cherche les endroits les plus rapides, afin de pouvoir fe frotter contre les
petits cailloux. Hors de ce tems, il fe tient ordinairement fur la furface
de l’eau. J’ai trouvé dans ce poiffon un li grand nombre d’oeufs, qu’ils
pefoient prefqu’autant que le poiffon même. Us étoient fi petits, qu’il me
fut impofiible de les compter. Depuis quelque tems on a trouvé ce
poiffon dans le Vefer; & il s’y multiplie fans doute beaucoup; car on en
prend un grand nombre à la ligne & au filet. Ce poiffon peut très-bien
fervir de nourriture à la truite, parce qu’il fe tient dans les mêmes eaux.
Comme il eft petit, il devient facilement la proie de toutes les efpêces
voraces, n fe nourrit comme les autres carpes, d'herbes & de vers.
Sa chair eft blanche & d’aifez bon goût Le canal des inteftms a deux
finuofités; l’épine du dos trente-trois vertèbres; & on trouve quinze
côtes à chaque côté.
On nomme ce poiffon :
Alandbleke, en Weftphalie. Lauberi-, en Bavière,
1 Spirlin, à Strasbourg a).
Nous ne fuirions décider fi ce poiffon fut connu aux anciens
ichtyologiftes, &,fi c’eft celui qu’ils ont nommé Bambèle à groJfes écailles b).
Les mauvaifes figures & le manque de deferiptions, nous laiffeht dans
l’incertitude à cet égard. La figura du poiffon auquel Marfigli donne le
nom de Reislauben c) a, à la vérité, beaucoup de reffemblance avec la
nôtre. Mais comme il avoue lui-même que fon deffrn n’eft pas exaét, il
eft clair qu’il a voulu décrire un poiffon d’une autre elpêcê.
La defeription que M. Leske nous donne de fon Elntre, convient affez
à notre fpirlin ¿ ) ; & je croirais volontiers que c’eft le même poiffon, fi
les auteurs qu’il cite à ce fujet, ne nous prouvoient qu’il n’a pas voulu
parler du ipirlin, mais du véron, que l’on nomme en allemand Elrit^e.
a) M. Opitz, dofleur àMinden, me l’a envoyé
fous le nom à'Alandblecke, & M. Her-
mann , profeifeur à Strasbourg, fous celui de
Spirlin.
b) Geiher, Thierb. p. 15g. Phoxinus fquamofus
major, ^illugbh. p. atfg. Jonfton, p. 144.
tab. a^. fîg. 5.
c ) Danub. IV. tab. 18. fi g. et. Phoxin. p. 64.
d) Specim. Icbt. p. 47.
LA
D e l a B o ‘W v 1 È r e . 45
; L A B O B VrI È R E.
C Y F R I X V S A M A 11 V S.
V I I I * “ * P t A N C H S, F I G. y.
Sept rayons aux nageoires de la poitrine & du ventre ; Cyprinus pinfiis
pecloralibus vemraUbusquêrhoJJîculis feptttn. P. VIJ. V. VU. A . xr.
C. xx. D. x.
La B,ouvière ou Peteufe. Duham. Tr. des La Bouvière ou Peteüfë. Defcrîpc. des Arts
' Pèches. Tom. II. p. 514. Pl. 6. fig. 5. & Mét. Tom. XI. p. 334. Pl. 14 .% . 4.
L a bouvière eft le plus petit poiffon du genre des carpes. On le diftingue
des autres efpêces aux fept rayons des nageoires pectorales & ventrales.
On trouve onze‘ rayons à la nageoire de l’anus, vingt à celles de la
queue en comptant les petites, & dix à celle du dos.
Ce petit poiffon eft du nombre des carpes larges; car il n’a jamais plus
de deux pouces de long, & a plus d’un demi-pouce de large. U eft
tranlparent comme prefque tous les petits poiffons. La tête eft petite &
cunéiforme. Les mâchoires font égales; les yeux petits; la prunelle eft
noire, & l’iris rouge par en haut, jaune par en bas. Les opercules des ouïes
font jaunâtres; les écailles grandes à proportion du poiffon. Ces dernières,
vues à la loupe, paroiffent marquées de petits points noirs. Le dos eft
d’un jaune verd, effilé au-deffus de la nageoire dorfale, rond au-deffous-
Les côtés font jaunes au-deffus de la ligne latérale; au-deffous ils font
blancs aufli bien que le ventre. Cette ligne forme une courbure près de la
nuque; en allant vers le ventre, elle devient noirâtre, & vers la queue,
elle eft d’un bleu d’acier. Les nageoires de la poitrine, du ventre & de
l’anus font rougeâtres ; celles de la queue & du dos verdâtres.
' La bouvière aime les eaux pures & courantes qui ont un fond de
fable. On ne la trouve que dans les rivières ou dans les lacs qui font
traverfés par quelques rivières : tels que le iâc Migel, qui eft auprès de
Ccepenie. La chair de ce poiffon eft amère ; ce qui lui a fûrement fait
donner par les allemands le nom de Bitterling. On le fert rarement fur
nos tables. Comme il ne fait pas un objet de gain pour les pêcheurs, ils;
y ,font fi peu d’attention, que je n’ai pu apprendre d’eux le tems du frai.
Tout ce que je fais, c’eft qu’il a un grand nombre d’oeufs très-tendres,
très-blancs, & fi petits qu’il eft impofiible de les compter. Malgré la grande
quantité d’oeufs de ce poiffon, & quoique l’amertume de fa chair l’expofe
rarement à la pourfuite des hommes, il ne multiplie cependant pas
Pan. I. M