degré, qu’il double de poids au bout d’un an. Les
babitans prétendent même que la quantité de résine
est encore beaucoup plus considérable après un intervalle
de quatre à cinq ans. Cette augmentation de
matière résineuse dans le bojs mort est un fait certain,
et dont il est facile de se convaincre, en comparant
un morceau tiré d’un arbre qui vient d’être abattu,
avec celui dun autre tombé depuis long-temps.
Lorsqu’on veut faire le gondron, on choisit dans
les forets, pour y établir le bûcher, Ai//, un canton
où ces bois morts sont abondans. On rassemble
d’abord autour de l’endroit désigné tous les bois
résineux ; on les dépouille de leur aubier, et on les
coupe -en morceaux d’un mètre f 2 à 3 pieds 1 de
longueur, sur 8 centimètres ( 3 pouces) d’épaisseur,
ou à-peu-près. Ce travail est assez long, et même
assez difficile, à cause de la grande dureté des noeuds
qui s’y trouvent. Après cette opération préliminaire,
on dispose l’emplacement où les bois doivent être
empilés ; pour cela, on élève un tertre de forme circulaire,
et on l’entoure d’un fossé peu profond. Les
terres qu’on retire de ce fossé sont rejetées dans,
l ’intérieur du tertre, et servent à en rehausser les
bords et à donner au sol une pente insensible jusqu’au
centre. Le diamètre du bûcher est proportionné
à la quantité de bois qu’il doit recevoir. On
lui donne environ 6 mètres ( 18 à 20 pieds ) , pour
obtenir à-peu-près 100 barils de goudron; dans le
milieu est un trou qui communique par un conduit
à une fosse destinée à recevoir sa matière résineuse,
et qui est pratiquée dans le fossé même, dont le tertre
est environné. Après que le sol a été bien glaisé et
bien battu, on arrange les morceaux de bois les uns
au-dessus des autres, dans la même direction que
les rayons d’un cercle : ce qui leur donne une légère
inclinaison vers le centre> suite nécessaire de la Concavité
du tertre.
La pile achevée peut être comparée à un cône tronqué
aux deux tiers de sa hauteur, et ensuite renversé,
pouvant avoir à sa base environ 6 mètres et demi [20
pieds) de diamètre ; à sa partie supérieure, 8 à 9 mètres
(25 à 3o pieds) ; et 3 à 4 mètres (10 à 12 pieds)
d’élévation. Elle est ensuite garnie en son entier de
feuilles de Pin, recouvertes de terre, et le tout est
maintenu sur les côtés au moyen d’une légère enceinte
en bois. Cette enveloppe est nécessaire pour
que le feu que l’on met dans la partie supérieure de
la pile , et qui doit agir du haut en bas, ne produise
qu’une combustion lente et graduée; car si la masse
venoit à s’enflammer à la fois, l’opération seroit man-
quée, et le travail préparatoire en partie perdu. Enfin
cette dernière opération exige à-peu-près les mêmes
soins qu’on apporte en Europe à la fabrication du
charbon. Un bûcher, Ai//, qui doit rendre de 100 à
i 3o barils de goudron,,est huit à neuf jours à
brûler.
A mesure que le goudron se forme, et qu’il coule
dans la fosse, on le verse dans des barils de 3o gallons,
p3 litres ( 120 pintes) , qui sont aussi faits de Pinus
austra/is.
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