
leur proie, ou pour échapper à leurs ennemis. Si les naturalistes
fi’ont pas recouru plus tôt à la corrélation de ces caractères
avec la structure du crâne et celle des os de la face;
s’ils n’ont pas établi sur de pareils résultats la base d’une
classification philosophique, c’est que les observations sont
venues par lambeaux; c’est que la plupart furent rassemblées
par des voyageurs étrangers à toute science, ou par des
savans que la difficulté de voir par eux-mêmes, et le défaut
de recherches anatomiques, ont induit en erreur.
Heureusement les voyageurs du dix-huitième siècle étaient
plus éclairés; les occasions d’examiner les cétacés sont devenues
plus fréquentes; et la zoologie, considérée sous son
véritable point de vue, a dissipé les ténèbres qui obscurcissaient
l’histoire naturelle. Désormais l’anatomie, véritable
boussole du naturaliste, conduira ses pas dans la comparaison
des ressemblances et des diversités qui doivent rapprocher
ou séparer les espèces.
La méthode de Klein , rectifiée dans quelques articles,
enrichie de ce que les observations les plus récentes, et surtout
les résultats de Pierre Camper, ont ajouté à nos connaissances,
est celle que nous avions adoptée antérieurement
à la publication du grand ouvrage de M. de Lacépède. Payant
le tribut d’admiration au mérite d’un auteur si justement
célèbre, nous avons adopté les caractères des sous-genres
qu’il a consacrés, et nous nous sommes décidés à les introduire
dans la classification.
Nous distinguons en conséquence les cétacés à fanons, i°.
en baleines proprement dites ou baleinoptères, en latin ba-
loenoe dorso non pinn ato, c’est-à-dire sans aileron; a°. en
SUR LA STRUCTURE ET LE SQUELETTE DES CÉTACÉS. 3 5
baleinoptères ou baleines dorso pinnato, avec un aileron
sur le dos.
Dans le premier sous-genre se trouvent :
i o. La baleine vulgaire oujranche, le mysticetas deLinné;
2°. La baleine sarde, \enordcaper de Lacépède, balcena
islandica de Brisson, que Linné paraît avoir considéré comme
une variété du mysticetus.
Ces deux espèces n’ont point d’aileron ni d’excroissance sur
toute l’étendue de l’échine. Elles ont le ventre lisse.
Il est à présumer que la baleine blanche, ou le weiss^fisch
des auteurs, appartient à l’une ou à l’autre de ces deux
espèces (i).
Du commun accord de tous les voyageurs, la première de
ces espèces est la moins fuyarde. Confinée au. voisinage des
pôles, elle exerce la cupidité des pêcheurs par l’abondance
de son lard et la qualité supérieure de ses fanons.
Là seconde espèce paraît moins approcher des hautes latitudes.
Elle fréquente les mers boréales, qui plus rarement
sont couvertes de glaces, les rivages de l’Ecosse, de l’Islande,
de la Norwège, et les bords de la mer glaciale, depuis le
cap Nord jusqu’aux terres arctiques, situées à l’occident de
l’Amérique. Ses proportions sont plus élancées : ces baleinoptères
sont en conséquence plus agiles, de moins facile
approche, et fournissant de l’huile en moindre quantité,
ainsi que des fanons d’une qualité très-inférieure. D’ailleurs,
ne vivant pas en société, comme les baleines franches, elles (i)
(i) Le weiss-fisch fes Allemands, huid-fisch à’Ægède et à’Anderson, n’est que le
dauphin béluga ou dauphin blanc. Cuv.