¿74 H r y c t o l o Gr ï n IF. P A r ï i è .
1E JAYET, L e j a y e t , o ù Jáis, eft une Pierre bitumineufe , plate , po-
•» JAIS* reùfe , de ctítileur noire , qui fe polit a ifém en t, 8c qui contient
beaucoup d’huile & de Sel volatil. E lle a la même origine
que les Soufrés & les Bitumes. On la nomme en Latin
Gagates, o u LapisThracius.Le premier nom vient de ce qu’on
(a)Mufeum latiré de la riViere de Gaga è n L y c ie , & le fécond (a) à T i r a-
Calceol. (3- cio jlumine , quod Tontum vocant.
pas- 3 s î - Quelques Auteurs croyent que le Jayet eft un fuccin ou
Ambre n o ir , dorit la chaleur foûterraine a changé les parties
volatiles. C ’eft un genre de terre noire , lapidifique 8c croû-
t e u fe , fi remplie de Bitume qu’elle en regorge , 8c qu’étant
a llum ée , elle brûle comme la Poix , furnage fur l’eau , rend
une füméè très-noire , 8c une odeur défagréable femblable
à celle du Bitume.
L e Jais fe trouve en plufieurs endroits de l’Europe , comme
en Suède , eh A llem a gn e , en Irlande , en Provence. On
en fait dans le Wirtemberg des pendans d’oreille , des bracelets
, des boëtes 8c autres ouvrages.
Bocconè parle de la Pierre Gagates , qui eft une Pierre
croûteufe , a ’une couleur obfcure , femblable à la rouille de
fer , cbmpofée par couches comme la Lavagne , ou Ardoife
de G èn e s , appellée Lapis crujiófus fcrrugincus montis JVIadonix,
LiTHAN- L e Lithantrax, qu’on appelle charbon de te r re , ou foffile ,
t r a x . ou H o u itte , dans le L ié g o is , eft fort différent de celui que
l’on fait avec du bois confommé. C ’eft un charbon foffile ou
de terre , dont l’origine vient d’un bois p ourri, 8c décompofé
dans là terré , lequel on trouve par couches 8c par filons dans
lés montagnes : il né s’enflamme pas aifément ; mais il brûle
l'ong-tems, 8c rend une chaleur plus vive que toute autre
matière inflammable.
C e charbon eft engendré par un fuc b itumin eu x , ainfi que
le Jayet. Sa couleur noire le fait nommer charbon ; ce n’eft
cependant qu’un limon n oir , dont les parties fe durciffent en
Pierres. Les Maréchaux , les Serruriers 8c autres ouvriers
s’en fervent pour forger le fer ; 8c l’on s’en chauffe en Angleterre
â caufe de l a ’difette du bois r o n en fait même de la
chaux. C e charbon ne laiffe point de cendres après être brûlé
, mais une matière noire „nommé e mâche fe r; quand on
l’emploie à cuire les viandes , il leur communique une mau-
vaife odeur : d’autres croyent que les viandes rôties à ce
O r y c t o i. o g i e , ,11. P a r t i e . 275
même feu , font plus fuccü lentes, parce que le jus y eft plus
concentré.
On tire le charbon de terre principalement de Newcaftle
en Angleterre : il ne laiffe pas de s’en trouver en Ecoffe 8c
en Irlande , où le bois eft très-rare ; il y ,en,a même en A l lemagne
, a L ie g e , dans le L y o n n o is , le N iv e rn o is , l ’A u vergne
8c autres Provinces de France. On le nomme quelquefois
charbon de Pierre , à caufe de l’étymologie de L ithantrax,
tirée des deux mots Grecs Aife, Lapis, 8c áv9-p*§, Cario
3 mais c ’eft la même ch o fe , quoique quelques Auteurs les
ayent diftingués.
On a plufieurs efpèces de Charbon de terre.
Lithantrax pur , mêlé d’A fphalte 8c de Jayet feuilleté , 8c
divife par couches , 8c qui étant brûlé , devient noir , 8c donne
une matière fpon gieufe , telle qu’une Scorie.
Lithantrax mêlé d’un bois plein de Bitume 8c tout pourri
, lequel après avoir été. b rû le , ne donne que de la cendre.
Lithantrax rempli d e Soufre 8c de P y r ite s , lequel après la
combuftion devient folide 8c peu caffant.
Lithantrax rempli d’une fubftance lapidifique , confirmée
par un feu foûterrain, 8c qui a la propriété de fe mettre en
fufion au grand feu.
Lithantrax alumineux, qui vient de Commodau en Bohème.
Il s’allume à l’a ir , lorfqu’il eft entaifé 8c qu’il y eft expofé
pendant quelque tems 3 non-feulement il en fort de la fu-
m e e , mais même une véritable flamme.
Lithantrax fr ia b le , qui s’allume aifément , mais dont la
flamme eft de peu de durée 5 on peut facilement l’écrafer
avec les doigts.
Ce charbon eft employé avec beaucoup de fuccès dans la
fufion des Minéraux; cependant un (a) A uteur eft d’avis (a) pywh»-
contraire , prétendant que le Soufre dont ce charbon eft Htiiiniprégné
, eft plus propre à retarder cette fufion qu’à la fa- M'
ciliter : on dit encore la fumée très-pernicieufe à la fanté ,
capable même de caufer la confomption , fi commune en
Angleterre. V o ic i ce qui m’arriva en abordant à Londres.
Les deux premiers jours la fumée du charbon étant entrée
par la cheminée de ma chambre, je penfai étouffer la nuit ;
je la fis boucher la nuit fuivante : enfin ne pouvant plus ref-
PJr e r , j ’allai confulter le Chevalier Sloanne 8c le Docteur
M m ij