ou moins activement, de fabriquer du goudron. Cette
fabrication y fut même encouragée vers l’an iy o 5, à
la suite de quelques différends survenus entre l’Angleterre
et la Suède qui fournissoit à cette première
puissance ses approvisionnemens en ce genre: privée
momentanément de cette ressource , la Grande-
Bretagne chercha à y suppléer par ses colonies du
nord de l’Amérique; elle offrit une prime de i pound
sterling {22 f. 5o c.) pour autant de huit barils faits à
la manière ordinaire, c’est-à-dire , avec des bois résineux
provenant d’arbres morts, et celle de 2 pounds
4 shellings sterling (49 b 4° c-)j pour pareille quantité
faite avec du bois vert. Comme il paroit que ce dernier
procédé n’étoit point en usage, on le fit connoî-
tre, et on publia qu’il consistoit à écorcer les arbres
jusqu’à trois mètres ( 9 pieds ) au-dessus de terre , et
à ne les abattre qu’au bout d’un an. La bonté de
ce procédé a été confirmée depuis par les expériences
deBuffon, sur la conversion de l’aubier en bois ,
expériences dont on tireroit de grands avantagea
dans les Etats-Unis , si on en faisoit l’application aux
arbres résineux. Soit que cet encouragement ait causé
rapidement une grande destruction de cet arbre, soit
qu’on doive l’attribuer encore à d’autres circonstances
que j’ignore ; il est constant que depuis bien des
années, on ne tire plus ni térébenthine ni goudron
de cette partie des Etats-Unis, car tout ce.qui s’en
consomme à Boston et dans les ports de mer voisins
y est importé de Wilmington , dans la Caroline
du nord.
La petite quantité de goudron qui se fabrique
sur les bords du lac Champlain, est employée pour
les petits bâtimens qui y naviguent, ou est envoyée
à Québec. Quelques pauvres habitans se livrent aussi
à ce travail, dans la partie basse du New-Jersey qui
avoisine la mer , et le peu de goudron qu’ils en retirent
est transporté à Philadelphie où il est moins
estimé que celui qui vient des Etats méridionaux.
Quant à la quantité qu’on en consomme sur les bords
de l’Ohio , pour la construction des sept ou huit
vaisseaux de différente grandeur qu’on lance annuellement
sur cette rivière, elle vient des monts Alléghanys,
et principalement des bords de Tar creek,
( rivière à goudron J qui a son embouchure dans
fOhio à 20 milles de Pittsburgh , et ce goudron revient
à un prix très-élevé. On ne fabrique pas non
plus dans les contrées de l’ouest, d’essence de térébenthine
; tout ce qu’il en faut pour là peinture
extérieure et intérieure des maisons y est transporté
de Philadelphie et de Baltimore.
Mes recherches ne m’ont rien appris de plus sur
le Pinus rigida, mais ce qu’on a lu , suffit pour prouver
que plusieurs autres espèces de Pins lui sont
préférables, telles que le Pinus mitis et le Pinus
rübra, qui-peuvent venir dans les mêmes terreins,
et avec lesquels il se rencontre quelquefois naturellement:
ces espèces n’ont pas, du moins au même
degré, les défauts de cet arbre ; car, ainsi que je l’ai
déjà remarqué , lorsque ce dernier croît dans un sol
sec et graveleux, il est branchu dans les deux tiers