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y jette du bois , des coquilles de noix , des marrons d inde f
des lima çons, des verres de fougeres 8c autres objets. Au
bout d’un certain tems tout eft revêtu d’une croûte pier-
reufe de l ’épaiiTeur d’un écu. Ces eaux dans l’efpace de trente
ans bouchent les tuyaux de plomb par où elles paflent pour
fe rendre à P a r is , Sc les parois de.l’aquéduc font revetuesde
tous côtés d’incruftations trèsrépaifles.
L a fontaine de Sainte A ly r e , dans la ville de Clermont-
Ferrand ,■ capitale de l’Auvergne , attenant l’enclos de 1 A b baye
, a une qualité des plus pétrifiantes. E lle fait en un mois
l ’opération que les eaux d’A rcu e il font en plùfieurs. Cette
¿au minérale entraîne avec elle quantité de terre feleniteu-
f e , dont le dépôt forme l’incruftation > ce qui a éleve une
muraille de plus de cent quarante pas de long fur quinze a
vingt pieds de, haut en certains endroits , 8c large de dix a
douze. L e plus fingulier eft une voûte- fous laquelle coule
un ruifleau qui fait.tourner deux moulins : cette voûte ainfi
incruftée formé aujourd’hui un pont de pierre fur lequel on
pafle s ou a même fait dans la pierre des creux qui fervent
amettre les p ied s, pour monter 8c defcendre de deflus ce pont.
. On remarque dans cette méchanique-naturelle, i°._qu'e l’eau
tiède dans fa fo u r c e , à mefure qu élle s’én é lo ign e , dépofe
par le froid fon fédime.nt, 8c que le Stalaftite qui s’én forme
acquiert plus de volume dans fa bafe ¡ 2 ° . que fur les bords
du ruifleau l’augmentation de l’incruftation eft plus fenfible ,
l ’eau y ayant moins de rapidité que dans le-milieu > d’ailleurs
le ven t agitant l’eau qui tombé du haut du pont dans le ruif-
fe.au, rend fes filets épars 8c divergeans ,.ce qui arrête fa rapidité
, augmente l’évapo ration , 8c occafionne les progrès de
l ’incruftation. 3 ° . Ces lames amincies pàr l’airSc par les rayons
du Soleil font caufe en partie , que le bitume 8c la fé-
lénite de l’eau abandonnes s’attachent aux corps qu’elle
ren contre , foit b o is , foit plantes., foit murailles. Il réfulte
de ces obfervations, que l’incruftation. trouvant l ’eau dans fa
b a fe , continue de fe former , Sc qu’entraînée dans les différentes
crues, elle gagne l’autre bord d û ruifleau , Sc y forme
des deux côtés des pyramides perpèndiculâires 8c ren-
verfées , telles que font les ftalaêlites, qui rémontent d en
bas jufqu’au haut des grottes. Suppofant donc les deux pyramides
perpendiculaires élevée? fu r les deux bords du ruil-
fe au , Sc a peu près fur la même lign e , l’incruftaiion qui s eft
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faite dans la partie fupérieure de l’eau , élevée d’environ 20
pieds au deflus du niveau du ruifleau , 8c qui fait fûrenient
le plus grand progrès, aura toujours augmente, ôcfefera jointe
à la fin aux deux pyramides des côtés pour former une vraie
jtfoûte 5 Sc elle en formeroit encore une nouvelle , fi le Meû-
mier ne détournoit l’eau de la fource , Sc ne rompoit tous les
deux ou trois ans les progrès dé ce ftalaélite , qui dans la fuite
couvriroit tout le ruifleau , Sc lui ôteroit le moyen de le aé-
toyef.
Gefner parle d’une fontaine pétrifiante près Francfort fur
l’Oder ; 8c (a) Lifter en décrit une autre , qui pétrifie tout ce
qu’on y jette. E lle eft fituée dans le territoire du Duché
d’Y o r k , Sc on la nomme Knarefborough.
On connoît encore la Fontaine de Vêron , proche Sens j
les Bains d'Afonc 8c de Corfena, auprès de Padouë 5 une fource
proche Berne en Suifle > la Fontaine du Bourg d’H iv re t,
près Genève -, celle qui eft en Jutlande auprès de L u b e k j
la Fontaine piquante de Gironne en C a ta lo gn e , Sc plufieurs
autres.
' (a) Exerci-
tatio tertia
Conchyl. Bi^
val. utriufque
aquæ , p. 17.