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ouïes; onze à là nageoire delà poitrine; huit à celles du ventre & de
l’anus quatorze à la qiueue, & fept à celle du dos.
La tête finit en pointe. L’ouverture de la bouche eft longue,, & chaque
mâchoire' eft garnie d'e douze petites dents pointues, dont la trbifîème,,
la quatrième & la cinquième avancent fur les autres, & font pourvues en
haut d’un bouton. La langue eft petite & pointue. Les narines font près
des yeux, & on voit une épine au-deffus. Les yeux ont une prunelle
noire, entourée d’un iris d’un jaune d’or. Les joues, aufli bien que la
membrane des ouïes, font jaunes & ornées de taches brunes. La nuque
eft large. La couleur noire eft dominante fur tout le corps : il eft orné
dans toute fa longueur, de raies jaunes & brunes, fur lefquelles paroiffent
çà & là des taches. Le ventre eft couleur d’orange & parfemé de points
noirs. Les nageoires de la poitrine, du dos & de la queue, font jaunes,
tachetées de noir ; la dernière eft arrondie. Les nageoires du ventre &
de l’anus font jaunes. La première eft prefque vis-à-vis de la nageoire
du dos, qui eft plus près de la queue que de la tête.
La matière gluante dont ce poilfon eft couvert, a fait douter longtems
qu’il eût des écailles : cependant leur exiftence eft maintenant avérée;
& j’en ai repréfenté fur la planche quelques-unes, vues plus grandes que
nature. Il leur manque cependant cette belle couleur perlée, qui donne
tant d’éclat aux écailles des autres poilfons. Elles font minces, légèrement
rayées-,, à demi-tranfparentes^ & reçoivent leur couleur de la matière
vifqueufe qui eft défions. La peau qui couvre ce poilfon eft dure.
Nous trouvons la loche d’étang dans toutes les eaux de nos
contrées, qui ont un fond bourbeux ou marécageux; de même que dans
les lacs & les rivières où il fe trouve des endroits de'eette nature. Elle a
la vie très-dure, & ne meurt ni fous la glace, ni dans les marais, pourvu
qu’il y refte tant foit peu d’eau. Lorfqu’on delfêche les marais , elle fe
cache dans la bourbe; & c’eft ce qui a donné lieu à une fable que raconte
le doéteur Fabricius a), & que Bibon, médecin fuédois, a copiée de
lui ¿). Ces auteurs prétendent que ce poilfon fort de la terre, & que. c’eft
par cette raifon que Gefner lui a donné le nom de Cobitis fojjïlis. Il eft
certain qu’on l’a trouvé fouvent en fouillant dans des endroits marécageux,
dont on avoit vidé l’eau; & c’eft ce qui a donné lieu de croire qu’il fortoit
de la terre, & qu’il n’étoit porté dans les rivières que par les inondations.
On a remarqué que dans les tems d’orage, ce poilfon quitte le fond , pour
venu fur la furface de l’eau, & témoigne beaucoup d’inquiétude. Il peut
par conféquent fervir de baromètre, en le mettant dans un verre avec un
peu de terre grafie- & de l’eau de pluie ou de rivière. Dans cet état, il
s’agite toujours vingt-quatre heures avant le commencement d’un orage
ou d’une tempête, il trouble l’eau, monte & defcend ; au lieu que par un
a) Gefn. Aquat. p. 373. ¿) Onomat, Hift. nat. Tom. IU. p. 14.,
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tems calme, il telle ordinairement tranquillement fur la terre. On peut
garder ce poilfon plus d’un an dans une chambre, en le changeant d’eaü
& de terre deux fois par femaine, & feulement une fois en hiver. Pendant
le froid, il faut le mettre dans une chambre chaude & dans un endroit
proche de la fenêtre. J’ai remarqué que ce poilfon jette de tems en tems
des bulles d’air par l’anus; ce que les -autres poilfons,font par la bouche;
E y a apparence que ce poilfon, qui n’a point de vélicule aérienne, rejette
par l’ànus l’air qu’il tire de l’eaü; au lieu que les autres poilfons, qui font
pourvus de cette vélicule, le rejettent, par la bouche.
La loche d’étang parvient à la longueür de dix à douze pouces, &
même d’une aune, félon Richter c). Pendant l’hiver, elle fe cache dans
la bourbe comme l’anguille, d’où elle fort au printems, pour dépofer fon
frai fur les herbages. Elle multiplie beaucoup, quoiqu’elle devienne fouvent
la proie du brochet, de la perche, & même de l’écrévifle. Cette dernière
la faifit avec fes pattes, lorfqu’elle eft encore jeune & la tue. La grenouille
mange aufli les petits nouvellement éclos. Elle fe nourrit de vers, d’infeétes,
de petits poilfons & de terre grafie. Cependant elle mord rarement à
l’hameçon. Dans le tems du frai, elle entre dans les nalfes garnies
d’herbages. D’ailleurs, on la prend au filet & à la truble. Selon Hoberg dj,
elle aime à fë retirer dans une tête de cheval décharnée. Sa- chair eft
molle & douce; & par conféquent peu eftimée des gens riches, fur-tout
parce qu’elle eft couverte d’une glu tenace & qu’elle a un goût marécageux.
Pour la délimoner, on ia met dans un vafe, où l’on jette du (cl : alors le
poilfon fe remue, fe demène & perd lui-même le limon, Au lieu de fèl,
on peut aufli mettre des cendres; & dans les deux cas, on le lave enfuite
avec de l’eau. .. \ .
L’eftomac eft petit; le canal inteftinal court & fans linuolités; le foie
long ; la vélicule du fiel grande ; la laite & l’ovaire doubles, - Ce dernier
contient environ 137,000 oeufs brunâtres, de la grofleur de la graine de
pavot Le coeur eft allongé; la vélicule aérienne manque. Prés de la
nuque, j’ai remarqué dans la cervelle, deux petites vélicules, qui
contenoient une fubftance lai-teufe. Il y avoit trente côtes de chaque Côté,
& quarante-huit vertèbres à l’épine du dos.
On nomme ce poilfon :
Schlammpitrger , Schlammbeißer, Grundel, en Pologne.
Pritjker , Peifiker, Pitßer, Mecrtru- Mural, en Bohème.
fche, Pfulfifih, Misgurn, Fisgurn, Wijun& Piskum, en Rufiie.
Schachtfiger, en Allemagne. Misgurn, en Angleterre.
Prißer, Schlammbeißer, Pihkfie, Loche d’étang, en France,
en Livonie. , Dootvjoo, au Japon;
c,) Ichthyol, p. 905. d) Adeliches Land -und Feldleben, p. 59a.