
mais sa description n’étant pas exacte, on a lieu de croire
qu il peut avoir confondu le sénédette avec d’autres espèces
de dauphins.
Pendant mon séjour à Rome , en 1787 , j’ai dessiné le
crâne d un grand dauphin conservé dans le Musée d e
S. Nazare, alors dirigé par M. l’abbé Pietrini.
Ce crâne mutile dans sa partie postérieure, mesurait
près de deux pieds de longueur, ou soixante-trois centimètres
; treize pouces en largeur ou trente-quatre centimètres.
Ses dents, au nombre de neuf de chaque côté.,
étaient coniques, légèrement recourbées. La physionomie,
la solidité de la charpente , tout annonçait les plus grands
rapports avec 1 orque, qui cependant en diffère par le
nombre des dents. Le défaut d’informations sur la forme
extérieure et sur la présence de l’aileron dorsal nous empêche
de prononcer sur l’identité de ee dauphin avec
le béluga , ou le sénédette.
CHAPITRE VI.
Sur T Oudre.
N o u s assignons au dauphin , que les naturalistes ont décrit
sous le nom d’o rca , oudre, épaulard, le premier
rang parmi les delphinaptères. Les descriptions des voyageurs
s’accordent sur les caractères extérieurs et sur le
nombre de ses dents. Cette espèce parait avoir été bien
reconnue, et nous croyons qu’elle est répandue dans toutes
les mers. Sa taille approche de huit à nèuf mètres. I
Le crâne, représenté à la pl. X V I de l’histoire naturelle
des cétacés du comte de Lâcépède, ressemble en tous points
à celui de l’orque que je possède dans mon cabinet. Nous
jugeons, par l’état des su tu r e sq u e cet individu est
adulte, et que le nombre des dents ne varie que de onze
à douze dans chaque mâchoire (1). Leur forme est celle
d’un cône ; elles sont crochues ; la racine est plus épaisse
que la couronne ; elles sont logées dans des alvéoles -et
distribuées dans les os maxillaires, de sorte qu’elles occupent
exclusivement la place des canines et des molaires.
La longueur du crâne, dans notre sujet, est à peu près d’un
mètre; sa largeur entre les orbites est de six décimètres.
La chambre du cerveau est très-ample : la base du
vomer est percée d’un plus grand nombre de trous que
nous 11’en avons observé dans d’autres cétacés ; ils semblent
donner passage à de nombreux vaisseaux.
Les fosses temporales sont plus développées que dans
les narwals ; aussi les branches montantes des mâchoires
inférieures donnent, par leur largeur, beaucoup d’attaclie
aux muscles. La charpente osseuse a beaucoup de solidité
et de pesanteur.
Les branches du nerf sourcilier se dirigent en partie
en arrière ; d’autres ramifications communiquent plus di-
(1) On sait que les dents tombent avec l’âge dans presque tous les mammifères ;
qu’i ly en a plusieurs que la nature ne renouvelle jamais , et que, dans la vieillesse
, les dents antérieures sont les premières à manquer. Il faut donc, en prenant
les dents pour caractère spécifique , avoir égard à l’âge des individus qu’on décrit.