égale étendue, celle où l’on aura distrait les mau-,
vaises espèces vaudra, à l’époque de la coupe , .cin-,
quante pour cent de plus que celle qui aura été abandonnée
à la nature. Ainsi, il ne suffit pas, comme se
conteïitent de le faire les propriétaires américains
voisins des grandes villes , d’enclore les portions de
bois qu’ils possèdent, pour les préserver des ravages
des bestiaux de toutes sortes, q u i, sans cette précaution,
les,parcourent presque toute l’année, et
détruisent les jeunes plants à chaque printemps ; il
faut encore savoir èxtirperles espèces médiocres avec
discernement, et suivant les localités. J’indiquerai
aussi, à cette occasion, les arbres d’Europe qu’il
conviendroit d’introduire dans les forêts américaines.
C’est ici le lieu de faire une' remarque générale,
relativement à l’aménagement des bois. On ne peut
dissimuler que, dans l’état actuel des choses, les Européens
n’aient, sous ce rapport, tout 1 avantage sur
les Américains. En Europe, la grande masse des fo-,
rêts est dans les mains des gouvernemens, qui veillent
à leur conservation avec toute la sollicitude
qu’exige, si impérieusement la nécessité, l’expérience
ayant appris qu’on ne peut compter pour le service
public, et même pour les besoins des peuples, sur
les propriétés forestières appartenantes à des’ particuliers,
parce que, tôt ou tard, venant à etre le partage
de personnes pressées de jouir, elles finissent
par disparoître, et le terrein qui les portoit se trouve
converti en cultures annuelles. En Amérique , au
I N T R O D U C T I O N . . 9
contraire, ni lé gouvernement fédéral, ni ceux de
chaque état, n’ont conservé aucunes, portions de forêts.
Il en est résulté une effrayante destruction, qui
s’accroît sans, cesse, et ne cessera d’augmenter en raison
de la population. Déjà les effets s’en font vivement
sentir dans les grandes villes, où l’on se plaint
de plus eü. plus' tous les ans, non-seulement de
l’extrême cherté du bois de chauffage, mais même
de la difficulté de se procurer des bois de construction
pour les différens genres de travaux. Aujourd’hui
l’on est obligé dans beaucoup d’ateliers de substituer
au chêne blanc , des chênes d’une qualité inférieure y
quelques années encore , et l’on trouvera à peine
dans les îles de la Géorgie, le précieux chêne v e rt,
si estimé dans les constructions navales.
Quoique la langue angloise soit parlée sans altération
sensible dans presque toute l’Amérique septentrionale,,
cependant l’étendue des Etats-Unis, et
leur colonisation à des époques différentes, y ont j eté,
une étrange confusion dans la nomenclature populaire
des arbres. Ainsi la même espèce reçoit presque
toujours des dénominations différentes,.suivant
les localités, fréquemment aussi le même nom est
assigné à des espèces très-distinctes*, et bien souvent
enfin, trois ou quatre noms Sont donnés au même
arbre dans le même canton. J’ai recueilli avec soin ces
diverses dénominations, en omettant, cependant
celles qui m’ont paru trop bizarrès, ou qui n’étoient
employées que par un trop petit nombre de personnes
; je les ai toutes rattachées au nom scientifique