I 7 O J U G L A N S C A T H A R T I C A .
cet usage dans les campagnes, Je l’ai assez souvent vu
employé dans quelques cantons de l’Etat de New-
Jersey, pour en faire les sols des maisons et des
écuries, qui sont construites en bois, et qui reposent
immédiatement sur la terre ; et c’est aussi parce
qu’il résiste bien aux alternatives de la chaleur et de
l’humidité, qu’on en fait de bons pieux et de bonnes
barres pour clore les champs, et que, dans beaucoup
de fermes, on le préfère pour en faire les auges où
l’on donne à manger aux bestiaux, et que l’on place
au dehors. Les pelles à remuer le grain et les sébiles
faites de ce bois, sont aussi préférées à cause de leur
légèreté, et parce qu’elles ne sont pas aussi sujettes
à se fendre que celles en Acer rubrum, ce qui fait
qu’elles se vendent un peu plus cher. Aux environs
de New-York, j’ai remarqué que dans la construction
des petits canots faits d’un seul ou de deux
troncs d’arbres, il étoit employé pour courbes destinées
à leur donner plus de solidité où à les unir
ensemble; mais on se sert d’un bois plus fort, lorsque
ces canots sont d’une assez grande dimension.
A Pittsbourgh sur les bords de l’Ohio, le Juglans
cathartica est quelquefois débité en planches, dont
on fait de petits esquifs. Ceux qui descendent la
rivière, les achettent de préférence à cause de leur
légèreté. A Windsor dans l’Etat de Vermont, on s’en
sert pour faire des panneaux de carrosse et de cabriolet;
ceux qui l’emploient le trouvent fort bon pour cet
usage, parce qu’outre sa légèreté, il n’est pas sujet à
se fendre, et que de plus, il prend très-bien la cou-
J T J G L À N S , C A T H A R T I C A . I 7 I
leur. En effet, j’ai remarqué que ces pores: sont beaucoup
plus ouverts que ceux du Tulipier et du Tilleul.
La propriété médicale de l’ecorce de cet arbre a
été constatée, depuis long-temps dans les États-Unis,
par plusieurs médecins distingués, entr’autres par le
docteur Cutler. L’extrait aqueux de l’écorce, ou même
sa décoction adoucie avec du miel, a été bien re-
connupour un dés meilleurs cathartiques que possédé
la matière médicale, parce que sa qualité purgative
est toujours assurée , èt que dans les constitutions les
plus délicates , elle opère toujours sans causer ni douleur
ni irritation. Enfin l’expérience a appris que, dans
bien des cas, elle avoitproduit d’excellents effets dans
la dyssenterie , etc. L ’est ordinairement sous forme de
pilules, et à la dose dAn demi gros jusqu’à un gros ,
qu’il se donne aux grandes personnes. Cependant son
usage n’est assez général que dans les campagnes, où
beaucoup de fermiers en font tous les ans au printemps
une petite.provision pour les besoins de leur
famille et ceux de leurs voisins. Us l’obtiennent en faisant
bouillir dans l’eau l’écorce toute entière, jusqu’à
ce que la liqueur se réduise par l’évaporation en une
substance épaisse, très-visqueuse et de couleur presque
noir. Ce procédé est vicieux, et l’on devroit préalablement
enlever l’épiderme ou la partie morte de
l ’écorce qui recouvre le tissu cellulaire, et qui est fort
épaisse ; car vers la fin de l’opération, parl’ébullition
long-temps continuée, elle s’est imprégnée des quatre
cinquièmes du liquide, déjà chargé de la partie
extractive.