tincte , ce qui n’est pas fondé ainsi que je le prouverai
dans la suite .de .cet article.
Les contrées oùl’Abies nigra est le plus abondant,
sont renfermées entre les 44° et 53° de latitude septentrionale
et les 55° et ^5° de longitude occidentale,
ce qui comprend le Bas-Canada, Terre-Neuve, la Nouvelle
Brunswick et la Nouvelle-Ecosse qui appartiennent
à la Grande-Bretagne; le District de Maine,
lEtat de Vermont et la pai’tie supérieure du New-
Hampshire, dépendant des Etats-Unis. Ce Sapin est
tellement multiplié dans ces différentes contrées, que
souvent il forme un tiers de la prasse non-interrompue
de;s forets qui les couvrent encore ; mais,
sous une latitude plus méridionale, on ne le voit
guère que sur le sommet des monts Alléghanys qui
offrent des sites froids et humides, et notamment
dans un marais d’une grande étendue, peu éloignée
de Wilkesburry dans la Pensylvanie, ainsi que sur la
Montagne Noire , dans la Caroline du nord , une des
plus hautes des Etats méridionaux, et qui a probablement
reçu son nom de l’aspect sombre quelle a
dans l’éloignement et qu’elle doit à la couleur fon-,
cée du feuillage de 1 'Abies nigra : on le rencontre
encore quelquefois aux environs de New-York et de
Philadelphie dans lés swamps ou marais de Cupres-
sus thuyoïdes ; mais dans ces terreins qui sont constamment
bourbeux, et quelquefois submergés une
partie de l’année, cet arbre vient mal et ne s’élève
qu’à une très-petite hauteur.
Les. feuilles de VAbies nigra sont d’un vert sombre
et triste , longues d’environ g millimètres ( 4
lignes), roides,très-nombreuses et très-rapprochées
les unes des autres, et attachées isolément sur toute
la surface des branches. C’est aux extrémités des rameaux
les plus élevés que viennent les fleurs, auxquelles
succèdent de petits cônes ovales; rougeâtres
, et dont la pointe est tournée vers la terre ; leur
longueur varie depuis 18 millimètres ( 8 lignes) jusqu’à
un peu plus de 5 centimètres ( 2 pouces ). Ces
cônes sont composés d’écailles minces , légèrement
crénelées à leur base , et dont quelques-unes sont
souvent fendues jusqu’à moitié, dans les arbres les
plus vigoureux, dont les fruits sont aussi les plus
gros ; ils ne sont en maturité qu’à la fin de l’automne
; alors ils s’ouvrent pour laisser échapper leurs
graines qui sont petites, légères , et que les vents
emportent au lo in , au moyen d’une aile dont elles
sont surmontées.
Les parties de l’Amérique septentrionale que j’ai
indiquées comme celles où ce Sapin abonde le plus,
sont fréquemment entrecoupées de collines plus ou
moins élevées. C’est dans les vallons formés par ces
collines dont le sol-est humide, noir, profond et
couvert d’un lit très épais de mousse, que se trouvent
les plus belles forêts d’Abies nigra où les arbres
sont tellement rapprochés qu’il n’y a entr’eux
quune distance de i 5 , 12 décimètres et même 1 met.
| 5,4 et 3 pieds.) Cependant, ce peu d’intervalle ne nuit
point a leur croissance, car ils y parviennent à leur
plus grand développement, qui est de 25 à 3o mètres