il rendit en 17 1 1 et en 1 7 21, les .ordonnances très-
sévères pour défendre, dans les propriétés royales ,
la coupe des arbres propres à la mâture. Cette défense
s’étendoit aux vastes contrées qui sont bornées au
midi par le New-Jersey et au nord par l'extrémité
septentrionale de laNouvelle-Ecosse. J’ignore jusqu’à
quel point, on a tenu la main à leur exécution depuis
cette époque jusqu’à la révolution américaine ;
mais ce que j’ai observé dans mes-voyages, c’est que
de Philadelphie jusqu’au delà .de Boston, c'est-à-
dire, dans une étendue d’environ 600 milles,on ne
trouveroit plus un seul de ces arbres propre à mater
un navire de 600 tonneaux.
L ’avantage le plus, marqué qu’ont les mâts de Pinus
strobus ont; sur ceux de Biga, c’est d’être incomparablement
plus légers, mais ils sont moins forts et
ont, à ce que l ’on d i t , le défaut de s’échauffer et
de pourrir plus vite à l’attache des vergues et dans
l’entrepont. Voilà ce qui donne au Pinus sylves-
tris la supériorité sur le Pinus strobus, même dans
l’opinion de la majorité d e s constructeurs américains
; mais quelques - uns d’entr’eux, cependant ,
pensent queles mâts de cette dernière espèce seroient
tout .aussi durables, si on avoit soin de garantir
exactement leur sommet de-l’humidité: c’est dans
cette vue ;que quelques personnes , pour ajouter à
leur conservation , ont imaginé de les faire percer
d’un trou de plusieurs pieds à leur partie supérieure,
et de boucher ce trou hermétiquement après l’avoir
rempli cl’une certaine quantité d’huile, qui .se trouve,
dit-on, absorbée au" bout de quelques mois. On se
sert encore en Angleterre du Pinus strobus pour faire
les vergues et les mâts de baupré des vaisseaux de
guerre.
Cet arbre n’est pas assez résineux pour qu’on puisse
en extraire de la térébenthine , et fabriquer du goudron
avec son bois pour subvenir aux; bespins du
commerce. Ce travail, d’ailleurs, ne serôit pas facile,
car il est rare qu’il couvre seul quelques centaines
d’arpens, étant le plus souvent mêlé, en différentes
proportions, parmi les arbres à feuilles tombantes.
Pour compléter la description du Pinus strobus,
je crois devoir indiquer avec plus de précision le*s
diverses partie des Etats-Unis d’où l’on tire aujourd’hui,
non-seulement tout ce qui s’y consomme,
mais encore ce qui est exporté tant en Europe qu’aux
colonies des Indes occcidentales ; car cet arbre a
cela de particulier, que la grande consommation qui
s’en fait chaque année , oblige à aller faire les coupes
dans des cantons tellement reculés, qu’ils ne seront
pas habités avant vingt-cinq ou trente ans; ce' qui
n’a pas lieu à l’égard des autres espèces d’arbres du
pays.
Les hommes entreprenans qui se livrent à cette
exploitation , surtout dans le District de Maine,sont
la plupart de nouveaux émigrans ( s et 1er s J, qui ont
quitté le New-Hampshire , entraînés les uns par l’inconstance
de leur caractère, les autres par le désir
de se procurer rapidement les moyens d’acquérir une
centaine d’acres de terre, pour l’établissement de
1. HH