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en Suède, on en trouve aufli de grandes quantités , & on en fale année
courante 200,000 tonnes; Outre cela, on en emploie 400,000 tonnes tous
lesans pour faire de l’huile. En. 1780, on fit exporter 25 à 27,000 tonnes
d’huile; & en 1781, feulèment 20 à 22,000. Malgré cela, il faut encore
en compter 50,000 tonnes de frais que l’on confomme dans le pays où que
l’on envoie- en Dannemàrc z). Or en comptant la tonne à 1200 harengs,
on en fait périr tous les ans 7205000,000, feulement dans ce petit diftrict.
La Laponie ne manque pas non plus de ce poiifon A). Suivant ce
que rapportent Ysbrand /) & Kr'afchemiinnikow m), on doit àufli en
trouver beaucoup dans les contrées de Kamtfchatka; car on y en prend
fouvent quatre tonnes d’un feul coup de filet. Il faut aufii mettre en ligne
de compté ceux que nous offre la Baltique. Les habitans du Holftein, du
Mecklenbourg & de la Poméranie fuédoife, en prennent aufli une grande
quantité tous les ans; dont les uns fontfalés, lés autres fumés & envoyés
hors du pays; fans compter ceux que l’on confomme en Livonie n) & dans
les autres contrées de la Baltique.
Lès filets & les bateaux dont on fe fert pour la pêche du hareng font
de différentes grandeurs. Ceux qui pèchent fur les côtes, ont des plus
petits bateaux & filets que ceux qui pèchent en pleine mer. {Les buyfes
hollandoifes font ordinairement de quarante-huit à foixante tonnes il y
en a pourtant de quatre-vingt à cent, dont les plus grandes- contiennent
foixante laits. Pour chaque buyfe, il faut trois ou quatre jagts, pour porter
les provifions & les harengs que l’on prend les trois premiers mois, &
& que l’on tranfporte. le plus vite qu’il eft poflible dans les ports les plus
voifins. Selon une ordonnance des magillrats, les filets hollandois doivent
avoir cinq à fix.cents toifes de long, & cinquante à cinquante-cinq parties
ou nappés. A préfent on les fait avec une groffe foie de Perfe, qui eft fi
durable, qu’un filet de cette elpèce dure trois ans ; au lieu qu’un filet de
chanvre ne fert qu’un an. On les noircit à la fumée de’ coupeaux, afin
que leur couleur trop vive n’effraie pas le poiifon. Par en haut, ils font
tenus par des tonnes; & des pierres qu’on y attache par en bas, les font
dëfcendre. On les jette le foir, parce que la pêche de ces poilfons, comme
celle de tous les autres, eft plus favorable la nuit que le jour, par le
moyen d’un cabefton. Les harengs, comme tous les autres poilfons;
fuivent la lumière: voilà pourquoi on attache des lanternes aux buyfes,
afin de les attirer dans les filets, qui font quelquefois fi pleins, qu’un feul
contient fouvent dix à onze laits. Ce poiifon mord aufli à l’hameçon ; &
Mr. Low affilié en avoir pris plufieurs mille, avec la mouche des truites 0).
i) Schrift. der Naturforfch. Freund. Tom. V
P - 0 5 -
k ) Leem. Lappl. p. i6g.
/) Reife nach China, p. 31.
772) Krünit{. Encyclop. Tom. XX. p. 726.
72) Fifcher. Liefl. p. 123.
o) Pennant. JB. Z.. III. p. 339.,
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Les pêcheurs fe fervent aufli de l’hameçon pour reconnoître l’endroit où
font ces poilfons : ils jettent la ligne ; & quand ils retirent un hareng, ils
jugent que l’endroit èft bon.'
On fale ce poiifon de deux manières différentes: l’un que l’on appelle
le hareng blanc,:& l’autre le hareng faur. Voici comme on prépare le
premier : auflitôt que le hareng eft hors de la mer, le caqueur lui coupe
la gorgé, en tire les entrailles. Alors on leS met dans une faumure affez
épaiife pour qu’un hareng puiffe y furnager; au bout de quinze Ou dix-huit
heures on les en tire, & on les met dans la tonne; car la quantité ne
permet pas qu’on puiffe tout de fuite les encaquer comme il faut fur le
vailfeau. Or comme cela ne fufïït pas pour les garantir de la corruption,
dès qu’ils font arrivés à terre, on les; arrangé par couches, fur lefquelles
on met encore du fol. On emploie ordinairement cinq livres de fol
d’Efpagne pour chaque tonne , & de la faumurfefraîche. En Hollande,
cette préparation fè fait fous les yeux du Gouvernement. Selon les lois de
.ce pays, on encaque féparément les bons & les mauvais, & on défigne
leur valeur par une marque de feu que Ion fait fur la tonne. On a foin
aufli de prendre du bois de chêne pour les tonnes, & de bien en joindre
les parties, de peur que la faumure ne fe perde & que les harengs ne fe
gâtent. Dans l’autre manière, les harengs reftent plus longtems dans la
faumure; c’eft-à-dire au moins vingt-quatre heures. Au fortir-de la fauce,
on brochette ou enfile les harengs par la tête à de menues broches de
bois , qu’on appelle aines : on les pend dans des efpèces de cheminées
faites exprès, qu’on nomme roujjables, & on fait deiïbus un petit feu' de
bois,- qu’on ménage de manière qu’il donne beaucoup de fumée & peu de
flamme. Ils reftent dans le rouflable jufqu’à ce qu’il foient fuflifamfflent faurs
& fumés; ce qui fe fait ordinairement en vingt-quatre heures; enfuite on
les met dans des tonnes ou dans.de la paille. On prend ordinairement les
harengs les plus gras pour les accommoder aitifi ; & on préfère les harengs
faurs de Hollande à tous les autres. En Suède & en Nonvège, on les
prépare différemment : oit prend beaucoup moins de fol, & on les met
dans des tonnes percées ou même entièrement ouvertes. Les Irlandois
fèchent leurs harengs fur les rochers, & les Groenlandois à l’an y ) . .
Le hareng falé ne nuit point à la fanté quand on en mange en petite
quantité; il eft fur-tout utile à ceux qui ont des glanes, ou qui ont perdu
l’appétit par foibleffe d’eftomac : mais il eft très-contraire à caufe du fort
fol, à ceux qui ont un abcès dans les poumons, ou dans quelque partie
intérieure ou extérieure; de même qu’à ceux qui ont quelque difpofition
au feorbut. Le hareng peut fe tranfporter dans d’autres eaux, comme on
l’a effayé heureufement en Suède q). On peut aufli les faire multiplier par
le moyen des oeufs, comme on le voit par le paffage fuivant tiré des
p) Fabric. Faun. Grônl. p. 134. j ) Schwed. Abhandl. Tom. X. p. 14**