous à prouvé que ce poiffon peut aifément être mis dans des
lacs profonds & marheüX. Les ennemis de la ferte font le filure & le
brochet. Ils la prennent quand elle eft encore jeune. Sa chair eft blanche,
d’un très-bon goût: on la mange fraîche & marinée. Ordinairement on
marine ce poiffon pour l’ertvoyerde tous côtés. Voici comme on s’y
prend: On met les fertes fur un gril pofé fur un brafler ardent; on les
fait un peu griller; puis onles met dans des barils par lits de cinq à huit,
que l’on parfème de feuilles de laurier ; enlùite on prend du bon vinaigre,
froid qu’on a fait bouillir, & on en arrofe les poiffons. C’eft de cette
manière qu’on prépare à Landsberg, depuis quarante ans, les fertes
qu’on envoie hors de la province.
La ferte a à chaque mâchoire, une raie de cinq dents, dix-fept côtes
de chaque côté, quarante - deux vertèbres à l’épine du dos & deux
ftnuofités au canal des inteftins.
Dans quelques endroits de ces contrées, on confond le nafe avec là
ferte, & on donne à lun le nom de l’autre. On la nomme:
Zoerthe, en Pruffe, en Siléfie & Flirt & Bhkke, en Dannemarc.
dans la Marche. Wemgalle > Wdngallc, Wimb ,
Gafe, à Drambourg fur le Drage. Wimm, Sebris, en Livonie.
Wimba, en Suède. . . Taraurt., en Ruffie.
a) Befclïiifcigungen. IV Band. p. 93.
: Comme la forme de la mâchoire fupérieure a fouvent fait confondre ce
poiffon avec le. nafe, il ne fera pas hors de propos d’établir les caraétères
diftinétifs de ces deux poiffons, avant que de reétifier les auteurs qui
en ont parié.
La bouche du nafe eft en travers; celle de la ferte eft en long. Dans le
premier, la bouche ouverte fait un qüarré; dans la feconde, elle forme uhé
figure ronde. Le nafe n’a que quinze rayons à la nageoire de l'anus; la ferte
en a vingt-trois.. Le premier a auffi une appendice ventrale, que l’autre
n’a point. Le ventre du nafe eft noir intérieurement ; celui de la ferte,
contraire, eft d’une couleur brillante & argentine.
De plus, la ferte m’a que deux finuofités au canal des inteftins, & le
nafe en a un plus grand nombre. Enfin, les écailles du nafe font plus
grandes, & il fraye avant la ferte.
Quant, aux auteurs qui ont parlé de ce poiffon, Voici les remarques
que j’ai cru devoir faire :
i°. Ce que je viens de dire doit lever entièrement le doute de
Willughby F) , & prouve qu’on peut répondre affirmativement à la
queftion d’Artédi c), de Klein d ) & de Kramer e), qui demandent fi
le nafe & la ferte font deux efpèces différentes.
2°. Arrèdi a parlé de la.ferte fous deux noms différens : une fois fous
le nom de Caput anadromus j") ; & enfuite il la défigna comme un
poiffon fuédois g ') , qu’il nomme Wimba. Il s’enfuit de là:
30. Que le Cyprinus Vimba de Linné, n’eft pas un poiffon particulier
à la Suède; mais qu’il eft auffi connu en Allemagne; c’eift-à-dire, que
c’eft notre ferte que les anciens ichtyologiftes ont décrite fous le nom de
Caput anadromus. Si l’on en doutoit, il fuffiroit pour s’en convaincre, de
comparer les defcriptions qu’Artédi & Linné font du Vimba, avec celles
qu’on a du Caput anadromus, ou celle que je donne de la ferte, on verroit
d’une manière évidente, que toutes ces defcriptions appartiennent au
même poiffon.
40. C’eft à tort que Linné A) attribue à fa ferte, la noirceur du ventre
intérieur que Cramer donne au nafe 1).
5°. Statius Millier A) & l’auteur de l’article des carpes, dans le
nouveau Spectacle de la Nature /), donnent même la noirceur du ventre
comme un des caraétères diftinétifs de la ferte.
6°. Par ce que j’ai dit plus haut, il eft clair que la prétendue femelle
du nafe dont parle Klein, n’eft pas réellement la femelle de ce poiffon,
mais la véritable ferte.
h) Ichthyol. p. 157. g) Voyez le même livre, p. 14. n. 31.
c) Synonom. p. g. n. 13. A) Syft. Nat. p. 531. n. 15.
d) MiiE Pifc. V. p . '<56.' ' ¡1 i ) Elench. p. 394. n, 43.
e) Elench. p. 394. n. ia . . k ) Lihn. Syft..IV»Th.>p. 391. •
f ) Synonom. p. 14* n* 3** / ) Schaupl, d. N. 4ter Band. p. 411.