ces maisons, dont on peut évaluer le nombre à plus
de 5oo mille, sont presqu entièrement faites de P i nus
strobus, non-seulement dans les campagnes et
les villages, mais, dans toutes les villes, à l’exception
de Boston, New-York et Philadelphie, qui cependant
ont encore les maisons de leurs faubourgs
et un petit nombre d’autres bâties de cette manière.
Dans les églises et autres grands édifices , les plus
grosses pièces de charpente sont aussi tirées de ce
même arbre.
Les moulures qui décorent les portes extérieures
des maisons, les corniches et les frises qui ornent
1 intérieur des appartemens , les manteaux des cheminées
qui sont travaillés en Amérique avec beaucoup
de soin, sont encore faits de ce même bois, de
même que les cadres des glaces et des tableaux, car
il a l’avantage pour ces différens ouvrages de prendre
bien la dorure. Les sculpteurs en bois qui s’occupent
exclusivement de faire les figures destinées à orner
l ’avant des vaisseaux, n’emploient également que
le bois du Pinus strobus ; mais, ils préfèrent pour
ce genre de travail, la variété que sa qualité tendre
et peu résineuse fait appeler trivialement Pumpkin
pine, Pin potiron.
A Boston, et dans les autres villes des Etats du
nord, l’intérieur des meubles d’acajou, les malles,
le fond des chaises de Windsor de deuxième qualité,
les seaux à puiser de l’eau, une grande partie des
caisses destinées à emballer les marchandises, les
cases et tablettes des magasins et boutiques sont faites
en planches de cet arbre, aijjsi qu’une infinité d’autres
ouvrages.
Dans le District de Maine, on en fait aussi des
barils pour le poisson salé, mais on y. emploie de
préférence la variété dite Sapling pine, dont le bois
a plus de force.
Les magnifiques ponts en bois qui-sont construits
l’un à Philadelphie sur la Schuylkill , et l’autre à
Trenton sur la Delaware; ceux qui unissent Cambridge
et Charleston à la ville de Boston , dont l ’un
a 974 mètres, ( 3,ooo pieds) de longueur, et l’autre
487 ( i 5oo) , sont faits en bois de Pinus strobus
qu’on a préféré comme résistant le mieux aux alter^
natives de la chaleur- et de l’humidité.
Il fournit ehcore exclusivement à la mâture des
nombreux vaisseaux qui se construisent dans les Etats
du nord et du milieu, et il seroit bien difficile de
le remplacer pour cet objet dans l’Amérique septentrionale.
On dit même qu’avant la guerre de l’indépendance,
l’Angleterre faisoit venir des Etats-Unis
les mâts nécessaires à sa marine militaire et marchande
, et encore aujourd’hui, elle en tire de ce pays
pour suppléer à ce qu’elle ne peut se procurer dans
le nord de l’Europe. C’est du District de Maine ,<
et notamment de la rivière de Kennebeck que sont
venus en Angleterre les plus beaux échantillons.
Le gouvernement anglois, peu de temps après
1’établissement de ses colonies dans cette partie du
monde, sentit tout l’avantage de posséder de belles
mâtures, et toute l ’importance de leur conservation ;