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de blanc & de noir. Les nageoires pectorales font violettes par en haut;
jaunes par- en bas, & noirâtres vers les bords. Les nageoires ventrales
ont un fond violet; & on remarque au-deffus un appendice ventral,
qu’oir ne trouve point dans les autres carpes larges. La nageoire de l’anus
elt grife dans le milieu, noirâtre vers les bords; celle de la queue, qui
eft fourchüe, & dont la partie inférieure eft plus longue que la lhpérieure,
eft parrtoufsd’un bleu foncé. La nageoire dorfale eft de la même couleur,
& eft plus éloignée de la tête que celles du ventre.
Ce poiffon eft un des plus important de nos contrées.'-On le trouve
dans tous les grands lacs,. & dans les rivières d’un cours tranquille, dont
le fond eft compofé de marne, de glaife & d’herbages. On le prend
principalement fous la glace : alors la pêcherie eft fl confidérable, que
dans quelques lacs des États du Roi de Pruffe, on en- prend quelquefois
pour trois, cinq & jûfqu’à fept cent écus d’un feul coup. On en prend auffi
une grande ■quantité dans le Holftein a ) , le • Mecklenbourg è j 4 'len
Livonie c ) & en Suède. Dans un lac de ce royaume, fitué auprès de
NorcUdoeping, on en prit au commencement du mois de Mars 1749,
cinquante mille en un feul coup, quipefoient 18,300 livres. d)
La brème devient affez groffe. On en trouve communément qui font
longues d’un pied & d’un pied & demi, & qui pèfent douze à quatorze
livres : on en a vu auffi de vingt livres é). Ce poiffon fe tient ordinairement
dans le fond dé l’eau, où il vit d’herbes, de vers & de terre graffe. Au
printems, il cherche les rivages unis, garnis de joncs & d’autres plantes.
Lorfqu’il fe trouve dans un lac qui communique avec quelque rivière, il
y remonte avec le courant de l’eau. C’eft-là qu’il dépofe fes oeufs fur des ■
herbages. Ordinairement la femelle eft fuivie de trois à quatre mâles. Il
fembleroit que ces animaux, qui fe trouvent alors en grande quantité, &
qui font un grand bruit dans l’eau, devraient s’y accoutumer; cependant
au moindre fon étranger, ils s’éffrayent & fe précipitent au fond.
En Suède, une expérience de plulieurs années a prouvé, qu’il fuffiioit
quelquefois du fon d’une cloche pour faire fuir les brèmes d’un endroit où
elles s'arrêtaient en quantité depuis longtems : voilà pourquoi on évite
durant ie tems du frai, de faire le moindre bruit, même aux jours de fête,
dans les villages où l’on pêche ces poiffonsy).
La brème fraye au mois de -Mai, ou à la fin d’Avril quand il y fait
chaud. Cette opération fe fait en trois fois : les plus groffes commencent;
les moyennes viennent enfuite, & enfin les plus petites. Quand il fait
beau, il fe paffe toujours neuf jours entre chaque époque ; mais quand il
fait froid, rien n’eft réglé, & elles frayent au premier beau tems. Dans le
<z) Schonev. Icht. p. 33.
Flemm. Jagerb. p. 411.
e ) Fifcher Liefland. p. 117
Part. I.
d~) Ricktcr. Icht. p. gaft.
e ) Onom. foreft. pifc. 1. Th. p. 365.
/ ) Schwed. Abhandl. <13. Band. p. 187.
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