aux carpes. En Été, on leur jette du pain; en hiver, comme elles ne
viennent point fur la furface de l’eau; on leur jette des pois & des fèves
cuites, qui tombent au fond. Ce qu’il y a de remarquable ; c’eft que
lorfqu’on fonne une cloche pour avertir les carpes qu’on va leur donner
à manger, les tanches ne viennent pas auflitôt avec elles; mais qu’elles
paroiffent n’être averties que par le brait que font ces dernières en courant
après la nourriture. Je ne fais li elles ont l’ouïe plus dure, ou fi cela vient
de ce qu’elles ont moins d’intelligence que les carpes pour diftinguer
le lignai.
Ce poiffon aime la chaleur ; car en hiver & au printems il fe cache
dans le fond,' fous les branches qui tombent dans le canal; mais en Été,
il nage en petites troupes vers la furface de l’eau, où il eft attiré par la
chaleur & non par la lumière du foleil. Une chofe qui confirme cette
obfervation; c’eft que celui que j’ai eu dans ma chambre, fe tenoit toujours
vers le côté du vafe qui étoit ombragé, & cherchoit de nouveau l’ombre
lorfqu’on mettoit le vafe dans une autre place. Il y refta tranquille pendant
quelques femaines ; mais dans la fuite ayant mis dans le même vafe une
roife & un caraifin, qui faifoient beaucoup de mouvemens dans leur nouvelle
demeure, il commença aufii à tournoyer ; & lorfque j’eus ôté les autres
poiifons, il quittoit de tems en tems l’ombre pour nager: mais cette
promenade ne durait pas longtems. Je l’ai gardé pendant quelques mois
dans de l’eau de fontaine, que je faifois renouveller de tems en tems,
& dans laquelle je jettois du pain. Le poiffon y étoit auffi vif que dans
le canal d’où on l’avoit tiré.
La dorée d’étang a la vie dure; la mienne a iurvécu au goujon, à la
bordélière, au rotengle, à la roffe, & même à la tanche ordinaire que
j’avois mife dans le même vafe. m
| !f ! l|
!|jl
II
Ül
i