
dommagea par des observations sur l’anatomie de plusieurs
espèces de cétacés dont nous offrons ici l’ensemble.
Buffon, à cette époque, avait terminé l’histoire des quadrupèdes.
Jaloux d’achever le tableau des mammifères par
la description des êtres ambigus qui, au sein des eaux, nourrissent
leurs petits comme les animaux d’un ordre supérieur
dont la respiration ne diffère pas des espèces terrestres, il
n’en fut découragé que par le défaut d’observations anatomiques,
et par son éloignement des mers; ces obstacles l’empêchèrent
d’interroger par lui-même la nature.
Des motifs d’instruetion m’ayant engagé de visiter la
France en 1785, ils me procurèrent l'avantage de présenter
au Pline moderne les recherches de l’auteur (1). Applaudissant
au contenu, Buffon se proposa de les accompagner d’une
histoire générale des cétaeés; et, pendant que M. Camper
s’occupait à revoir son ouvrage, je consultais, dans la bibliothèque
du eomte, ce que les voyageurs les plus accrédités
avaient écrit sur cette matière. Je fus aussi chargé de faire
dessiner, au cabinet du Roi, toutes les pièces relatives à ce
sujet. C’est ainsi que, luttant avec les infirmités qui précipitèrent
sa mort, cet homme justement célèbre s’imposa un
dernier sacrifice à l’avancement des sciences; car il avait en
vue de publier tout ce que mon père avait recueilli sur l’anatomie
des cétacés.
(1) J’eus l’avantage de rendre mes hommages à cet homme illustre , dans sa
terre de Montbard ; et je compterai toujours parmi les heureux momens de ma
vie ceux qu’il me permit de passer dans ce sanctuaire des sciences , au milieu
d’une société aussi aimable qu’instructiye.
Des circonstances aussi heureusement combinées semblaient
assurer au public la prompte jouissance d’un ouvrage
digne de l’intéresser sous bien des rapports; mais le grand
âge de Buffon, les souffrances qui ne cessaient de l’afïliger(i),
les retards qu’éprouvaient la traduction et la gravure en suspendaient
l’exécution. Succombant enfin sous le poids des
infirmités plutôt encore que sous celui des années, le philosophe
illustre s’en désista en 1787, après avoir généreusement
cédé à M. Camper un grand nombre de planches gravées à
ses dépens.
Déchirée par les dissensions politiques, la Hollande
éprouvait alors une crise qui ne laissait aux muses aucun
repos. L ’auteur, attaché d’obligation aux affaires publiques ,
fut entraîné dans ce tourbillon, et ne put achever le loxte.
Sa mort suivit de près (2), et la guerre mit des obstacles sans
cesse renaissans qui suspendirent l’édition.
Comme posthume, cet ouvrage réclame l’indulgence du
public. L ’architecte en avait rassemblé les matériaux, mais
l’ordonnance des parties restait à compléter. Cette tâche, la
moins aisée, puisqu’elle demande l’impulsion du génie en
même temps qu’une vaste érudition, échut au fils, que des
obligations morales appelaient à la remplir.
De ces retards dans la publication il est résulté pour l’ouvrage
de grands préjudices, car d’autres savans ont marché
(1) On sait que ce grand homme souffrait de la pierre, et qu’il est mort en
1788 , âgé de 8i ans.
(2) P. Camper mourut en avril 1789.