96 D e la m a n iè r e de f a ir e é c lo r r e l e s (OEufs,.
comment des animaux infiniment tendres & délicats ne font pas détruits;
fur-tout dans les endroits profonds, où.l'eau coule avec le plus de rapidité,
& où un grand nombre de poilfons dépofent leurs oeufs. La manière dont
les oeufs éclofent n’eft pas moins étonnante. Quelques poilfons frayent en
hiver, comme la lote, &ci Chez les poiffons il n’y, a,point de copulation
entreles fexes. La femelle pond les oeufs, inféconds, & les mâles .qui la'
fmvent,. les.fécondent enfuite, en laiffant couler fur eux leur, laite ,oii
femence. J’ai dit, en parlant des carpes,■ la raifon pour laquelle les
femelles quittent les fonds dans. le. tems du frai, pour venir dépofer leurs
oeufs dans les endroits unis& couverts d’herbàgesL C’eft par la même
raifon que lés mâles quittent leur retraite d'hiver* &■ accompagnent les
femelles. La iaitc, telle que les tefticules des animaux, eft'enfermée dans.
deux facs, & à peine vifible . après le tems. du frai; de même que les
tefticules des oifeaux après la couvée.: Après le longfommeil des poilfons,
durant l’hiver, la laite commence à augmenter, .s’enfle, .pielfe les .entrailles,,
étend les parties extérieures du bas-ventre; ce qui lui caufe une'douleur
dont il cherche à fe débarraffer, comme la femelle,; eoeife frottantxontre
les herbes ou les pierres. Gomme le gonflement eft bien plus confidérable
dans les femelles, elles font auffi les premières à;'tâcher à fè foulager,
& à chercher ;dea endroits proprés-à dépofer leurs éeufo; Les oeufe.qui
font imprégnés d’une matière gluante,:,reftent attachés aux.plantes, aux
pierres & aux autres corps: durs, & font enfuite fécondés par les; mâles
de la manière que nous avons dite. Cette matière gluante ne.fe trouve
point fur les oeufs lorfqu’on les a fait fortir avant le tems, en prelfant le
ventre dé la femelle. : . : • . .: ■ '• ¡.' -
Dans les animaux tels que nous les c.onnoiffonsS,foies deux fexes font
ordinairement en proportion £¡1,3 fi l’on en excepte cependant les vers:
des inteftins, .où les femelles font en. bèaucoup plus grand nombre que
es mâles. Chez les poilfons, au contraire, on a remarqué que les mâles
font au moins une fois auffi nombreux que les femelles. La raifon de cette
différence vient fans doute de la manière dont ces animaux fe reproduifent;
car comme les oeufs font fécondés hors de la femelle, fi le nombre des
mâles n’étoit pas plus confidérable., la plupart d’entr’eux refteroient
inféeondés. .
Le développement du poiffon dans l’oeuf n’eft pas moins merveilleux.
J’en, parlerai en peu de mots. J’ai dit plus haut ce qu’on remarque dans
un oeuf le premier jour. Le fécond, la plac.e en; forme de creiffant, dans
laquelle
g ) Il eft vrai que dans quelques efpèces d’oi- & par conféquent plus expofés aux embûches des
féaux, telles que les faifans & les perdrix , on hommes & des animaux carnaciers ; au lieu que les
trouve plus de mâles- que de femelles; mais cette dernières plus timides, fe cachent, & échappent à
inégalité eft nécellàire pour la confervation, de leurs pourfuites. <
l’efpèce. Les mâles font plus hardis que les femelles,
D e l a m a n i è r e d e f a i r e é c l o r r e l e s (OEu f s . 9 7
laquelle on remarque de tems en tems un point qui fe meut li) , & devient
un peu trouble. Le troifième jour, on remarque en cet endroit une maife
plus épaiffe, qui d’un côté eft fortement attachée, au jaune, & de l’autre
eft libre, fig, 5. 7. A un bout de |§ partie qui touche au jaune, on
àpperçoit le contour du coeur, dont le mouvement s’augmente alors, la
malfe elle-même, où l’embrion fe remue de tems en tems du côté qui eft
libre; c’eft-à-dire de la queue. Le quatrième jour, on voit augmenter
les battemens du pouls, de même que le mouvement de tout le corps.
Le cinquième jour, dans une certaine pofition que prend le poiffon dans
fes divers mouvemens, on àpperçoit la circulation des humeurs dans les
vaiffeaux. Le fixième jour, on diftingue l’épine du dos & les côtes qui y
font attachées. Le feptiême , on découvre à la limpie vue dans l’oeuf,
deux points noirs fig, 6.7., qui font les yeux : alors on àpperçoit déjà toute
la forme du poiffon, & les vertèbres & les côtes font fi diftinétes, qu’on
peut les compter fans beaucoup de peine à l’aide d’une louppe ordinaire.
Quoique le jaune diminue à proportion que l’embrion augmente, le
poiffon n’a pourtant affez de place pour fe tenir dans une ligne droite,
& il fait une courbure avec fa queue, fig. 7. Alors les mouvemens font fi
vifs., que lorfqu’il tourne le corps de côté & d’autre, le jaune tourne
en même tems; & ces mouvemens augmentent à proportion qu’ils
s’approchent du moment de fa naiffance, qui arrive entre le feptiême &
le neuvième jour. Les coups répétés de la queue contre la peau de l’oeuf,
la rendent fi mince, qu’elle crève à la fin : alors le poiffon fort, la
queue la première fig. 8-, en redoublant fes mouvemens, afin de détacher
fa tête, qui tient au jaune, & de fe mettre en liberté. Bientôt après, il
fe réjouit de fon exiftence dans le nouvel élément qu’il habite, & court
çà & là dans l’eau. Comme les poilfons éclofent par le moyen de la
chaleur du foleil, & que dans le tems du frai, fes rayons n’échauffent pas
toujours également les eaux , le développement du poiffon n’a pas toujours
lieu dans le même tems; & l’on peut voir les chofes que j’ai indiquées,
un jour plutôt ou plus tard.
Outre les oeufs des poilfons dont j’ai parlé plus, haut, j’ai fait éclorre
auffi de ceux de quelques autres poilfons ; & j’ai fait les mêmes
obfervations. Il eft remarquable que dans l'oeuf même, on peut diftinguer
d’abord la brème de la boj'délière, parce que dans cette dernière l’iris
jaune eft déjà fenfible dans l’oeuf. C’eft un fpeétacle fort amufant de voir
fe remuer avec tant de vivacité dans l’eau, plufieurs petits ànimaux de
cette efpèce, extrêmement délicats, & tels qu’on les voit fig. 9. a.
A) Punétum faliens. i ‘ : ' tuyau ^i. Ces objets ie font:, remarquer le mieux à
i ) Je me fuis fervi pour ces obfervations d’un la clarté d’une lumière médiocre,
microfcope de Hoffmann de Leipzig, & j’ai pris le
Part. I.