
figure suivante fait voir la gueule ouverte, et la distribution
des fanons. Le bord des lèvres inférieures est surtout remarquable:
imitant des espèces de joues, elles enveloppent
les fanons dans toute leur longueur.
Il est vrai que les figures dont nous parlons diffèrent essentiellement
du contour de notre embryon, pl. II; mais il
sera facile de concilier cette diversité,; lorsqu’on réfléchira
combien les os de la face se développent dans l’adulte, et à
l’influence qui doit en résulter sur la forme extérieure. En
effet, dans les grandes baleines, les mâchoires supérieures se
courbent en s’allongeant;les lèvres inférieures croissent en
hauteur, à mesure que les fanons s’étendent en longueur.
L’un et l’autre donnent aux mâchoires supérieures dès
grandes baleines la forme d’une courbe très-voûtée, que
n’affectent pas celles de l’embryon, leurs mâchoires étant
presque horizontales (i) ; car, à cette époque, elles sont
édentées, comme nous les observons dans tous les mammifères.
Les os maxillaires, se redressant en forme de voûte,
portent les narines à une grande élévation, et fort en avant
des yeux. Logées dans une fosse très-ample, elles s’y trouvent
à l’abri du choc des corps extérieurs; car elles sont protégées
du côté antérieur par les bords saillans des os incisifs; du côté
postérieur et d’en haut, par la saillie des os nasaux et celle (i)
(i) On se convaincra de cette ye'rité en comparant avec la tête de l'embryon ,
pl. II, les crânes décharnés des jeunes baleines des pl. IV et VII. Ici les os maxillaires
( quoique ces individus fussent encore dans l’enfance ) ; se relèvent déjà
au niveau de l’occipital, et le bord alvéolaire présente un arc de cercle très-
ouyert.
de l’occipital. Toutes ces précautions étaient nécessaires, à
cause des dangers auxquels les baleines sont exposées sous
les hautes latitudes ; car souvent elles sont pressées par les
glaces; et quelquefois le besoin de respirer les oblige d’écarter
ou de rompre les glaçons. On peut en inférer que toutes
les représentations de baleines ayant les narines proéminentes
en forme d’entonnoir, et plus élevées que le crâne, sont défectueuses.
Elles pèchent encore par un autre défaut ; c’est
que les narines y sont placées directement au-dessus des
yeux. On pourra se convaincre de ces erreurs par l’inspection
du crâne sur les planches IV et Y ; on y verra de combien
les fosses nasales sont antérieures aux orbites.
Les yeux sont placés tout près du rictus de la gueule, un
peu au-dessus de l’articulation des mâchoires. Ils occupent
les extrémités de l’axe transversal du crâne, et sont portés
en arrière, à côté du méat auditif. Le prolongement transversal
des apophyses du frontal formant le plafond des orbites,
produit ce grand écartement des yeux qui donne aux
cétacés la faculté d’apercevoir les objets placés en avant et
en arrière du corps. Ils doivent distinguer pareillement ceux
qui se trouvent en direction verticale, du moins à en juger
par le débordement des paupières inférieures. Celles-ci, du
moins, dépassent les paupières supérieures, et cétte particularité
de structure peut avoir été motivée par la nécessité de
reconnaître, dans la profondeur des mers polaires, l’ouverture
des glaces. Elle sert encore à distinguer les endroits où,
moins épaisses, elles se laissent briser. Il s’ensuit au contraire
que les objets inférieurs, situés au-dessous du corps, ne
peuvent être aperçus de même.