
des yeux que vers l’extrémité de la gueule. Nous remarquons
encore que les os incisifs en sont dépourvus : il en est de
même pour les dents dans la plupart des cétacés des autres
familles.
La substance des fanons, par sa flexibilité et sa texture fibreuse
, imite la corne ; peut-être ses principes constituans ne
diffèrent de ceux des dents ordinaires que par l’absence du
phosphate calcaire et de l’émail qui en garantit la conservation
dans d’autres mammifères ? On ne saurait au reste leur contester
l’usage de retenir les alimens et de contribuer à la digestion
, comme véritables organes de la nutrition.
Examinés dans l’intérieur on reconnaît à leur base deux
tables enveloppant le tissu vasculaire qui sert à la nutrition
de leur substance, comme fait la pulpe dans l’intérieur des
dents. C’est sans doute ici que se distribuent les petites ramifications
des nerfs trijumeaux,
Le bord extérieur est compacte , d’une texture plus serrée
et garni d’un ourlet recourbé, qui, comme le bord d’une tuile,
s’applique au fanon suivant, pour ajouter à la solidité de l’en-
Semble. Le tranchant intérieur est bordé de longues franges
imitant des crins de cheval, de la longueur de 20 à z5 centimètres.
Ces franges sont une continuation des fibres longitudinales
des fanons, et perpendiculaires 'à l’arc des mâchoires
(1). Elles garantissent la langue contre les impressions
de leur tranchant, et empêchent les plus petits objets de s’introduire
entre les interstices des fanons.
(i) La mesure a été' prise sur les fanons de la longueur de 3 mètres 4 centira. ,
dans mon cabinet.
La couleur, la dureté e lle s dimensions de ces organes
différent dans les diverses espèces. Ceux de la baleine museau
pointu doivent être les plus courts ; quelques auteurs
prétendent que leur couleur est blanche.
On n’est pas d’accord sur le nombre des fanons. Zorgdrar
ger observe qu’on se contente d’en arracher deux cent cinquante,
de chaque côté des mâchoires, dans les baleines de
grandeur ordinaire, et quatre cent cinquante dans les plus
grands sujets. Il s’en trouve alors deux cent cinquante de la
mesure réputée de service dans le commerce, et qu’on appelle,
en hollandais, maatbaerden. Le reste est rejette comme
n’étant d’aucune valeur (i).
Anderson est assez du même avis , mais il ajoute des particularités
intéressantes sur le nombre, portant à sept cents ou
à mille celui des plus grands individus (2). Il paraît que la
moitié reste au rebut.
M. Yan Marum n’en a observé que trois cent vingt dans
les mâchoires d’une jeune baleine , dont le crâne est conservé
dans le Musée de la société de Haarlem. M. Camper en
a compté au moins trois cents dans notre sujet, sans y comprendre
ceux que la petitesse empêchait de bien distinguer.
Il est remarquable de voir les fanons se prolonger jusqu’à
l’ouverture du pharinx. Ils y enveloppent la langue si étroitement
qu’il est presque impossible de les en séparer.
(1) Bloyende opkomst der Aloude en hedendaegsche Groenl. Vischerye, p. 82;
et de la page 89-90.
(2) Beschryvmg yan Ysland> Groenland et de Straet Dayis, p. 120.