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L a Pierre de P o r c , dite Pedro di Porco , qui fe tire du fiel
de quelques Sangliers des In d e s , eft ronde comme une aveline
, d’un blanc tirant fur le ve rd âtre , avec une furface polie
de différente figure.
L a Pierre du Porc-épic des Indes, appellée de Malaca,
vient de ce Royaume j elle eft auffi rare q u e lle eft e ftimé e ,
furtout par les Indiens. Sa groffeur , fa couleur eft la meme
que celle des autres Pierres j elle ne diffère que par la figure.
(On la trouve non-feulement dans le P o r c -é p ic , mais dans le
fiel de quelques Sangliers des Indes.
L e Béfoart du Singe de Macaffar eft le plus rare de tous.'
I l fe loge dans le fiel du Singe j & il paroit que le Béfoart
de la Chine eft le même. Sa groffeur approche de celle de la
noix mufcade. Il eft compofé de larainçs ,ou écailles comme
le Béfoart O r ien ta l,, gliflantes comme le fa v o n , de couleur
purpurine c la ir , Si d’un goût amer.
L a plupart des Auteurs qui ont écrit des B é fo a rts , difent
que nous n’en avons que de falfifiés , & qu’il eft fort difficile
de connoître les véritables qui font très-rares , même
chez les Indiens. / ,
V o ic i les différens moyens qu’on emploie pour diftinguer
les vrais Béfoarts des falfifiés. On peut les preffer dans la
main & les fouffler avec la bouche ; s’il en fort de l a i r , le
Béfoart eft faux , de même que fi fes lames ou couches ne
font pas bien diftinéles Si bien lui fan tes. L e s véritables font
encore remplis de poudre en dedans.
L a preuve du fer chaud Si pointu , qui n’entre point dans
le B é fo a r t, quelque effort que l’on faiTe, fait connoître la véritable
Pierre , furtout s’il n’en fort point de fumee : on peut
encore le tremper long-tems dans l’eau , avec la précaution
de le pefer auparavant Si de le laiffer fécber parfaitement ,
(a) On m it s’il fort de l’eau avec le même p o id s , il eft (a) véritable s f i le
cette éfnuve poids augmente , il découvre la faufTeté de la Pie rre , qui eft
incenttine. f-orm^e ¿ e fubftances qui ne peuvent recevoir aucun mélange
, Si par conféquent aucune augmentation de poids 5
Monardes veut qu’on grate un peu de la Pierre fur un charbon
de f e u , Si que l’odeur qui en réfulte fera voir s’il y a du
mélange j cet A u teu r prétend que c ’eft le meilleur moyen
d’en reconnoître la vérité : un autre dit qu’on doit mêler
le Béfoart dans de la chaux détrempée j fi cette chaux
prend la couleur v e r te , qui eft celle du B é fo a r t, on fera sur
O r y c t ô l o g i e , I I I . P a r t i e . 379
d e fa bonté. Charleton dit , Certius tamen vert judicium non
datur, quantfi venenum animait exhibeatur, & mox oblato pulvere
incolumis evadat. En effet fi le chien après avoir avalé au poi-
f o n , eft guéri par là poudre du B é fo a r t, on ne peut douter
qu’ii ne loit véritable. Mathiole fit cette expérience fur un
criminel condamné à m o r t , Si elle rêuffit parfaitement.
R E M A R Q U E S .
Plufîeurs Auteurs ont regardé comme Béfoarts les Pierres
que l’on trouve dans quelques animaux ; mais ce feroit une
grande erreur de les croire toutes des Béfoarts,dont elles n’ont
ordinairement ni la forme , ni la propriété, ni la conftruétion
naturelle, qui eft d’être compofées d’enveloppes & de peaux :
Ce ne font que de petites Pierres , que les Latins appellent
Lapilli , ou plutôt des os , tels que les fuivans.
L a Pierre du cheval appellée Hypolithus, fe trouve dans les
inteftins ou dans la veffie du ch e v a l, Si fe fépare en lami-*
nés comme le B é fo a r t, en quoi elle diffère des autres Pierres
fuivantes j elle eftgroffe comme un oe u f , Si quelquefois elle
a quatre pouces de diamètre. Sa couleur varie entre le jaune
& le b ru n , tachetée de marques rouges comme du fang. Il
croît auffi des Pierres dans les mâchoires & dans quelques
autres parties des chevaux.
L a Pierre du Boe u f, nommée Alcheron, fe découvre dans la
veffie de cet animal, & eft regardée par plufieurs Naturalif-
tes comme le Béfoart du Boeuf. Rien n’approche mieux de
la Pierte de fiel pour la co u le u r , pour la dureté , Si pour être
difpoféè par croûtes ou écailles Comme le Béfoart.
L a Pierre de la moruë , appellée merluche ou Callarias ,
réfide dans la tête , félon Jonfton. Celles de la petite moruë
fraîche font plus petites Si plus blanches.
L a Pierre du Lézard Iguana, oü Senembi de l’Amérique ,
qui fe trouve dans fa tête , eft petite Si très-recherchée dans
le pays. On en voit encore une groffe comme un oe u f dans
l’eftomac de cet animal.
Ce lle de la C o u leu v re , ou Serpefit de l’Am é r iq u e , que les
Portugais nomment Pietra di Cobra, eft la même que les François
appellent Serpent au chaperon. C e tte Pierre eft tendre ,
p late , de forme orbicùlaire ou o v a le , Si prefque toujours de
couleur noire.
L a Pierre du Crocodile , ou grand Lézard des Indes nom-
B b b ij