148 O r y c t o l o g i e , I I . P a r t i e .
L e s Dentrittes font des Pierres arbjorifees * qui reprefen-
tent différentes ramifications, dont on ne fe l'aile point d admirer
le travail.
Les Pierres de Flofence appellées Pietra citadina , repre-
fentent de même des V i l le s , des M a ifon s , des Montagnes ,
des Tours , des Clochers 5 il y en a qui nous offrent des pay-
fages , des bruyères , des moufles & autres arbrifleaux. ^
L ’empreinte des fougères fur les ardoifes que Ion trouve a
S. Chaumont en F o r e ft , fur le Mont Guppen dans le Canton
de Glaris en Suifle , fur le Mont Bolca proche V é ron e
en Italie , dans le Comté de Mansfeld, & dans plufieurs endroits
de l’A llemagne & de l’Angleterre , pourroit faire croire
que les arbres ° les buiflons & les autres figures que l’on
remarque fur les Pierres de Florence & fur les Agathes appellées
Dendrittes , font de même nature.
B Nature 11 y à de ces Pierres, ainfi que des A rd o ife s , qui ont leurs
ludfbrîa. parties & leurs contre-parties, c’eft-à-dire , la partie de delfus
(i)Nonflui- qui s’eft imprimée fur la couche oppofee 5 elles font feparees
dum per to- en j cux } & leurs con tou rs, de même que leurs feuillages
Dencicitïs fu- fe répètent & fe rapportent exactement dans toutes leurs
perficiem e f- parcies. a i
minu- T ou tes les Dendrittes & les Pierres de Florence font de
tarum guttu- vrais jeu x de la (a) nature. Les figures de maifons & les feuil-
îarum adhæ- jag es ¿ e celles de F lo ren c e , pénétrent l’épaifleur de la Pier-
Hbuitsiffttî! r e , 8c s’évanouiflènt au f e u , qui étant pouffe viv em en t, coù-*
îuiasfmguia- vertit la Pierre en ve rre ; d’autres perdent le noir qui forme
tumconcrc_ le de ffe in , 8c confervent néanmoins leur figure.
DU. Des matières métalliques , des fucs bitumineux 8c fulphu-
Scheuchker. p. reuX de différentes couleurs , mais fluides , fe renferment 8C
BMê s’étendent entre deux lames ou plaques d’une matière d’abord
(t) Diverià m o lle , Comme feroit du T u f ou de la G la i f e , qui enfuite fe
demquerami-^ fig e , fie par le moyen d’un fuc lapidifique fe durcit en Pier-
ficationuâdi- res ^ en Agathes 8c en Marbres.
d« ab ipPfâ . Elles y forment des feuillages & des figu re sd e différentes
fuiphurîs & couleurs , lefquels ne font point brouillés ni étendus les uns
« ad fd ifp o f,- fur les autres , mais fe trouvent exprimés fur le bord ( b ) de
ùoae,£cun& la fuperficie , parce qu’apparemment le milieu eit plus com-
«rum cia- a c _ Gette matjère paflant fucceffivement des pores d’une
™riot«p°ref feuille à l’a u t r e , forme les mêmes figures defllis 8c deflous
* “• de chaque couche à quelque différence près , les unes plus
n ettes, plus marquées, les autres moins, félon la qualité de
3j. la {e) matière.
Dans les Dendrittes , la figure des ramifications ne pénétre
pas 5 elle n’eft que fuperncielle , & peut s’effacer entièrement
avec de l’eau forte. Celles qui p én étren t, réfiftent 8e
ne craignent que le plus grand feu.
Les petites fêlures qu’on remarque fur les Pierres de F lo rence
le long des rameaux, marquent le chemin qu’a pris la
liqueur c o lo ré e , qui ayant pénétré , s’eft: étendue fur la fuperficie
de la Pierre entre deux couches , 8c a pointillé la
ramification qu’on y remarque.
Les Pierres qu i rep ré fen ten t des raifins, des fru its , du fromage
, des melons , la cervelle humaine , fur lefquelles nous
avons quelques (a) T ra ité s p a rtic u lie rs , fo n t de pures P ie r- {<») joan.pb.
res qu i im iten t ies fruits qui n ’y o n t jamais ex iîlé ; ce ne j r^ niiEPift-
fo n t donc p o in t de vrais fruits p é trifié s , mais des jeu x de la petrefaffis
nature. montis C ar-
On ne voit jamais dans ces fortes de repréfentations , où mcI,‘. vul°“
' r \ ' \ • 1 1 creditis, notre imagination lupplee a tout ce qui leur manque > des dc çiceri-
tiges , des troncs d’arbres , des fruits , des fleurs ; ce font bus p««faft.
toujours des rameaux d’arbres fans feuilles , femblables aux °oner^
bruyères , dont on ne connoît point l’efpèce : il en eit 87.
à peu près de ces repréfentations comme du Givre , qui . La .Van*
dans la gelée fe forme fur les vitre s , 8e qui imite les arbres. difingaTna™
L e grand froid reflèrre les parties de l’eau ; leur pefanteur 8t ddfenzo.d’A-
la g elée les étendent 8e les figent en forme d’un rameau : le ë°11' Scyiia.
grand chaud dans les mines fait le même e ffe t; il forme des
ramifications d’or 8e d’a rgent, qui étant frifée s, imitent parfaitement
les Arbrifleaux. L ’argent par la chaleur de la T erre
, ou par le feu allumé dans une minière , perce outre par
les pores des Pierres, 8e prend enfuite la figure des cheveux
8e des arbres.
Les P lan te s , les Poiflons 8e le s Infectes que l’on v o it r e -
préfentés fur les ardoifes 8e les autres Pierres appellées Itthyo-
fifres y fo n t bien différentes ,.8e ne fo n t pas des je u x de la nature.
O n y re co n n o ît le genre de la Plan te : ce fo n t la plu part
des Fougères 8e des.Capillaires dé l’Amérique , des feuilles
de T ilk> t, de P o ir ie r , de Charme , de Peuplier 8e d e
Saule d o n t o-n découvre le pédicule , les fibres 8e l’e x te n -
fion n a tu re lle . O n re co n n o ît auifi les Poiffbns 8e les Infectes
au p o in t de les pouvoir nommer. Ces figures font fo u -
vent les m êm e s, ou différentes à chaque feuillet de l’ardoife ;
quelquefois elles fe, croifent les unes fur les autres fans Ce
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