quantité qu’au bout de dix à douze ans. Il paroit
donc qu’il seroit très-avantageux d’extraire le goudron
de bois vert où d’arbres écorcés à l’avance ;
peut-être, en employant ce moyen, parviendroit-
on à subvenir aux besoins du commerce ?
On pourroit encore, dans ces mêmes contrées,
tirer un grand avantage de l’écorcement des Pins
d’un petit diamètre, cette opération, en les faisant
passer dans le cours de quinze mois à un état résineux
complet, les rendroit très-propres à faire des
pieux, ainsi qu à beaucoup d’autres usages pour
lesquels il faut des bois très-forts et susceptibles
de résister long-temps aux influences de l’air et
de l’humidité ; on devroit surtout tenter cet écorce-
ment au mois d’avril ou au commencement de mai,
lorsque la seve est en activité, en observant d’enlever
le liber le plus exactement qu’il seroit possible.
J aurois bien désiré faire cet essai pendant mon dernier
séjour dans la Caroline du sud, mais la saison
étoit trop avancée pour que je pusse l’entreprendre
avec- *1 espoir d’obtenir un heureux résultat.
Je terminerai la longue description du Pinus
aiistralis par le désir de le voir propager dans les
Landes de Bordeaux. La température de cette partie
de 1 Empire et la nature du sol lui conviendroient
très-bien ; il y réussiroit beaucoup mieux que dans
les départemens qui sont plus septentrionaux, où il
ne croitroit jamais que d’une manière imparfaite. Il
seroit une ressource de plus pour la France ; ca r,
outre ses produits résineux, son bois est le meilleur
de tous ceux que fournissent les autres espèces de
Pins de l’Amérique septentrionale. Je l’ai comparé à
celui du Pinus maritima [Pin de Bordeaux) , et à
celui du Pinus sylvestris [Pin du Nord ou de Biga),
et je l’ai trouvé très-supérieur en qualité. Je ne doute
pas non plus que les bois des Pinus mitis et du
Pinus rubra ne soient aussi très-préférables à ceux
de ces deux espèces européennes, à en juger par
les forts échantillons que j ’ai rapportés.
La figure du Pinus australis, dans l ’ouvrage de
Sir A. B. Lambert, représente bien les feuilles et les
fruits; mais il est défectueux relativement aux fleurs
mâles. Quant à la description qu’il donne de cet
arbre , elle offre, de toute manière , une telle disparité
avec la mienne, que je crois devoir la transcrire
ici textuellement et dans son entier , plutôt que
d’entrer dans aucune discussion. La description latine
commence ainsi : Pinus palustris. Arbor me-
diocris, in paludosis.— The JVood is o f a redish
white colour, soft, light and very sparingly impregnated
with rosin. It soon decay and burn
badly it is so litle estimated that as long as any
kind o f wood is to be had, not tho least use is made
o f it. « Le bois de cet arbre est de couleur rougeâtre
, tendre, léger et peu chargé de résine. Il
pourrit promptement, et brûle mal. Il est si peu estimé
, qu’aussi long-temps qu’on pourra se procurer
toute autre espèce de bois, il n’en sera pas fait le
moindre usage.»
P L A N CHE VI.
Fig. \ , feu ille. Fig. 2 , bourgeon. Fig. 3 , graine.