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D E L A M A N I È R E V E F A I R E , É R L O R R E L E S Q X u F S . ç g
jour, je vis des petits poiffons dans le premier; dans le fécond & le
troifième, ils ne parurent que le huitième jour, & dans le quatrième., le
neuvième b'). J’ai remarqué plus haut, que tous les oeufs n’étoient pas
fécondés par le mâle. Il arriva de-là, que de cent oeufs qui étaient fur
une plante, jé n’en voyois pas éclorre un feul ; au lieu qu’une petite
branche, quej’avois mife dans une taffe, fit éclorre foixante petits poiffons.
Par le moyen d’une louppe, on peut s’affurer fi les oeufs font fécondés
ou non. Dans le premier cas, ils paroiffent toujours plus clairs, plus
tranlparens & plus jaunes. Ces fignes deviennent toujours plus fenfibles
après le fécond ou le troifième.jour ; de forte que les jours lùivants, on
peut remarquer cette différence à la fimple vue. Ceux qui ne font pas
fécondés, deviennent de jour en jour plus troubles, plus épais, plus
opaques; ils perdent tout leur éclat, & reffemblent bientôt à un petit
grain de grêle qui commence à fondre. Je mis des oeufs fécondés, à part,
dans des verres de montre, où il y avoit de l’eau, afin de pouvoir obferver
le développement du poiffon.
L'oeuf de poiffon a une forme parfaitement ronde, & on y reconnoît
le jaune, le blanc, & entre l’un & l’autre, une place claire en forme de
croiffant. Le jaune, qui eft ordinairement environné de blanc, eft rond,
& n’eft pas placé dans le milieu,; mais toujours vers un côté c). Entré
le jaune & le blanc, on apperçoit cette place claire; & ces parties fe
remarquent auffi dans les oeufs qui ne font pas fécondés : la différence
qu’i f y a, c’eft que le jaune eft moins foncé. On ne peut découvrir
extérieurement .fur les oeufs fécondés aucune trace de fécondation.
Lalaite eft placée le long de l’épine du dos, tantôt dans un fac, tantôt
dans deux. Elle confifte en une fubftance blanche, qui, dans le tems du
frai, devient aulfi claire que du lait, & jaillit par le trou ombilical, dès
qu’on preffe tant foit peu le poiffon. J’en pris un peu avec la pointe d’une
aiguille, & je la mis fur un morceau de verre; je la délayai dans un peu
d’eau claire, & je l’obfervai avec la plus forte lentille fous un microfcope
compofé: j’y remarquai une fourmilière de petits animaux ronds d') de
grandeur inégale, connus chez les autres auteurs fous le nom A’animaux
Jpermatiques e'), & que Mr. de Buffon nomme molécules - organiques f~y.
Quelque tems après la mort du poiffon, je vis difparoître tout mouvement
dans la femence ou laite.
En général, les principes de la génération font encore couverts d’un
nuage épais; mais cela a lieu fur-tout chez les poiffons, où la fécondation
fe fait hors de la mère & dans un élément froid. Il eft incompréhenfible
- C’eft avec d’autant plus de confiance, que je ni poiflbn de cette eipèce, ni oeufs aux plantes,
marque ici préciiement les jours, que je fuis certain c ) Fig, 3. a. d) Fig 18.
que les pécheurs, dont j’avois reçu les oeufs fëcqndés, e) Animalticula ipermatica,
n’avoient vu dans leur nafîè le jour d’auparavant, f ) Moleculæ moventes.