Êtttiailles pêfoit trois livres , & elle n’offroit extérieurement aucune
différence, fice n’eft quelle étoit un peu plus verte que les carpes ne le
font ordinairement; ce qui venoit fans doute des eaux mal-propres dans
lefquelles elle avoit vécu. Selon toute apparence, un hermaphrodite de
cette nature a trois manières de fe reproduire.
x?. Par lui-même; car comme dans les poilfons la fécondation s’opère
hors dncorps de l’animal, il peut en fe frottant-contre les plantes jetter
füccèifivement les oeufs & la laite, & féconderjes premiers par la dernière.
3°. Quand fa laite tombe fur d’autres oeufs.
3°. Quand fes oeufs font fécondés par la laite d’un autre poiffon.
Le caraffm & la gibèle produifent avec la. carpe des poilfons qui font
plus gros que les deux premiers, mais qui ne deviennent jamais auffi gros
que" la carpe : ils ne pèfent guère plus de trois livres. Gefner, Aldrovand,
Schwenckfeld, Schoneveld.Marfigii, Willüghby & Klein parlent delà
même efpèce bâtarde, que les poffeffeurs des étangs & les pêcheurs de nos
contrées connoiffent fous différens norns'Æ|ftOn les reconnoit i°. à -leurs
écailles plus petites & qui font plus attachées à la peau ; nlâjaux lignes
qui font fur les écailles, qui font de la longueur du poiffon ; 3°: à leur tête,
qui eft plus groffe & plus courte. ' Ils ne doivent pas non plus avoir de
barbillons; mais cela n’a lieu que lorfque les oeufs de la carpe ont été
fécondés par un . caraffm ou une gibèle ; car les efpèces bâtardes ont
toujours la tête & la queue du père. Comme je n’ai point encore eu
occafion d’examiner moi-même un de ces poilfons, j’ai dit ce que m’en a
appris un économe habile. J’ai voulu mettre les naturaliftes à même
d’obferver ces faits, que plufieurs révoquent en doute. T1 ferait aifé de
s’en alfurer, en mettant dans un étang des carpes femelles avec des
earaffins ou des gibèles mâles. Les auteurs dont nous venons de parler,
fe trompent en faifant de ces poilfons une efpèce particulière; car ils ne
peuvent jamais être produits fans le concours de deux efpècès. D’ailleürs
fi ces poilfons produifent eux-mêmes, ils retombent alors dans la première
efpèce, même quand ils feroient fécondés par des efpèces différentes; c’eft
ce qui arrive auffi fort foüvent dans le règne végétal. Je rapporterai encore
une chofe que les anciens ont regardée comme un phénomène étonnant,
& les modernes comme une fable. Nous trouvons dans Rondelet /);
Gefner m') & Aldrovand n), des figures de carpes qui ont une tête de
mort; Richter en rapporte une qui a une tête de morue 0); & il y en a
k ) Karigs-Karpfc, Karfch-Karpe,- Karutzken-
Karpe, Karp-Karajs, Halb-Karafs, Sittig-Karpf-,
Çharax craflior longior, CaraiTus dimidius, Halb-
Karifs, Karp-Karifs, Carafïïi fecundum genus.
Gefn. CaraiTus adulteratus, Cyprinus nothus, Cy-
pranus tertius. Marfigli. ‘
l) De Pifc. P. H. p. 154.
ni) Aquaç. p. 314. Icon. Anim. p. 196.’Tliierb.
p. 165.
71) De Pifç. p. 640.
S*) Icht. p. 550;
une dans Meÿer p) qu’on voit avec une tête de dauphin. Nous ne rendrions
pas juftiçe à ces auteurs fi Ces faits augmentés par l’imagination & l’amour
du merveilleux nous paroilfoient autre chofe que ce qu’ils font en effet. Ces
formes fingulières ne viennent que de quelque- bleffufe, qui aura produit
une cicatrice dans la tête. Cela peut, "arriver lorfque par un téms'chaud
les carpes viennent fe 'cacher: dans l’herbe épailfe des bords, où les
faucheurs peuvent d’un coup 'de faux leur faire, une bleffure confîdérable
à la tête, ou même leur enlever un morceau tout entier. Circonfiance qui
prouverait encore combien ce poiffon a la vie dure.- Cette dernière qualité
fe confirme encore en ce qu’on peut les châtier. Tull, pêcheur anglois
a inventé: cette opération pour faire engraiffer les-carpes.ÿ||? & la Tour
a vu par expérience que de plus de deux cents carpes ainfî châtréèsy il
en mourait à peine quatre r).: :
Confine la carpe eft un poiffon généralement eftimé, il a excité
l’attention de tous les économiftes de î ’Kurope, qui ont tâché de le
tranlporter & de le naturalifer dans leurs lacs. Je vais parler des moyens
qu’ils ont pris pour y réuffir ;
Les poffeffeurs d’étangs divifent les carpes en privées & en fauvagès.
Les premières font.celles que les hommes ont tranfportées &-mifeS dans
les étangs, : où ils les gardènt & les nouriffent pour' s’en fervir au béfoin.
Les autres font celles qui vivent dans les lacs & les rivières. Quoiqu’il fe
■trouve, quelquefois un grand nombre de carpes'dans les rivières, telles
que la Havel, la Sprée & le Rhin. La pêche des carpes fauvagès n’eft pas
cependant fort confîdérable, fi'on la compare avec Celle des carpes
privées, qui offre une branche très-confidérable d’économie. On fait de
ces pêches confidérables en Luface,;en Bohème, en Siléfîe & en Pruffe.
Le Roi de Pruffe a fait faire en 1768, dans les environs de Zoffen, des
•étangs à carpes qui ont très-bien réuffis r).
p) Thierb.I Tli. p. 12. " [. lès poflèflèurs n’avoient plus de qu'oi les entretenir,
! p Philof Tranfaft. V. p. 4$. Art. 106. & qu’ils relièrent-abandonnés. C’eft à re'conoraie
r ) Pour faire cette opération, on ouvre le nationale à fonger maintenant à faire réparer ces
ventre diipoiflon, & on le recout à mefure qu’on étangs inutiles, oîi des eaux ftagnantes produifent
en tire les oeufs ou les laites. Quelle cruauté ne aftuellement des exhalaifons dangereufes & des papous
permettons-nous pas contre les animaux, pour, turages mal-fains. Du tems des Vendes, le platfatisfaire
notre gourmandife ! pays de la Marche étoit beaucoup, plus peuplé &
s) On trouve dans toute la Marche des veftiges, plus cultivé que de nos jours. Le travail & l’inqui
prouvent que du tems des": Vendes, la plupart duftrie fe font maintenant retirés dans les villes &
.des marécages étoient en communication par le les campagnes font devenues., pour ainfî dire démoyen
de plufieurs foiïes: ce que le tems a dé- fertes & ftériles. Les campagnes jadis fertiles, font
truit, Proba:blement la plupart de ces marécages à préfent couvertes de fable ou de bruyères ; les
•étoiertt des étangs à carpes ou à d’autres poiflons gras pâturages font changés en marais, en bourutiles.
On trouve dans les campagnes de Chorin biers, en mares nuifibles aux beftiaux; & les endroits
des traces de ces étangs, oh le couvent de Chorin oh il y avoit des étangs, ne font plus reconnoiflàgardoit
des carpes & d’autres poiflons. Mais ces bles, ou âù moins il faudroit de grandes dépenfes
étangs auront dépéri [dans le tems de la guerre de pour les remettre en état,
trente ans, & après la réformation j parce qu’alors