
La pesanteur des mâchoires, armées jusqu’à leurs extrémités
de nombreuses dents ; le besoin de se nourrir de gros poissons
(i)etde comprimer fortement les mandibules exigeaient
un appareil d’organes plus puissans que ceux de la baleine.
Les apophyses zygomatiques des temporaux se prolongent
en raison du déplacement des orbites qu’elles aident à renforcer.
Elles se dirigent presque horizontalement en avant
comme dans la baleine museaupointu, et sont d’ailleurs très-
épaisses.
L ’occipital inférieur s’élargit beaucoup à l’endroit de sa
jonction avec les temporaux, pi. X X I . L ’ouverture très-ample
du pharinx est manifeste par la seule inspection de cette
planche.
La table externe de l’occipital supérieur est redressée verticalement
au-dessus des condyles; les muscles de la région
cervicale y trouvent une surface très-étendue pour l’insertion
des fibres.
Les condyles sont séparés dans leur partie inférieure ; le
grand trou est rétréci , dans sa voûte supérieure, par
une cloison tranchante qui en diminue l’axe vertical. Nous
n’avons pu distinguer les apophyses mastoïdes d’avec celles
de l’occipital ; elles sont soudées dans les sujets adultes.
L ’ouverture des fosses nasales est d’une forme très-
irrégulière, autant du côté inférieur, pi. X IX , que du côté
supérieur, pi. X X I I, fig. i, On voit ici que les deux fosses
se trouvent d’un côté de la face ; que la narine du côté gauche
(i) Hasæus observe qu’un cachalot de soixante-dix pieds de long 3 rejeté un
requin de douze pieds. Voyez Anderson dans son ouvrage , cité plusieurs fois à
la page 186.
est quadruple, et que le vomer, ainsi que l’extrémité postérieure
de l’os in c isif, sont défigurés par une disposition aussi
extraordinaire.
Nous remarquons encore une autre particularité très-
essentielle ; c’est qu’on ne découvre pas d’os nasaux dans les
cachalots, tandis qu’on les observe dans toutes les autres
familles de cétacés : du moins nous n’en avons pas vu d’analogues,
soit que leur situation plus intérieure, ou que l’oblitération
des sutures empêchent de les reconnaître. Au reste,
les fosses nasales sont ouvertes au-dessus des orbites, et par
conséquent plus en arrière que dans les baleines.
En considérant le crâne dans sa partie inférieure, pl. X IX ,
on est surpris de la grande largeur des os maxillaires. Leur
diamètre transversal, en effet, ne diffère pas sensiblement de
celui du frontal, et présente un grand contraste avec l’ouverture
des mâchoires inférieures, pl. XXV II. Il en résulte
une grande disproportion entre la largeur du mufle et celle
de la gueule. Les traces longitudinales gravées à la surface
( b c , pl. X IX ) , indiquent le sillon du nerf maxillaire supérieur
: c’est dans cet alignement que se développent les
épaisses gencives, et que s’adaptent, au moyen d’ouvertures
correspondantes, les dents des mâchoires inférieures; cependant
nous n’avons observé dans aucun sujet des traces
d’alvéoles, ni le sillon d’un canal qui fût capable de fixer des
dents. Les mâchoires supérieures édentées semblent former
le caractère générique des cachalots, et la définition de
Linné, dentes n u lli in m axillâ superiori, doit être adoptée
sans exception, tant que des observations bien constatées
n’en démentiront pas l’authenticité.