
Les yeux sont très-petits, en proportion de la tête: quelques
auteurs en comparent la grandeur à celle des yeux d’un
boeuf ordinaire; d’autres les comparent aux yeux d’un phoque
de la plus grande espèce, sans qu’ils aient indiqué la mesure
positive de ces organes, ou leur relation avec la tête des
individus auxquels ils ont appartenu.
La couleur ordinairement est noire, avec une iris blanche.
L ’ouverture de la pupille est transversale. M. Camper paraît
avoir remarqué cette propriété, commune à tous les cétacés
comme à tous les ruminans, avant d’autres naturalistes. Nous
renvoyons nos lecteurs à la planche III, pour la structure de
cet organe ; il y est représenté de grandeur naturelle. L ’auteur
a décrit l’uvée, les ligamens ciliaires et la choroïde ;
cette dernière était de couleur cendrée; le cristallin, du diamètre
de cinq lignes, s’écartait un peu de la forme sphérique.
On voit l’exposition de l’épaisseur de la sclérotique, dont la
dureté est extrême. Sa base est criblée d’une infinité de pores
destinés pour les vaisseaux qui accompagnent le nerf optique.
Il n’y a pas de troisième paupière, ni cils; mais l’épaisseur
des paupières , supérieure et inférieure, est très-considérable.
Leur mouvement paraît plus gêné que dans les mammifères
terrestres.
Leuwenhoek (i) s’est déjà occupé delà structure intérieure
des yeux de la baleine il y a près d’un siècle. Le globe, mesuré
par ce grand naturaliste, avait ses axes dans la proportion
de 2,5 à 2,7 de pouce ; les dimensions de la cornée étaient
(i) Voyez, dans le recueil de ses ouvrages, publiés eu hollandais, au tome IV,
une lettre adressée au bourguemaître Meerman , 1713.
SUR LA STRUCTURE ET LE SQUELETTE DES CETACES. 4 ^
les mêmes. L ’aplatissemént du cristallin ne lui a pas échappé ;
ses axes variaient de 15 à 17 trentièmes d’un pouce.
Il a remarqué pareillement l’épaisseur de la sclérotique ,
qui se laisse difficilement entamer au scalpel, à cause de sa
texture ligamento-cartilagineuse.
Ce grand observateur a cru distinguer seize à dix-huit
lames à la cornée; l’iris, de couleur noire, avait une pupille
transversale dont les axes variaient d’un demi-pouce
à un quart, ce qui donne l’ouverture double en sens horizontal.
Notre célèbre compatriote Ruisch a répété ces recherches
, mais il s’est particulièrement attaché à l’examen de
la sclérotique, de la choroïde et de la ruischienne. On trouve
dans ses ouvrages l’exposition de ces diverses parties, et particulièrement
celle du tissu vasculaire de la choroïde, des
deux cercles de l’iris et de la pupille.
L ’auteur(1) de l’Anatomie comparée a rassemblé, dans ses
leçons sur la vision, tout ce qu’on avait publié sur les organes
en question, en ajoutant des observations importantes sur
cette partie si intéressante de l’appareil sensitif. Il a trouvé
l’aplatissement antérieur de la cornée plus considérable dans
les cétacés que dans les mammifères terrestres, propriété
1 commune à tous les animaux pélagiens, et nécessitée par la
réfraction d’un fluide plus dense que l’atmosphère. Il confirme
les remarques de Leuwenhoek (2) sur la texture, et
l’épaisseur de la sclérotique. Ses fibres sont visibles sans * IV
Y (1) Oui ie r, leçons d’anatomie comparée , leçon XII.
\( 2). A. Van Leuwenhoek Sendbrieyen aen de Ivoningl. Societeit te London, etc-,
IV D eel., p. 38.