a faire, surtout en observant les jeunes individus qui
sont isolés ; car , quoique les feuilles de ces deux sapins
soient également implantées autour des branches,
elles présentent des caractères différens qui les
font distinguer au premier aspect. Dans YAbies alba,
elles sont proportionnellement moins nombreuses,
plus longues, plus écartées de la tige, et elles sont
terminées par une pointe plus aigüe ; mais la différence
la plus remarquable, quoique celle que je viens
dindiquer le soit sensiblement, c’est leur couleur
d’un vert pâle et comme bleuâtre , qui lui a fait
sans doute donner le nom de Sapin blanc, comme
celui de Sapin noir a été donné à celle précédemment
décrite, à cause de la couleur sombre de son
feuillage.
Les cônes de YAbies alba sont aussi bien différens,
car ils ont la forme d’un ovale très-allongé et leur
largeur est de près de 5 centimètres ( 2 pouces)
sur 16 à 18 millimètres ^ 6 à 8 lignes) de diamètre à
leur partie moyenne. Cependant ces dimensions varient
suivant que l’arbre est plus ou moins vigoureux
mais la forme ne change jamais. Les écailles sont
minces, et leurs bords ne sont point échancrés, ni
même ondulés comme dans YAbies nigra. Ils en diffèrent
encore en ce qu’ils sont en maturité un mois
plutôt et que les graines sont un peu plus petites.
L ’Abies alba croît à peu près dans les mêmes sites
que YAbies nigra , mais il s’élève moins; car, quoique
sa tige soit plus effilée, sa hauteur excède rarement
16 mètres ( 5o pieds) sur 3o à 40 centimètres
( 12 à 16 pouces) de diamètre , à 97 centimètres ( 3
pieds ) de terre.
Son sommet, comme celui de YAbies nigra, a la
forme d’une pyramide très-régulière mais il est moins
garni de branches , et par conséquent ne paroit
pas aussi touffu. La couleur de son écorce n’est pas
non plus aussi rembrunie, et cette différence est encore
plus sensible , lorsqu’on compare les jeunes
branches des deux espèces.
Le bois de YAbies alba est employé aux mêmes
usages que celui de YAbies nigra, mais il lui est inférieur
en qualité. Il pétille davantage au feu. L ’expérience
a appris cependant, que les fibres de ses
racines sont douées de beaucoup de flexiblité et de
force, lorsqu’on les a fait macérer dans l ’eau. On
les prive, par cette opération, de la pellicule qui
les enveloppe, et l’on s’en sert en Canada pour coudre
ensemble les morceaux d’écorce de bouleau dont
on construit des canots. Les coutures sont ensuite
recouvertes ou frottées avec la résine qui découle
de cet arbre, et à laquelle on donne improprement
le nom de gomme.
Sir A. B. Lambert dit que son écorce est employée
pour tanner les cuirs. Il est possible que cela ait
lieu à Terre-Neuve ou dans le Bas-Canada, où je n’ai
pas voyagé, quoique j’aie quelques raisons d’en douter;
mais ce que je puis assurer, c’est qu’on ne s’en
sert pas pour cet usage dans tout le District de Maine
et dans les provinces de la Nouvelle-Brunswick et
de la Nouvelle-Ecosse. Je puis également affirmer, et