lorfque'la femelle les a jettés, le mâle la fuit, pour y répandre la liqueur
féminale qui fort de fes laites ; mais comme il n’y a que la plus petite
partie qui reçoive cette liqueur ; la plupart reftent ftériles. D’ailleurs les
poilfons jettent leurs oeufs fur toutes fortes de corps, qui, fouvent portés
hors des bords par les tempêtes où l’agitation des vagues ,laiffent le
frai fur le rivage : les oeufs & les petit périlfent la plupart quand les eaux
fe retirent. Un froid fubit empêche 'auffi fouvent la femelle de frayer, ou
glace le fang dans les petits nouvellement éclos. Une partie des oeufs
devient auifr la proie des épinoches, de l’anguille & des autres poilfons
voraces'. Les oifeaux aquatiques même ne dédaignent pas cette nourriture.
Le défaut de chaleur fait -auffi fouvent qu’une partie des oeufs refte au
fond de l’eau fans éclore. En général -, on trouve que dans les poilfons ,
les efpèces voraces font non feulement plus nombreufes que parmi les
animaux terreilres & les oifeaux, mais auffi qu’elles font plus avides &
plus infatiables, en ce qu’elles n’épargnent pas même leur propre efpôcc;
ce que les autres ne font que lorfqu’ils y font forcés par une très-grande
faim. Ajoutez à cela, la quantité de moyens que; l’homme a imaginés
pour s’empâter des poiffons, & vous conviendrez, que des animaux
èxpofés à tant de dangers, feroient dilparus depuis longtems, fi là
prévoyance du Créateur n’eût prévenu la perte des efpèefeS par la quantité
innombrable d’oeufs dont il a fécondé les femelles. Les oeufs dans quelques
poilfons, font renfermés dans un, & chez la plupart, dans deux efpèces'
de facs, qu’on nomme ovaires, fitués devant la véficule aérienne; & l’on
voit auprès de l’anus une ouverture particulière, nommée nombril, qui
fert à leur paifage. La laite du mâle, eft toujours double tî). Si l’on en
met fur un morceau de verre autant qu’il en peut tenir liir la pointe
d’une aiguille, & qu’après l’avoir délayé dans une goutte d’eau, on le
regarde au microfcope, on y découvre une grande quantité de petits
corps organiques. La liqueur féminale fort auffi par le nombril. On trouve
auffi des poilfons qui font vivipares, tels que d’anguille, l’afcite x ) , la
loche de Surinam y ) , la lote vivipare ç) & quelques autres. Les
autres vifcères qui concourent auffi à la digeftion des poilfons & à la
formation du chyle, font le foie & la véficule du fiel. Il y a quelque
tems que Monfieur Guillaume Henfon a découvert auffi des vaiffeaux
lymphatiques.
Dans les poilfons, l’urine eft auffi filtrée par les reins & fort par
le nombril.
Les parties les plus folides des poilfons font offeufes a) dans les uns,
cartilagineufes dans d’autres; Ils ont à l’épine du dos plus d’articulations
u) VeJiculcB feminales.
x ) Silurus afcita Lin.
y ) Çobitis Anableps. L.
7) Blennins viviparus T.
a) Voyez les Pliilof. Tranfaéh y. 53. p. ai.
/ .v T n o o t r . c t i o n . 7
& de vertèbres que les quadrupèdes & ies oifeaux, Dans quelques-uns,
comme l’angiiille, j’en ai comptés jhfqu’à quatre-vingt-dix; ce qui ne
contribue pas peu à la légéteté de leurs mouvemens.
Quand les poilfons font bien nourris, ils croilfent promptement, &Accro>fli-
parviennent à un âge très-avancé. L’épinoche eft la fèfeelpèce qui ait”«"'poutine
vie fort courte:¡elle vit rarement plus de deux ans. Les diverfesfo1“’
efpèces de poilfons fe plaifent dans des endroits différens. Les uns,
comme la baleine , reftent toujours en pleine mer.,
' Dans le tems du frai, quelques poilfons, comme l’égrefin, cherchent
les côtés & les rochers; d’autres, comme le faumon, quittent alors la mer,
& remontent les fleuves. Il y a quelques?’ elpèees qui ne peuvent vivre
que dans les eaux douces & coulantes : telles font les loches &c;
d’autres ne peuvent fouffrir que l’eau des lacs, comme le coraffin. La
plupart cherchent leur nourriture pendant le jour ; quelques efpèces,
comme l’anguille, ne la cherchent que pendant la nuit fi y a plufieurs
efpèces qui vivent dilperfées, comme le brochet; il y en a d’autres qui
aiment à -aller en troupes, fur-tout dans le frai : telles font les roffes & les
brèmes; d’autres enfin, comme le hareng & le faumon, - entreprennent
des voyages confidérables.
Lés poilfons étant une partie confidérable de notre nourriture, ont ïWport
formé, dans tous les tems, une branche de commerce. A-frfiégai-d, ilsfoL/0^
méritent, afiùrément l’attention des économiftes. Les digues, les chaulféês
& les autres ouvrages que l’on conftruit fur les rivières, ne contribuent r
pas pou à diminuer le nombre des poiffons. D’un autre côté le luxe &
& l’avidité des riches engloutit de plus en plus les elpècès. Cependant
6n n’a prefque pas encore perifé jufqu’ici àlles tranfpofter, pour les faire
multiplier dans d’autres contrées. Les poiffons qui trouvent toujours dans
les eaux une température conforme à leur nature, font bien moins
fenfibles au changement de climat que les quadrupèdes & les’ oifeaux.
Qu’on tranfporte un poiffon d’un pays, chaud, où les eaux ne gèlent
jamais, dans un pays froid où leur furface eft couverte de glace; .il
évitera en partie les inconvéniens de ce changement & de la rigueur du
climat, en fe tenant toujours au fond. Toutes les contrées offrent auffi
dans certaines faifons, aux poiffons, une certaine température affez
chaude pour favorifer leurs amours & leurs pontes, & pour faire éclore
heureufement leurs oeufs. Avantage que la nature femble avoir refufé
aux quadrupèdes & aux oifeaux: c’eft ce que l’expérience.à fuffifamment
confirmé. Ainfi les carpes fe font naturalifées en Dannemarck, en Suède
en Hollande & en Angleterre.
Le fterlet s’eft accoutumé au climat de la Suède & de la Poméranie;
la carpe dorée de la Chine, à Londres, à Amfterdam & à Berlin. Mais
h p ‘f i es tranchiofiegi. ») Pfitschimdropforigii.