
quence de la grandeur du rayon de la courbe dont ils représentent
les sinus. Dans les baleines franches, qui ont les
mâchoires longues de dix à douze mètres, les fanons du milieu
ont jusqu’à quatre à cinq mètres, et l’on est à juste titre
surpris de voir ces colosses se nourrir de mollusques à peine
grands comme des pois ( i ) , tandis que les espèces de
moindre taille, les cachalots et les dauphins, dévorent des
poissons. Mais la nature,sans doute, avait destiné les grosses
baleines à ce genre d’alimens, et l’immense batterie de fanons,
pressés les uns contre les autres comme les dents d’un peigne,
sert à tamiser les eaux saturées des milliards de ces insectes.
Leur gueule, en effet, imite un gouffre; elle se remplit d’un
volume d’eau très-considérable. Les mâchoires inférieures,
garnies de lèvres relevées en forme de parois, se ferment ;
un pharynx très-étroit empêche la masse liquide de refluer
vers l’oesophage ; la langue, d’un volume énorme," s’applique
contre la voûte du palais; les eaux, comprimées de toutes
parts, s’échappent à travers les interstices des fanons, et
s’écoulent entre les ouvertures des lèvres; mais les mollusques
sont arrêtés par la bourre de poils qui tapisse l’in(
i) Anderson , que nous avons cité plusieurs fois, rapporte, à la page 164, que
ces mollusques sont de la grandeur de pois ou de petites fèves j qu’ils ont plusieurs
pieds, et ressemblent à des chevrettes bouillies, mais sans écailles.
Zorgdrager en parle de même. Il ajoute que leur nombre est si prodigieux
dans les parages du Spitzberg , de lg Nouvelle-Zemble , de l’île de Mayen, et du
Groenland , que la mer en est remplie au point de ressembler à une purée d’insectes.
Pages 87 et 88.
Add. Ces mollusques ne sont autre chose queleclioborealis. Yoy. la description
qne j’ai donnée de cet animal dans mes Mémoires sur les Mollusques. Cuv,
térieur des fanons ( i ). Ainsi rassemblés sous un petit volume,
ils servent de nourriture aux colosse»du règne animal.
Ce que nous venons d’observer explique assez l’influence
du genre d’alimens sur la modification des fanons, sur leur
développement relatif, et sur la forme du museau. Car les
cétacés, qui se nourrissent de poissons ou de mollusques
d’un plus grand volume, n’ont besoin ni d’une gueule aussi
ample, ni de fanons de même longueur; leur pharynx, au
contraire, doit être plus large, et ils ne sont point confinés
aux parages des mers polaires, qui seules produisent ces
myriades de petites méduses, de clio’s ou d’autres zoophytes
à corps gélatineux. Aussi les fanons des baleines décroissent
dans la raison inverse du volume des poissons qu’ils consomment,
et c’est le cas du gibbar et d’autres espèces, qui
se nourrissent de merlans, de harengs, de scombres ou de
saumons.
Le mufle des baleines est garni, vers son extrémité, de
quelques crins épais, qui sont analogues aux moustaches , et
sont apparemment les seuls poils qu’elles ont en commun
avec les autres mammifères (2).
Wons voyons, dans l’embryon de la pi. I, la région cervi-
(1) M. Duméril compare , à juste raison, cette opération à la faculté qu’ont les
oiseaux serrii'ostres de tamiser les eaux dans lesquelles les alimens se trouvent'suspendus.
Les cygnes, les canards, en barbotant, imitent en quelque façon le procédé
des baleines. Aussi leur langue est charnue, et plus large que celle des autres
oiseaux. Voyez la Zoologie analytique de cet auteur à l’article des baleines et des
oiseaux serrirostres.
(2) J’avoue que je doute beaucoup de l’existence de ces poils, dont je n’ai trouvé
de trace dans aucun cétacé proprement dit. Cuy.