dans quelques, contrées de ce fleuve, qu’on.fait -flécher à l’air la peau
graffe de cet animal; & on s’en fert au lieu -dé'lard /). On peut, à
certains égards, regarder le filme comme, la Baleine d’eau douce'. On
en trouve aufli dans nos contrées d’une grofleur confidérablè. Il n’y a
pas longtems qu’on en a péché un dans. les canaux de Berlin qui pefoit
foixante & dix livres, & un autre de quatre-vingt quatre. fflr.: lndoéteur
Heim m’a a f f in é qu’on avoit péché, il y a quelques 'années;: dans un lac
des environs de Spandow un filure qui pefoit cent-vingt-livres. Em 1761,-
on en prit un à Writzen fur l’Oder, dont la chair falée remplit deux tonnes
& demie: une tonne pèfe.ordinairement trois cents, livres; ainfi ce poiifon
pefoit fans les entrailles, la tête & les nageoires fept cents cinquante livres.
Le filure eft un poiifon fort nonchalant. Ses nageoires font courtes?
fon corps gros, & il ne peut nager que lentement; Il eft entre;les poiffons
ce que 1 e pare/feux eft parmi les quadrupèdes. II. vit de proie:;. Il ne fe jette
pas fur fa proie comme les autres poilfons de cette claffe : il l’épie dans
des creux & dans des embufcades comme fourmilion épie les mouches.
Il fe retire ordinairement dans des bateaux enfoncés, fous des planches
& des poteaux pourris. Sa parefle poufroit bien l’expofgr au danger de
mourir de faim, fi le Créateur n’avoit pourvu d’une autre .manière à fa
fubfiftance. La ftruéture de fon corps efttellé que les autres poiflons- s’en
approchent fans le remarquer. Il eft d’une couleur obfcure, qui; fait qu’on
le diftingue peu de la bourbe., : dans laquelle il fe couche,?; il n’a point
d’écailles brillantes qui puilfe le trahir, & fes yeux font trop petits, pour
que l’on puilfe remarquer l’.éclat phofphorique qu’ils jettent, comme dans
la plupart des autres animaux. D’ailleurs, fes longs barbillons lui fervent
admirablement pour attirer le poiifon: car lorfqu’il joue avec fes barbillons,
les poilfons les prennent pour des vers, & au moment oii ils.s’emparent
de leur proie, le filure les gobe. Voilà félon moi, la deftinàtion particulière
des barbillons; car je ne faurois m’imaginer,: comme quelques; auteurs,
qu’ils ne foient d’aucune utilité; ou comme d’autresqu’ils fervent aux
poilfons comme les antennes aux infeétes Cette deftinàtion des,
barbillons me parolt d’autant plus naturelle, que les autres efpèces de
poilfons qui ont la mâchoire fupérieure avancée de manière à les empêcher
de s’emparer aifément de leur proie, ont de longs barbillons qui leur facilite
cette prife. Tels font le grand & le petit efturgeon, le fterlet & le barbeau.
Comme le filure fe tient dans les creux, & qu’il ne s’élève que dans le
tems d’orale, il a peu de chofe à craindre des autres poilfons voraces.
Hais fes oeufs font dévorés avec avidité par l’épinoche, la jeune anguille
& la lotte : de même que fes petits le font par les grenouilles. Cependant
il ne multiplie pas beaucoup ; parce qu’il n’a qu’une petite quantité d’oeufs.
Il croît quffi fort lentement, Qn le prend à l’hameçon & au trident, mais
rarement au filet, parce qu’il fe tient toujours dans les creux. Ces poilfons
vont ordinairement deux à deux mâle & femelle. Au printems, ils fortent
çnfemble à minuit, & viennent furies bords pour fe ralfafier des oeufs des
autres poilfons ; mais ils rentrent bientôt dans leurs trous. Ils ont la vie
dure, A paroiffent ne pas; avoir beaucoup de fenfibilité. Celui que j’ai
repréfenté ici relia longtems dans la pofition où on le, voit, fans remuer
autre chofe qu’un peu les barbillons de tems en tems. '
La chair du filure eft blanche, grafîe, doucereufe, &plufieurs perfonnes
la trouvent bonne, fur-toùt la partie qui eft proche de la queue ? cependant
comme elle eft gralfe, vifqueufe, moflafle, & par conféquent difficile à
digérer, on nefauroit la confeiller aux eftomaCs foiblësf Dans les environs
du Wolga, où ce poiifon fe, trouve,en grande quantité,, on fait de la
colle avec la véïicule aérienne; mais elle n’eftpas fi bonne que celle qu’on
fait avec le grand efturgeon.
L’éfophage & l’eftomac font comme dans le brochet, pourvus de
grands plis. Le canal inteftinal eft court, & n’a qu’une finuofité. Le foie
eft gros, & coflfifteen un lobe court & un long. La véïicule. du fiel
eft longue, & le fiel qu’elle contient eft jaune. La véïicule aérienne eft
courte, large, & divifée dans fa longueur félon l’impreflion que fait fur
èlle l’épine du dos. La laite eft double, aufli bien que les ovaires. Les
derniers çontenoient environ 17,300 oeufs verdâtres dans un filure de trois
livres. On trouve cent dix vertèbres à l’épine du dos, & vingt çôtes de
chaque' côté,
Le filure eft connu fous différens noms. On le nomme :
W ek , en Allemagne, Zolhme, chez les Calmouques.
Schadea, en Autriche. Sium, en Pologne.
Mal, en Suède. Hardjehq, en Hongrie.
Mail. & Malle, en Dannemarç. Harcha, en Italie.
ÎVels & Çkam-'Wek, en Livonie. Meeryal, en. Hollande.
Som., en Ruffie. ■ T k S kat-Fifk, on. Angleterre.
Dfchium, en Tartafie, Silure, en Franoe.
Arijlote iz) & Pline ¿) difent que le mâle refte couché pendant
quarante à cinquante jours furies oeufs pondus par la femelle, & empêche
par-là que les autres poilfons ne les dévorent: mais cette aifertion eft
contredite par l’expérience, Car, 1°. les petits éclofent entre le fixiême
a) Hift. anim. Lib. 6. cap. 14. Je ne m’atte^çis yeux deviennent vifîbles quelques jputs, après la fé~
pas à trouver dans ce philofopt.e des obfervaâçns condation, Une autre ebofe que je n’ai pu appercefaites
dans un fiècle qui ¿tqit priv.ç. de. tant de voir, c’eft que l’oeuf devienne plus gros le jour
moyens pour en faire: favoir, que l’oeuf fe'condé eft même qu’il a reçu la laite,
plus clair que celui qui ne l’cft past & quç les H. N. 1. 9. c. g i.