jusqu’à 4o fr. 5o cent. Je placerai ici une remarque
que j’ai faite en lisant l’ouvrage d’Oddy sur les relations
commerciales du nord de l’Europe avec la
Grande-Bretagne, c’est que la térébenthine n’est pas
comprise dans les listes qu’il donne des marchandises
exportées d’Archangel et de Stockholm , tandis
que dans certaines années, il s’expédie de ces deux
ports plus de 100,000 barils de goudron.
On fabrique dans la Caroline du nord beaucoup
d’esprit de térébenthine. On l’obtient en distillant
la térébenthine dans de grands alembics de cuivre,
qui ont le défaut d’être beaucoup trop resserrés à
leur ouverture, ce qui doit ralentir l’opération. Il
faut, dit-on, six barils de térébenthine pour avoir
un baril d’esprit, contenant 112 litres ( 122 pintesj.
On l’expédie dans toutes les autres parties des Etats-
Unis, et il en passe même dans les contrées de l’ouest
par la voie de Philadelphie ; on en exporte aussi
pour l’Angleterre , et il vient également en France ,
où quelques personnes le trouve préférable à celui
qu’on fabrique dans les landes de Bordeaux, parce
qu’il n’a pas une odeur aussi fortes En 1804 il en a
été exporté de la Caroline du Nord , 19,526 gallons,
ou environ 80,000 pintes,mesure de Paris.
La résine, rosin, est le résidu de la distillation
de la térébenthine; elle se vend environ un tiers
de moins ; 4^7^ barils ont été exportés dans le
cours de l’an i8o4-
Tout le goudron qui se fabrique dans la partie
méridionale des Etats-Unis se tire des bois morts du
Pinus australis, tournés à l’état résineux. Ce sont les
débris des arbres qui tombent de vétusté, ou dont
la chute est accélérée par le feu mis annuellement
dans les forêts , et qui dans son passage ^rûle en
partie le pied des Pins,,et surtout de ceux qui ont
été travaillés pour en extraire la térébenthine. Les
sommets abandonnés des arbres abattus pour être
débités en planches ou madriers, et qui forment
environ un tiers de leur hauteur, fournissent encore
beaucoup de bois mort pour la fabrication du goudron;
et enfin, dans certaines années, fa quantité
en est encore augmentée par le verglas qui s’attache
aux feuilles, et fait rompre par son poids de très-
grosses branches
C’est une chose digne de remarque que, dans les
arbres résineux, les branches parviennent presque
entièrement à l'état de bois, et que l’organisation y
paroisse beaucoup plus complète que dans le coeur
même de l’arbre, tandis qu’on observe précisément
le contraire dans les arbres à feuilles tombantes;
mais il me suffit ici de faire connoitre fidèlement ce
phénomène, et je laisse aux personnes qui s’occupent
de physiologie végétale le soin d’en donner l’explicar'
tion. Toutes les portions d’arbres et de branches hors
d’état de végétej subissent promptement une altération
particulière , l’aubier sè pourrit, et le bois déjà
imprégné de sucs résineux, s’en surcharge à un tel
1 Voyez mon Voyage à l’ouest du Mont-AlléglianyS ? Paris y i8o3 ,
chfcz Dentu, rue du Pont-de-Lodi.