
SECONDE PARTIE.
C H A P IT R E Ier.
Sur la Classification du second ordre, ou du genre des
Cachalots.
R épandus dans l’Océan sous des latitudes moins élevées,
les cachalots cependant sont moins connus encore que les
baleines : on manque d’observations exactes sur les caractères
extérieurs des diverses espèces, mais surtout de recherches
sur la structure des organes intérieurs : cependant plusieurs
naturalistes en ont donné des relations et des figures.
Nous n’entreprendrons pas la fastidieuse compilation de
tous ces écrits, ni la réfutation des erreurs accréditées par
des auteurs d’ailleurs respectables. Il suffira de comparer les
observations les plus récentes, et d’éclaircir les doutes par
l’étude du squelette et la comparaison des organes dans les
espèces congénères.
Nous avons déjà remarqué , à l’article de la classification
des cétacés, que les cachalots diffèrent des baleines par la
structure, autant que par la distribution des organes masticatoires
; par la situation et l’ouverture des narines. Cette
diversité dans les organes et dans les fonctions influe nécessairement
sur l’économie et les habitudes de ces grands
mammifères.
Anderson ( i ) , Clusius (2), Johnston (3), Robertson (4),
de La Peyronie (5) , ont donné plusieurs observations sur les
cachalots. Les descriptions et les figures qui les accompagnent
ne laissent aucun doute qu’on ne puisse les comprendre, ainsi
que les baleines, en deux ou trois sous-genres, distingués par
des caractères extérieurs de même nature. Car il se trouve
des espèces à dos uni; d’autres dont le dos est garni d’une
fausse nageoire, et des variétés intermédiaires, garnies de
bosses.
La situation de la narine impaire est constamment sur
l’extrémité du mufle ; quelques auteurs cependant ne la représentent
pas à égales distances des yeux.
La forme du mufle a plus ou moins de volume, à mesure
que les os de la face, et surtout ceux des mâchoires, ont
les bords plus relevés : la crête du crâne , participant à cette
élévation, rend la tête plus grosse en proportion du corps.
La structure, le nombre et la forme des dents établissent
des caractères non moins constans.
On a lieu de regretter que les voyageurs et les naturalistes
n’aientpas fait attention à la corrélation de ces caractères ,
à la réunion ou à la discordance des phénomènes : nous aurions
par ce moyen pu établir les termes d’une classification
(1) Dans la Description de l’Islande et du Groenland, page iy5 de l’e'dition
hollandaise.
(2) Exoticorum, lib. X , p. i 3o , et lib. V I , cap. 16.
(3) Histor. natur. de Piscibus, lib. V , p. i 52, tab. 42.
(4) Transact, philos., vol. L X X , p. 32t.
(5) Mémoires de l’Académie royale des Sciences, 1741*