aussi attiré mon attention : telles sont la distinction
des bois qu’on emploie de préférence aux Etats-Unis
pour la clôture de tous les champs cultivés, et les
diverses espèces d’écorces qui servent pour le tannage
des cuirs, soit qu’elles proviennent d’arbres
résineux, d’arbres qui perdent leurs feuilles, ou de
ceux qui restent toujours verts, ainsi que le degré de
bonté qu’on assigne à chacune de ces écorces et leür
prix comparatif.
Dans mes voyages à l’intérieur, j ’ai étudié l’ensemble
des forets, soit qu’elles s’offrissent à moi comme
primitives, soit qu’elles fussent altérées par le voisinage
de l’homme civilisé et des animaux domestiques,
dont la présence fait changer rapidement de
face à la nature. Je citerai à cette occasion des faits
curieux sur le renouvellement naturel de grandes
parties de forêts par des espèces étrangères aux localités.
Ces faits prouveront que la nature elle-même
alterne dans ses productions spontanées, et ils viendront
à l’appui du principe déjà bien reconnu de la
rotation des récoltes dans la culture des terres et dans
le repeuplement artificiel des forêts en Europe.
En me rendant dans les Etats méridionaux, j’ai
tenu des notes exactes de la disparition successive
des différentes espèces d’arbres, et de l’apparition de
nouvelles espèces, effets dont la cause peut être attribuée
, soit à la température du climat, soit à la nature
du sol qui, à cet égard, a une influence très-
remarquable. C’est ainsi que j’ai pu indiquer le point
où se montre pour la première fois le Pinus australisi
point qui est précisément le même où commencent,
vers le nord-est, les Landes américaines, appelées
Pine barrens, qui ont plus de 888 kilomètres ( deux
cents lieues ) de longueur sur 222 à 266 kilomètres
(cinquante à soixante lieues ) de largeur, et dont les
limites, qui ne sont pas encore bien fixées, méritent
d’attirer l’attention des géographes des Etats-Unis.
Dans ce genre de recherches, je me suis aidé des notes
de mon père, qui s’en étoit lui-même fort occupé, et
qui, pour multiplier ses observations y et leur donner
un plus haut depré d’intérêt, avoit tout exprès fait un
voyage par terre à la Baie d’Hudson, en 1792.
Le genre d’étude auquel je me suis livré a dû
avoir pour résultat une eonnoissance approfondie
des arbres d’Amérique les plus intéressans et lés plus
utiles pour être employés, soit comme combustibles,
soit dans les différens genres de constructions.
Je ferai connoitre , en faveur des propriétaires américains
qui sauront apprécier l’importance et les
grands avantages pécuniaires qui pourroient résulter
pour eux ou leur famille de la conservation de leurs
bois, la manière dont ils doivent être aménagés en
indiquant les espèces dont il faut favoriser la croissance,
et celles , au contraire, qu’il convient de détruire
; car on ne doit pas, à mon avis , laisser subsister
un mauvais arbre dans un lieu où il peut en
venir un meilleur ; et il n’est pas de pays où il soit
plus important de faire ce choix qu’en Amérique. Je
ne crains pas même d’avancer que, de deux masses
de bois , situées dans le même canton et d’une