verd très -foncé. La nageoire de la poitrine eft d’un rouge brun ; & celle
du dos, qui eft plus éloignée de la tête que celle du ventre, d’un rouge
verdâtre. La ligne latérale commence à la nuque ; forme une courbure
vers le ventre; finit à la queue, & a des deux côtés trente points élevés:
les côtés font ordinairement d’un blanc tirant fur le jaune.
Le rotengle eft un dés poiifons les plus communs de nos contrées.
On le trouve dans la Marche de Brandebourg & en Poméranie, dans les
lacs & les rivières qui ont un fond fablonneux. Autrefois ce poilfon étoit
fi commun aux environs de l’Oder, qu’on le donnoit aux cochons,
faute de pouvoir le vendre a).
Le rotengle mùltiplie.beaucoup ; & l’on peut s’en fervir avantâgeufement
pour nourrir le fandre, la perche, le brochet & la truite. Comme il a la
vie dure, on peut le tranfporter aifément.- Il fraye en Avril; & lorfqu’il y
fait chaud pour la faifon, le frai ne dure communément que quatre jours.
Il dépofe fes oeufs fur toutes fortes , de plantes aquatiques. Les pêcheurs
profitent ordinairement de cette circonftance : ils enfoncent dans l’eau
•des pieux en forme de cercle ; ils y adaptent des naifes qu’ils couvrent de
branches de bruyères. Le poilfon entre de lui-même dans les naifes;
mais il en fort bientôt, fi l’on n’a pas foin de les lever bien vite.
Une des caufes de la grande multiplication du rotengle, vient fans
contredit de ce qu’il ne peut pas dépofer fes oeufs tout d’un coup-, mais
peu à peu. Quand le froid, les inondations ou quelqu’autre caufé- en
détruit une partie, l’autre eft toujours confervée. Dans un poilfon dé dix
onces, le double fac qui contient les oeufs, pefoit fept dragmes, &
contehoit environ 91,720 oeufs jaunes. Dans le tems du frai, on peut voir
furies écailles des mâles, des petites eXcroilfances dures /pointues, qui
difparoiffent après le tems. , Ce poilfon fe nourrit comme ceux dont nous
parlerons bientôt : lui-même fert de nourriture au brochet, à la perche,
au fandre & aux oifeaux d’eau. On le prend dans toutes les faifons de
l’année. Dans le tems de fes amours, on le pêche fur-tout aifément au
filet & à la naffe.
Le rotengle ne devient pas fort gros : il parvient à peine à la longueur
d’un -pied, & pêfe rarement une livre. Dans le tems du frai & en hiver,
il eft ordinairement maigre ; mais en Été, il eft gros, &' fa chair eft
blanche & d’un bon goût, fur-tout lorfqu’il eft jeune. Cependant comme
il a beaucoup d’arrêtes, il n’y a guère que les gens du peuple qui s’en
nourrilfent Comme il n’eft pas gras, fa chair eft une nourriture fort faine.
Du refte, ce poilfon eft du nombre de ceux dans le corps defquels on
trouve quelquefois une efpèce de vers folitaire b).
a) Beckmann, Gefchichte der Churmarck, h) Voyez ma Diflertation, intitituie'e: Preis-
Iter Th. S. 365. fchrift Über die Eingtweidwürmcr* S. a.
D V R O T E H G :Ji E. • aq
Des deux côtés de chaque machnire, le rotengle a deux rangées
de dents un peu courbées & en forme de feie : cinq font à la rangée
antérieure, & trois à la poftérieure: ces dernières font plus courtes que
les autres. Le canal des înteftins a deux finuoiités; l’épine du dos
trente “fept vertèbres; •& il y a feize côtes de chaque côté. Les autres
inteftins font femblables à Ceux des autres poiifons.
Le rotengle eft connu fous plufieurs noms. On le nomme :
P lotie, dans la Marche éieétorale, Rud & finfcalè, en Angleterre,
dans la Poméranie, la Siléfie & la Sarf, en Suède.
Prulfe. • Skttlle <&fâî&Î|&y,enDattttêmâfd.
Rothauge, en Saxe, en Autriche Plah*roie, en Nortvège,
& en Empire. PloÈ&tplotka, eri Pologne.
Ruifch & rietvoorert, en Hollande. Sidrnyuketiégh, en Hongrie.
Les anciens ichtyologiftes ne parlent point de ce poilfon, fans doute
parce qu’ils l’ont confondu avec la rolfe, qui lui relfemble beaucoup.
Schwenckfeld fut le premier qui, au Commencement du dix-feptième
fiêcle c), fit une différence entre ces deux poiifons. Il donna à la rolfe
le nom de rubellio; & appelle le rotengle érythrinus d). 'Ceux qui font
fuivi n’ont pas obfervé les caraétères diftinétifs de ces poiifons : tels font
Aldrovand, Sclwnveld & Jonjlon. Vers la fin du même fiêcle, VPil.lughby
divifa de nouveau ces poiifons en deux elpèces, & donna leurs caraétères
diftinétifs e). Il nomme le rotengle érytrophthaltnus ; & donne à la rolfe
le nom de rutilus. G’eft. à lui que nous devons le premier deffin du
rotengle, qui cependant eft alfez mauvais. Artédi s’effi donc trotopé en
difant que nous n’avons point de delfin de ce poilfon/). Le deffin que
Mariigli donna enfuite, ne vaut guère mieux. Ceux de K lein / , Meyer K)
& Pennantz) font plus fidèles ; mais celui de Miiller i ) eft auffi bien
mauvais;
Les citations de Gronov font en partie faulfes /) : car le poilfon de
Gefiler, dont il parle, eft la- rolfe; & celui de Klein qu’il cite auffi, eft le
meunier. Celles de Wulff ni) font toutes faulfes ; car aucun des auteurs
qu’il cite, n’a voulu défigner le rotengle fous le nom qu’il rapporte.
- c) Theriotroph. p. 443.
d) Dans le même livre.
e ) Icht. p. d49.Tab. Q. 3. £ 1.
f ) Synonom. p. 3.
g) MiÆ Pifc. V. Tab. XIII. fig. a.
h ) Thierbuch. II. Tab. 53,
j ) Britt. Zool. III.P1. 7a*
k ) t IV. Tab. a. fig* j .
/ ) Zoophyl. 1. p. 107* tt, 34a
m) Icht» p. 46. n. 60»