QUATRIEME CLASSED
E S P I E R R E S Q U I C R O I S S E N T
D A N S L E S A N IM A U X E T L E S V É G É T A U X ,
E T D E C E L L E S Q U I L E U R S O N T A N A L O G U E S
D A N S L A T E R R E »
E T Q U E L ’O N N OM M E B É SO A R T S M IN É R AU X .
D
(a) Ces vertus
font regar-
dees comme
A N S le plan qu’on s’eft formé de parler ici de toutes.
■ æ les Pierres, on ne doit point palier fous filence les corps
pierreux qui s’engendrent dans les animaux & les ve e etau x :
ces fortes de P ie rres, à la vérité , ne font pas des Foffile s,
mais leur nature qui tient de la Pie rre , & leur dénomination
femblent les en rapprocher.
C e s Pierres fe nomment (¿aïeuls ou Pie rres, dans les hommes
& dans les plantes ; on les appelle Alifes dans les enfans
Sc Béfoarts dans les animaux. C e m o t Befoart vien t du m t
Chaldéen Belftzaar, qui fignifie çon tre -p o ifo n , par rapport à
- la propriété que quelques Phyficiens ont attribuée au U) Re-
fo a r t, de détruire l’effet des poifons.
8 R ! Ces fortes de Pierres fe forment par fedimens. appliques
i l’un fur l’au tre , qui découvrent descou çhes concenmques
- »« M ' lefquelles s’enveloppent & fe placent les unes fur les autres
Û W m en fo rm e d’écailles & de peaux 5 c’eft une marque certaine
que ces corps ne fe forment pas tou t d un coup , mais fuc-
ceffivement , en recevant des matières propres a leur formation.
Ces cercles font difpofés autour d un noyau qui en eft
le cen tre , & fouvent d’une matière tres-differente : on trouve
quelquefois ce noyau libre & détaché du refte de la
qui fait fonner le Béfoaft comme une Pierre d aigle S ou v en t
ce noyau eft un fruit que l’animal a avale , une autrefois c e
une co q u ille , d u b o is , un c a illo u , un amas de fable , des
P°L a ifa tü r e de ces Pierres eft v ifq u cu fe , tartareufe ; ou plutô
t c’eft une matière dure , à peu près femblable a ce
que l’on trouve attachée dans l’mteneur & les parois d un
ronneau. Ces pierres font liftes par deffus & extrêmement
O r y c t o l o g x e , I I I . P a r t i r . 375
unies ï quelques-unes font rudes Sc in égales, les autres teignent
les mains en jaune ÔC en verdâtre j il y en a de tendres
qu’on pourrait écrafer fous la dent , ôc dont les lames fe
feparent au feu. L eu r figure eft tantôt ron de , o v a le , triangulaire
j quelquefois branchuë , raboteufe & trouée : c ’eft
fouvent celle d une o liv e , d’un g la n d , d’une châtaigne & autres
fruits.
L a couleur de ces Pierres varie : dans les unes elle eft
b lan ch e , ou cen d re e , ou jaunâtre , ou olivâtre j elle eft verte
, b leu ë ,, & très-fouvent noirâtre dans les autres.
L eu r grandeur n’ell: pas déterminée j on voit des Béfoarts
auffi gros qu’un oe u f d’Autruche , 5e d’autres auffi petits qu’un
pois. C eu x qui nous viennent de Perfe , d’Egypte , de la
Chine Se de Carthage , font appellés Orientaux j les autres
qui fe trouvent dans difïerens pays de l’Amérique 5e du Pé -
rou , fe nomment Occidentaux. Leur proprié té , félon ( a )
Rumphius , ainfi que leur qualité , vient de la bonté des pâturages
remplis d herbes falutaires & aromatiques, dont les
ch e v r e s , les vaches 6c les autres animaux de ces pays font
leu r nourriture ordinaire ; c ’eft du réfidu des herbes & de
leur co û io n dans l’eftomac de ces animaux, que fe forment
ces Pierres propres , fuivant ce t A u te u r , à chafler le venin
Sc à guérir pluiieurs maladies. Cela eft fi v ra i, que iî ces herbes
ne font pas falutaires , ou qu elles 11e foient pas broutées
fur les montagnes où elles font les plus forces, le calcul qui
s en forme n ’a aucune propriété.
Un autre {b) Auteur eftinie les Béfoarts Orientaux comme
les meilleurs , 5C particulièrement ceux de la Province'de
Schiras , dans la Perfe. •
O n a divifé les Béfoarts ( r ) en cinq claffes i fç a v o ir , le
Befoart Oriental ôc O c c id en ta l, les Pierres tirées des animaux
,. les Béfoarts foffiles, les matières figurées, qui font
le calcul humain fans en avoir les vertus , enfin les Egagro-
piles: mais cette divifion peu exaéte confond les deux premiers
a r tic le s , parce qu il eft conlfaut que 1 es Pierres tirées des
animaux font ou Orientales , ou O cciden tale s, 5c que la
plupart de ces Pierres ne font point des Béfoarts, mais de
petites pierres, ou des os.
L a maniéré de divifer ces fortes de Pierres en trois articles
, eft plus régulière 5 le Calcul anima l, le Calcul végétal
, ôc le Calcul ou Béfoart minéral.
(a) Herbarium
Amboi-
nen fe, à G.
Everhardo
Rumphio, in
lucem editum
à Joanne Bur-
manno. Amft.
J741-
( ¿ ) Pietro
délia V a ile r
fameux Voyageur.
(c) Mémoires
de l 1 ^Académie
, 1710.
pag. H z.