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ne foit fecondaire ; nous avons cependant le Soufre principe
qui échappe à nos yeux : c ’eft une matière fubtile 8c agitée ,
qui fert de bafe à la lumière.
On connoît encore le Soufre vierge , le Soufre min éral,
le Soufre verdâtre , celui de Guidoa ,• ou de Quito de l’A mérique
, celui de la Guadalouppe.
On pourroît compter au nombre des Soufres ceux des fontaines
minérales , 8C celui qui eft répandu dans tout l’A tmof-
phère.
Les Soufres vifs fe trouvent ordinairement au pied des
Vo lcan s où ils fe fo rment, 8c prefque toujours dans les mêmes
mines qui fourniflent le vitriol.
Quand le Soufre eft décompofé, il fe change en e au , en
terre 8c en fel acide. Q uoiqu’il ne fe dilTolve point dans l’e a u ,
il trouve cependant fa diflolution dans l’huile.
On attribue une grande qualité au Soufre , quand il eft
dans les foûterrains 5 c’eft d’attirer à lui les autres m é tau x ,
8c de découvrir l’arfenic en changeant de co u leu r , 8c en devenant
rouge. Lorfqu’on y joint du m ercure, le Soufre chalfe
l ’arfenic.
O n fait avec du Soufre commun, 8c du Nitre fixé par le
charbon , un excellent diffolvant, qui diflout l’or Se tous
les métaux. On appelle cette compofition, du foie de Soufre.
l e b i t u m e . Les Bitumes font des fucs ou corps gras & onc tu eux , qui
femblent tirer leur origine de matières végétales , 8c qu’un
acide minéral a rendu folides. Ils s’enflamment aifémen t,
ôc fe trouvent dans la terre Sc dans les eaux, fur lefquelles
ils furnagent ordinairement. L eu r couleur la plus commune
eft n o ire , fi l’on en excepte les Bitumes que l’on nomme
liquides.
On diftingue trois fortes d’efpèces de Bitumes, le liquide
, le folide ou c o n c r e t , 8c le Bitume mou.
L e Bitume liquide eft le Naphta de Babylone & d’Italie,
qui découle d’une roche vers Monfortin , dans le Duché de
Modène j l’huile de Pétrole noire , qui nage fur l’eau de la
Fontaine minérale du Villag e de Gabian en Languedoc ,
près Béziers ; l’huile de la Fontaine de Sainte Catherine en
Ecofle j l ’huile des Barbades en Amérique , qui approche
de celle de Pétrole; celle du P u y -d e -P e g e en Auvergne:
c’ eft une diflolution de quelque fubftance graffe 8c onc-
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ineufe , provenant d’arbres 8c de végétaux réfineux , de
corps d’animaux pourris, 8c enfévelis dans les couches de la
terre.
L e Bitume que l’on nomme folide , ou con c re t, eft le Bitume
ordinaire ; celui de J u d é e , ou Afphalte i celui de Suifle,
de Gaujac , le Jayet 8c le charbon de terre , ou Lithantràx.
Ge Bitume a la même origine que le liquide.- On l’appelle
Lapis Obfidiams., parce’ qu’il a été découvert en Ethiopie par
Objidius.
; L e Bitume^ mou eft le N aph ta , ou Maltha ,. le Bitume de
Sirnam, de Copal 8c de Colao. Ces matières inflammables
8c molles comme la poix , font noires 8c de mauvaife odeur.
On n y voit que du fo u fre , ou de l ’huile mêlée avec une
quantité de Sel acide.
Ces Minéraux, aulieu de fe criftallifer,s’épaiffiflent dans les
entrailles-de la te r re , ou fur fa fuperficië. Ils nagent même
fur les eaux : c eft un affemblage de cet acide premier principe
i c ’eft une matière grafle ,.' onétueufe 8c très-chaude »
qui eft tantôt volatile , tantôt inflammable , ou facile à mettre
en fufion. E lle fe mêle'avec les iels de la te r re , 8c contribue
à la formation des Minéraux 8c des plantes. L e s liquides
font amenés par des. veines foûterraines jufqu’à l’ouverture
, par laquelle ils découlent en huiles: On regarde les
Soufres comme le principe desfaveursêe des odeurs, que nous
trouvons'dans la chair des animaux qui fervent à notre nourriture.
On prétend même que la couleur des fleurs eft produite
par les parties volatiles des. foufres primitifs qui.
circulent dans les plantes : ces fucs en effet contiennent
beaucoup d’hu ile ,,de foufres, 8c d’efprits volatils1; c’eft c e
qu’on remarque tous les jours dansles procédés de la C h y -
mie. ,
On diftingue douze efpèces de Bitumes : fç a v o iry le Bitume
ordinaire qu’Aldrovandus appelle Bitumen fojjile-, 8c
qui eft très-bon 8c trè s-lége r, furnageant fur toutes les liqueurs
, 8c. a ttirant la flamme.
L ’Afph'alte eft. une graifle reflemblante â la p o ix , q u i nager
fur 1 eau ,, 8c qui eft. d’une odeur très-forte quand elle eû.
e chaufée , e lle s’attache à. la terre ou à des pierrest
L e Pifaphaltè de Suifle eft un mélange ou ciment natu-
tel d e l’A fphalte 8c de la Poix. Quand on veut en former des
tables „ des co lon n e s ,. des tafles, des baffîns de fontaines ,
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