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s’être repofé, il fait un nouvel effai jufqu’à ce qu’il foit parvenu à fon but,
ou qu’il en ait fenti l’impoffibilité : alors il rebrouffe chemin. Si celui qui
conduit la troupe faute heureufement, les autres lefuivent, & ils tombent
toujours fur le côté, parce qu’ils tiennent la tête en l’air de peur de fe
blelfer. Lorfque le faumon au commencement de fon voyage rencontre
deux rivières, dont l’une eft rapide & l’autre d’un coulant tranquille, il
préfère la première-, & dans la fuite la dernière, apparemment afin d’avoir
un endroit tranquille pour dépofer fes oeufs. Il aime auffi les rivières dont
les bords font garnis d’arbres, parce qu’il fe plaît à l’ombre & à la fraîcheur.
Mais il évite les rivières dont les embouchures font bordées d’édifices /).
Il n’aime pas beaucoup non plus à paffer des fleuves dans les petites
rivières dont les embouchures n’ont pas beaucoup de fond; à moins que
lès tempêtes ne meuvent le fond, ne troublent l’eau & que le poiffon ne
puilfe pas appercevoir les endroits unis. Les bois nageant & le flottage
les effrayent auffi beaucoup.; -' mais ils retournent fur-tout quand ils
apperçôivent des planches fur l’eau, parce qu’ils ont plus de peur du
luifant quelles offrent, que de la couleur obfcure du bois; & comme on a
remarqué qu’ils n’approchent pas des endroits où il y a des tonneaux ou
d’autres bois attachés qui flottent dans l’eau, les pêcheurs ont profité de
cette connoiffance pour les effrayer & les faire donner dans leurs filets.
Es attachent de larges bardeaux, ou une planche à une pierre, avec une
longue corde, & ils la font couler à fond dans les endroits où ils ne
peuvent pas mettre leurs filets; afm d’empêcher le faumon de paffer par
ces endroits & d’échapper. Il s’effraie auffi beaucoup à la vue de. la
couleur rouge : obfervation dont les pêcheurs profitent pour la pêche. Il
eft bon par conféquent, de ne pas couvrir de tuiles rouges les bâtimens
qui font fur le bord des rivières. Le bruit des moulins effraie auffi les
faumons de même que les autres poiffons. Lorfque le faumon apperçoit
fur les côtes le chien de mer, qui eft fon ennemi, ou qu’il entend un bruit
inconnu, il retourne auffitôt dans la mer. C’eft ce qui arriva en 1743;
en Suède où le bruit de quelques pièces d’artillerie les effraya & les fit
rebrouffer chemin. Selon les obfervations de Giefsler, le faumon ne fait
qu’un mille dans l’efpace de vingt-quatre heures, & quand le foleil luit, il
n’en fait que la moitié, parce qu’il s’amufe longtems à jouer fur la furface
de l’eau m). Cela. me paroît bien peu eu égard aux longs voyages qu’il
fait dans l’efpace d’un mois ou fix femaines. Par exemple,::! n’entre pas
dans le Rhin avant le mois de Février, & vers la fin de Mars on le pêche
déjà à Rusheim n). Il fait donc dans ce court elpace un voyage de cent
mille, en comptant les courbures & les finuofités du Rhin 0), Je penfe
cependant que fa courfe ne doit pas être fort rapide; parce que dans le
Z) Schwed. Abhandl. Th. XIII. p. 183,
m ) Lieu ci té. p. 113.
ri) Village du Marquifat de Bade, fituéfurleRhin.
0) Naturforfch. I5tes Stück. p. 149.,
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Kuddo, où il entre enfortant de laNetze, on le prend beaucoup plus tard
que dans cette dernière rivière. Quand il veut fe repofer, il cherche
ordinairement une groffe pierre, contre laquelle il appuie fa queue, en
tournant fa tête contre le cornant; s’il en eft chaffé par quelque bruit,, il
fe remet dans la même pofture dès qu’il croit le danger paffé; ce qui fert
de remarque aux pêcheurs fuédois pour le retrouver & le prendre.
Le faumon vit de petits poiffons, d’infectes & de vers. Cette forte de
de nourriture contribue fi fort à fon accroiffement, qu’à l’âge de cinq ou
fix ans, on en trouve qui pèfent dix à douze livres. Il parvient enfuite
très-promptement à une groffeur beaucoup plus confidérable. Celui que
je repréfente ici, & que j’ai reçu de Véfel, pefoit quarante livres. On en
trouve en Écoffe de foixante & quatorze livres p ); en Suède de quatre-
vingt ÿ ) ; & Dénis dit qu’il en a vu dans la nouvelle-France, quiavoient
fix pieds de long r).
La pêche du faumon eft une branche très-Confidérable de nourriture
* pour plufieurs pays, fur.-tout pour l'Angleterre, où ce poiffon eft fi
abondant, qu’on en prend quelquefois fept cents d’un feul coup s). Lue
chofe encore plus remarquable, arrivée en 1750, c’eft que dans la Ribble
on enprifcauffi d’un feul coup trois mille cinq cents f)-, qui ëtoient affez
beaux E y a des endroits dans ce pays-là où l’on pêche une aimée
portant l’autrè 208000 faumons a). En Ecoffe, cette pêche eft devenue
encore plus confidérable; il en eft de même en Norwêge, fin-tout depuis
qu’on a commencé à fe fervir de grands filets. Ces fortes de filets fe
tendent le long des côtes en forme d’arcs & de triangles-: on y prend
quelquefois jufqu’à trois cents poiffons d’un feul coup. E n’eli pas rare
qu’on porte à Bergen deux mille faumons -frais en un jour v). Les
Norvégiens fe fervent d’un moyen pour attirer les faumons fin- leurs côtes:,
ils couvrent les rochers de manière qu’ils leur donnent la couleur blanche
des flots s ) , que forme le fleuve en fe précipitant dans la mer, & que le
faumon fuit On.eft prend auffi beaucoup en Suède, de même que dans
le Golfe de Bothnie, prés de la Laponie: on les y trouve vers l’eau douce
qui tombe des montagnes dans le tems de la fonte des neiges j ) . On en
pêche âufli beaucoup en Hollande aux embouchures du Rhin & de la
Meufe. On en pêche auffi une grande quantité près de Schonhoren,
depuis le 16 Mai jufqu’au 10 Juin ().
On prend le faumon avec de grands filets, des parcs, des caiffes
:grillées, des naffes & des hameçons. Dans les petites rivières,«5on place
ordinairement les parcs vers l’embouchure; les caiffes grillées derrière les
’ p) Penn. B. Z. III. p. 294. u) Penn. h c i' . .
q) Schwed. Abhandl. 13. Th. p. 104. v) Pontopp. Nonr. a Th. p. 254.
‘ r ) Àllgem. Reif. i j . Th. p. 714. x ) L. c.r
5) Penn. B. Z. III. p. 289. y) SchefF. Lappl. p. 353.
t) Richt. Icht. p. 417. {) 'Miill. L. S. 4. Th.'p.‘515.